La collecte d’informations personnelles préoccupe les internautes, mais à bas bruit. Dans un coin de leur conscience, ils s’en inquiètent - sans vraiment s’y attarder - lorsque des dizaines de fois par jour, ils doivent en une fraction de seconde donner leur consentement à l’utilisation de cookies qui glaneront des données sur la façon dont ils consultent les pages web. Fin juin, le président de l’UFC-Que Choisir pointait dans un billet le malaise diffus commun à tout internaute : « Avez-vous déjà eu la sensation déroutante que Google vous connaît mieux que quiconque ? ».
Depuis mai 2018, l’entrée en vigueur du RGPD - règlement européen sur la protection des données - a posé un cadre pour le traitement de ces informations. Il complète la loi française Informatique et Libertés de 1978. Si la CNIL veille sur la bonne application de ces textes dans l’Hexagone, le RGPD n'est pas encore connu de tous. Seuls 58% des consommateurs interrogés par GetApp en juin 2022 (voir encadré ci-dessous) disent être au courant de son existence. Tandis que les 42% restants, « estiment que la France ne dispose pas de lois couvrant tous les aspects de la protection des données personnelles ».
50% des sondés prêts à payer plus cher pour un surf sans collecte
64% des personnes interrogées jugent que ces régulations sont nécessaires compte-tenu de la vente possible des données personnelles par les entreprises qui les recueillent et de leur utilisation (54%). Plus de la moitié des sondés pointent aussi la nécessité de protéger ces informations. Dans ce contexte, une partie des consommateurs français font des recherches sur les entreprises qui privilégient le respect de leur vie privée. Seuls 17% le font systématiquement, 22% souvent et 30% parfois. Mais 18% ne le font jamais et 13% rarement. Pourtant, 85% des sondés sont d’accord avec l’affirmation que « la façon dont une entreprise traite mes données reflète la façon dont elle me traite en tant que client ». Et la moitié d’entre eux sont prêts à « payer davantage pour la version d’un produit ou d’un service ne collectant ni ne monétisant leurs informations personnelles ». L’autre moitié n’y est pas prête du tout en revanche.
Quoi qu’il en soit, tous s’interrogent sur la façon dont les données collectées sont utilisées. 39% des personnes sondées pour l’enquête aimeraient bien comprendre comment les entreprises utilisent leurs données personnelles et 31% quels sont les types de données récupérés. Et aussi, comment les entreprises protègent ces données (29%).
37% des consommateurs acceptent tous les cookies
Qui s’inquiète de la confidentialité sur ses données ? Seuls 27% des personnes interrogées disent avoir l’habitude de lire les politiques de protection des données personnelles (7% toujours et 20% souvent), tandis que 32% la lisent parfois. Les cookies sont acceptés dans tous les cas par un bon tiers (37%) des répondants, quand 42% les refusent partiellement et 18% totalement (4% appuient sur la croix pour refuser le formulaire). Les cookies sont ces petits fichiers stockés par un serveur dans le terminal de l’utilisateur et associé le plus souvent aux pages d’un site web, rappelle GetApp. Lorsqu’ils sont liés à la publicité personnalisée et aux réseaux sociaux, ils requièrent un consentement préalable des utilisateurs. Par ailleurs, 29% des sondés effacent souvent les cookies de leur navigateur web, 49% le font parfois et 19% jamais. Une précision intéressante, près de la moitié (48%) naviguent régulièrement en mode privé (14% souvent, 34% parfois), ce mode empêchant l’enregistrement de l’historique des sites visités.
Google Chrome utilisé par 55% de l'échantillon
Quelles sont les informations que les internautes sont le plus volontiers prêts à partager ? Pour 85%, des indications sur leur genre, pour 81% des avis tels que l’évaluation d’un produit ou des commentaires et pour 76% des données démographiques comme leur âge ou leur profession. Environ 70% acceptent de donner leur mail ou leur adresse postale et leur nom (ce qui est évidemment plus pratique lorsque l’on souhaite recevoir un colis). En revanche, 56% refusent de communiquer des informations financières, une géolocalisation (50%) ou des données relatives à leur santé (50%). Si plus de 60% des sondés préfèrent créer un compte lors de leur premier achat sur un site, ils ne sont en revanche que 20% à se connecter en utilisant leurs réseaux sociaux, répugnant sans doute à risquer de partager des informations plus personnelles (photographies, listes de contacts). Malgré tout, l’assurance d’un service plus efficace ou plus personnalisé peut amener la moitié des internautes à concéder plus d’informations.
Enfin, malgré l’impression que Google s’immisce dans la sphère privée, 55% des consommateurs préfèrent le navigateur de la firme californienne pour surfer, contre 21% pour Firefox de Mozilla et 12% pour Safari d’Apple. Edge de Microsoft n’est utilisé que par 4% et Opéra par 3%. Quant au navigateur Brave, qui fait partie du petit nombre de navigateurs axés sur la confidentialité, à l’instar de DuckDuckGo et Vivaldi, il n’est cité que par 2% des sondés.
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