Ludovic Cinquin, DG d'Octo Technology, est intervenu lors de l'Université du SI pour tirer de l'exemple des grands acteurs de l'Internet (Google, Facebook, Amazon, e-Bay...) des bonnes pratiques pour les DSI d'entreprises ordinaires. Certaines sont simples et rapides à mettre en oeuvre, d'autres moins, et quelques-unes ne sont guère pertinentes.
Pour Ludovic Cinquin, le monde a considérablement changé en quelques années. Il a illustré son propos avec deux photos prises sur la Place Saint Pierre, à Rome, à l'occasion des élections des papes Benoit XVI (19 avril 2005) et François (13 mars 2013). Si la première montre une simple foule attentive et recueillie, la seconde montre une foule où la majorité des individus brandissent des smartphones pour prendre des photographies et les partager en direct sur des réseaux sociaux.
L'intégration croissante d'Internet dans la vie de tous les jours devrait aboutir, selon Ludovic Cinquin, à ce que les pratiques actuelles des grands acteurs d'Internet (Google, Facebook...) influencent celles de tous les e-commerçants puis de tous les commerçants et de toutes les entreprises. Or les DSI ont souvent des stratégies à l'opposé de celles des acteurs du web, parfois à raison mais parfois à tort.
Des pratiques issues de l'ancien monde
« Les méthodes et même le vocabulaire (MOA/MOE, urbanisation...) du développement informatique classique sont issus du génie civil alors que les géants du web sont, eux, repartis d'une feuille blanche » a indiqué Ludovic Cinquin. Et ces géants ont des populations d'utilisateurs souvent supérieures à des populations de pays : cela mérite de regarder leurs pratiques avec attention si ce n'est respect.
La pyramide du développement comporte trois niveaux, de la base vers le sommet : ce qui est commun à toutes les entreprises, ce qui est commun à un secteur et enfin ce qui est spécifique et différenciateur sur une entreprise donnée. Plus un élément du SI est en bas, plus l'entreprise cherchera à baisser son coût d'utilisation avant tout : SaaS et progiciels sont donc aux premières loges. Plus il sera vers le haut, plus elle visera à répondre finement à un besoin métier en développant son propre outil.
Or les géants du web n'ont que peu ou pas de progiciels. Par contre, ils recourent largement aux logiciels Open Source. Les DSI françaises ont tendance à faire l'exact inverse. Les progiciels ont des modèles de données standardisés qui ne permettent pas d'optimiser la performance d'une entreprise précise, cela d'autant plus que ladite entreprise repose sur l'informatique. Mais ce n'est pas, pour les géants du web, leur principal défaut.
Les progiciels bannis au profit de l'Open Source avec développements fréquents
Les géants du web fonctionnent avec une myriade de petits serveurs et non pas avec quelques grosses machines. Ce modèle implique une baisse des coûts via une standardisation des machines mais aussi de très gros impacts d'architecture avec de la répartition de charge entre ces serveurs. Mais installer des progiciels sur de telles grappes de machines serait ruineux en licences ! Voilà qui justifie le recours à l'Open Source, sans frais de licences...
Par ailleurs, les DSI vont privilégier de grosses mises à jour longuement préparées et testées dans des environnements de pré-production. Le risque est d'autant plus important que la mise à jour est lourde. Les précautions prises sont donc à l'avenant.
A l'inverse, pour un géant du web, disposer d'un environnement de pré-production est simplement impossible. Le principal problème qu'il rencontre est la résistance à la montée en charge. Doubler une infrastructure gigantesque pour tenter de valider une mise à jour serait ruineux et pas forcément probant. La stratégie adoptée est donc de procéder à des micro-mises-à-jour fréquentes, avec risque minimisé, sans passage par la pré-production. Cette stratégie aboutit à une grande agilité qui pourrait bénéficier à toutes les entreprises.
Enfin, les géants du web ont une culture de la mesure. Toute décision repose sur un ensemble de mesures prises sur l'activité. Tout est analysé, pesé, arbitré sur des critères objectifs. Cette rationalité est certes compliquée à mettre en oeuvre tant les habitudes doivent changer mais les bénéfices sont également importants.
Les méthodes des géants du web peuvent inspirer les DSI
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Réactions
Les grands acteurs d'Internet n'agissent pas comme des DSI d'entreprises ordinaires. S'il y a des raisons à cela, certaines bonnes pratiques peuvent cependant inspirer les responsables IT.
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2 Commentaires
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Je suis le présentateur de la session USI qui est décrite ici et je souhaitais apporter des précisions par rapport au commentaire précédent.
Signaler un abusLes pratiques des géants du web sont une inspiration sur des modèles et des pratiques très efficaces. Mais comme toute bonne pratique, la transposition bête et méchante dans un autre contexte peut être tout à fait inefficace. Il faut donc en effet prendre en considération les particularités de son propre contexte.
Cependant, le sujet du commodity hardware (machines de grande série plutôt que gros serveurs), est une tendance de fond de l'industrie informatique, à commencer par tous les acteurs du web (y compris français) qu'ils soient gros ou de taille plus modeste.
Oui, le commodity hardware demande quelques compétences pointues (mais pas des hordes).
Ca ne demande à l'inverse pas plus de moyens financiers que les gros serveurs : c'est même plutôt le contraire car c'est précisément le coût qui motive les acteurs du web à "downsizer".
Après, si votre informatique est constituée essentiellement d'un gros SAP et d'un gros infocentre, je vous rejoins : il vaut mieux oublier le commodity hardware.
Ce sont deux écoles qui s'affrontent. On peut privilégier "une myriade de petits serveurs" mais qu'en est-il de l'occupation au sol? De la consommation énergétique? Des frais de licence (On n'aura jamais 100% d'open source)?
Signaler un abusN'est-il pas moins couteux de faire évoluer un parc de 10 "gros" serveurs que de 150 petits serveurs?
La solution réside sans doute en une utilisation hybride.
Mais faut-il prendre en exemple Google, Facebook ou Ebay qui sont connus pour posséder un nombre incroyable de serveurs?Connaissez-vous beaucoup d'entreprises qui ont les moyens financiers de ces géants du WEB ou pis qui ont la capacité d'avoir une horde d'équipes techniques qui construisent leurs propres serveurs?
Non. En conclusion, balayer les fondations historiques d'un revers de la main, conduiraient au mieux, à un succès au prix d'efforts financiers incroyables, au pire à un regrettable échec pour s'être cru aussi fort que Google ou Ebay ....