Pour faire face à l'augmentation des coûts et aux pénuries d'approvisionnement, les principaux fournisseurs de puces, dont Intel, viennent d'annoncer à leurs clients une augmentation des prix des semi-conducteurs à compter du quatrième trimestre. La hausse a d'abord été lancée par Intel, suivit aujourd'hui par Qualcomm et Marvell Technologies.
« Lors de sa conférence sur les résultats du premier trimestre, Intel a indiqué qu'il augmenterait les prix dans certains segments de son activité en raison des pressions inflationnistes. La société a commencé à informer ses clients de ces changements », a déclaré un porte-parole d'Intel dans un communiqué. L'ampleur de cette hausse reste cependant incertaine. Le média Nikkei Asia cite des sources qui affirment que l'augmentation atteindra 20 %. Des affirmations auxquelles Intel n'a pas donné suite. AMD ne s'est pas non plus exprimé sur la question et a refusé toutes les demandes d'interview. Les produits (CPU et GPU) d'AMD sont fabriqués par TSMC, et le fondeur taïwanais alerte, de son côté, ses clients sur les hausses de prix.
Bien que lanceur d'alerte, Intel dispose de sa propre capacité de fabrication et peut tout à fait répondre à la demande. Le véritable problème est celui des ressources matérielles. Les processeurs ne sont pas seulement constitués de silicium, mais d'une combinaison de composés chimiques très rares et difficiles à formuler, dont l'offre est limitée depuis un certain temps. Jim McGregor, analyste principal chez Tirias Research, explique qu'il n'était pas surpris par cette nouvelle. « Il y a un an, les fonderies ont dit à leurs clients qu'ils devaient investir dans leurs installations ou s'exposer à une baisse des priorités et/ou à une augmentation des prix ».
Les puces pour serveurs particulièrement impactées
L'augmentation des tarifs devrait être généralisée mais les processeurs pour serveurs ressentiront en particulier les effets de cette augmentation si elle se concrétise. Les puces Xeon Scalable coûtent entre 2 000 et 8 000€. Imaginez une augmentation de 20 % de leur prix. Multipliez ce chiffre par deux, puisque la plupart des serveurs sont à double socket, puis multipliez-le par le nombre de centaines de serveurs achetés en une seule fois. Les fournisseurs de services cloud seront particulièrement touchés, car ils ont tendance à acheter des puces ou des serveurs par dizaines de milliers. Mais qu'il s'agisse d'Amazon Web Services (AWS) ou d'un déploiement interne, les clients peuvent être assurés que les fournisseurs leur répercuteront les coûts.
Selon Jim McGregor, le seul facteur potentiellement rédhibitoire est que tous les grands fournisseurs ont conclu des contrats importants avec Intel et d'autres fabricants de puces. Si ces derniers affichent souvent des prix de référence, ceux-ci ne s'appliquent pas aux OEM de niveau 1, car ils bénéficient d'accords de volume. Cela ne signifie pas pour autant que l'impact sera nul, mais qu'il sera moindre pour HPE et ses semblables. Les petites structures seront probablement plus durement touchées.
L'analyste ajoute que selon lui la pénurie est causée par une multitude d'événements, du déficit de main-d'oeuvre à l'expédition en passant par les pénuries de fournitures clés et les fermetures plus récentes en Chine. « Il y a des contraintes tout au long de la chaîne d'approvisionnement et de valeur, et on ne peut rien y faire », déclare-t-il.
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