L'administration Trump a pris d'autres mesures contre la Chine, notamment l'ajout de plusieurs constructeurs de supercalculateurs sur la liste dite « Entity List », interdisant désormais aux entreprises américaines toute relation commerciale avec ces sociétés. Si Huawei est actuellement l'entreprise blacklistée la plus connue, le New York Times note que dans les cinq noms ajoutés à la liste, on trouve des constructeurs de supercalculateurs figurant au Top500 des calculateurs les plus rapides du monde. Dans ces nouveaux entrants, le NYT relève également la présence de THATIC, une joint-venture créée en 2016 par AMD et le gouvernement chinois pour la cession sous licence d'une puce x86 destinée au marché chinois.
Cette liste noire, établie par le département du Commerce des Etats-Unis, regroupe des entreprises sur lesquelles l'institution estime avoir des motifs raisonnables de croire qu'elles ont été impliquées, sont impliquées ou présentent un risque important d'être impliquées dans des activités qui sont contraires à la sécurité nationale ou à la politique étrangère des États-Unis. Il est interdit aux entreprises américaines de faire des affaires avec les entreprises inscrites sur cette Entity List et de leur fournir des composants, même si des dérogations sont possibles. Même si la Chine a développé ses propres microprocesseurs, les entreprises américaines n'ont pas le droit de livrer des PC et d'autres composants aux sociétés figurant sur cette liste noire. De nombreux supercalculateurs, par exemple, utilisent les GPU de Nvidia.
Des puces chinoises mais pour les supercalculateurs
Probablement que les noms des cinq entreprises ajoutées à la liste sont inconnues des non-spécialistes : Chengdu Haiguang Integrated Circuit, Chengdu Haiguang Microelectronics Technology, Higon, Sugon, et le Wuxi Jiangnan Institute of Computing Technology. Toutes sont aussi identifiées par plusieurs alias. Par exemple Sugon, est également connue sous le nom de Dawning. En fait, le nom de plusieurs de ces entreprises apparaît depuis quelques années dans le classement Top500 des supercalculateurs les plus puissants du monde. Et si, à mesure que les entreprises construisent de nouveaux supercalculateurs et que de nouveaux composants sont mis au point, la place d'un supercalculateur peut régresser dans le classement, ce n'est pas le cas de Sugon. En effet, en juin 2019, son Advanced Computing System (PreE), se classait au 43e rang des supercalculateurs les plus puissants du monde.
Sugon, le Wuxi Jiangnan Institute of Computing Technology et la National University of Defense Technology sont tous impliqués dans le développement de supercalculateurs de classe exascale qui, selon le gouvernement américain, pourraient être ou sont utilisés à des fins militaires. Discrètement, les entreprises chinoises ont commencé à développer leurs propres processeurs de classe mondiale, des composants que l'on ne verra jamais dans des PC ou même des serveurs expédiés en dehors des États-Unis. Le Wuxi Jiangnan Institute, par exemple, aurait développé les puces Sunway, qui alimentent le Sunway TaihuLight (en illustration principale), troisième supercalculateur le plus puissant au monde. À l'origine, le système TaihuLight a été développé par le National Research Center of Parallel Computer Engineering & Technology (NRCPC) de Chine et installé au National Supercomputing Center de Wuxi. Le Sunway TaihuLight contient plus de 10 millions de coeurs Sunway SW26010, générant plus de 93 pétaflops de puissance de calcul. Le PreE de Sugon tourne sur plus de 160 000 coeurs Hygon Dhyana, une puce issue du partenariat entre THATIC et AMD. (ServetheHome en a repéré un au Computex, apparemment un clone de la puce Epyc d'AMD). Lors du Computex, Lisa Su, directrice générale d'AMD, avait minimisé la relation de son entreprise avec THATIC, affirmant que la licence couvrait une « génération unique de dispositifs technologiques ».
L'ajout de ces entreprises à l'Entity List n'est qu'une des dernières mesures prises par l'Administration Trump contre la Chine. Les États-Unis cherchent également à imposer des tarifs sur les importations de produits chinois. Selon la Consumer Technology Association, ces taxes pourraient faire grimper de 100 dollars le prix des notebooks courants aux États-Unis.
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