S’appuyer sur une copie virtuelle d’un objet physique pour améliorer sa productivité. Voilà l’objectif des jumeaux numériques. En singeant pièce par pièce, processus par processus des modèles bardés de capteurs, ces simulations récupèrent un maximum de données permettant à leurs opérateurs de penser en amont les potentielles corrections à apporter sur l’objet réel, afin de le perfectionner ou d’en anticiper les futurs problèmes.
Selon une étude récemment publiée par le cabinet Gartner, ce système de jumelage numérique serait de plus en plus privilégié par les entreprises mettant sur pied des projets en lien avec l’Internet des Objets (IoT). 13 % d’entre elles utiliseraient déjà ce procédé et 62 % prévoiraient de le faire d’ici un an. L’enquête a été menée en ligne entre juillet et août 2018, auprès de 599 répondants dans six pays : la Chine, l’Allemagne, l’Inde, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis. Les participants devaient travailler dans des entreprises témoignant d’un chiffre d'affaires annuel supérieur à 50 millions de dollars et prévoyant de déployer au moins un cas d'utilisation IoT, au plus tard en 2019.
Les données envoyées par le jumeau numérique peuvent bénéficier à l'entreprise en interne mais aussi en externe, à ses partenaires techniques ou commerciaux. (Crédit : Gartner)
L'IoT en pointe sur ce procédé
« Les résultats […] montrent que les jumeaux numériques commencent lentement à être utilisés couramment », a déclaré dans un communiqué Benoit Lheureux, vice-président de la recherche chez Gartner. « Nous avions prédit que d'ici 2022, plus de deux tiers des entreprises travaillant sur l’IoT auraient déployé au moins un jumeau numérique en production. Nous pourrions atteindre ce nombre d'ici un an. » Si de nombreux marchés se tournent progressivement vers les jumeaux numériques, l’IoT semble se situer parmi les plus ouverts au procédé. « La possibilité pour ces entreprises de différencier leurs produits et d'établir de nouvelles sources de services et de revenus est un moteur commercial évident », a ajouté M. Lheureux. 88 % des sondés affirment ainsi se servir de leurs jumeaux virtuels pour mettre en place des simulations de l’objet physique.
En outre, le jumelage numérique ne bénéficie pas uniquement à l’entreprise concernée. 54 % des personnes interrogées déclarent que les données récoltées grâce aux jumeaux bénéficient parfois à leurs partenaires. Un tiers avance même que la plupart ou tous leurs doubles servent à d’autres entités ayant besoin de données différentes : un prestataire de services, une compagnie d’assurance, un fabricant… « Les concepteurs de jumeaux numériques devraient garder à l'esprit qu'ils auront probablement besoin d'accommoder de multiples consommateurs de données et de fournir des points d'accès appropriés », déduit Benoit Lheureux.
Selon l’étude, les jumeaux numériques sont de plus en plus déployés en conjonction avec d’autres sur des équipements distincts. Mais « ce procédé est encore relativement compliquée et nécessite des compétences de haut niveau en matière d'intégration et de gestion de l'information », poursuit l’analyste. « La capacité d'intégrer des jumeaux numériques entre eux sera un facteur de différenciation dans l'avenir, à mesure que les actifs physiques et les équipements évolueront. »
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