Pour la première fois, en 2019, les entreprises ont dépensé plus pour les services d'infrastructure cloud que pour le matériel et les logiciels des datacenters. Plus de la moitié des serveurs sont vendus à des opérateurs de datacenters hyperscales comme Amazon, Microsoft, Google et Facebook.
À la fin de la décennie, les technologies d'entreprise ont franchi une étape importante. En effet, selon le Synergy Research Group, pour la première fois, les entreprises ont dépensé plus pour les services d'infrastructure cloud que pour le matériel et les logiciels des datacenters au cours de l’année. Synergy indique que les dépenses totales pour les services d'infrastructure cloud atteindront 97 milliards de dollars en 2019, soit une augmentation de 38 % par rapport à l'année précédente. Il y a dix ans, ces dépenses étaient proches de zéro ! En revanche, les dépenses totales en matériel et logiciels pour datacenters devraient atteindre 93 milliards de dollars en 2019, soit une augmentation de seulement 1 % par rapport à 2018. Il est important de préciser cependant que Synergy a extrapolé ses chiffres à partir des ventes réelles des trois premiers trimestres et des projections pour le quatrième trimestre, de sorte que ces deux résultats pourraient être ajustés, mais probablement de façon mineure. Selon le groupe de recherche, entre 2009 et 2019, les dépenses pour les services d'infrastructure cloud ont augmenté de 56 %, en moyenne annuelle, alors que les ventes de matériel sur site n'ont augmenté que de 4 % en moyenne. Les dépenses de datacenters ont effectivement fait en bond en 2018, notamment du fait de la popularité des systèmes d'infrastructure hyperconvergents dont le fonctionnement s'apparente à celui du cloud.
Hausse des capacités de traitement
Au cours de la décennie, les principaux secteurs comme ceux des logiciels de virtualisation, des commutateurs Ethernet et de la sécurité des réseaux ont connu les taux de croissance les plus élevés. La part des serveurs sur la totalité du marché des datacenters est restée stable, tandis que la part du stockage a diminué. « Au cours de cette décennie, on a assisté à une augmentation spectaculaire des capacités de traitement, les applications d'entreprise sont devenues de plus en plus sophistiquées et la quantité de données générées et traitées a explosé, ce qui signifie donc un besoin toujours plus grand de capacité de datacenters », a déclaré dans un communiqué John Dinsdale, analyste principal du Synergy Research Group, « Cependant, plus de la moitié des serveurs vendus aujourd’hui sont destinés aux datacenters des fournisseurs de cloud et non aux datacenters des entreprises », a ajouté M. Dinsdale. « Au cours des dix dernières années, le marché de l’IT a connu une transformation remarquable. Les entreprises dépensent désormais près de 200 milliards de dollars par an pour acheter ou accéder à des installations de datacenters, mais les fournisseurs de cloud sont devenus les principaux bénéficiaires de ces dépenses ». Certains experts insistaient encore il y a peu sur le maintien des datacenters sur site, mais John Dinsdale pense désormais qu'ils sont en voie de disparition. « Beaucoup d'entreprises cessent de gérer leurs propres datacenters, et cette tendance n'est pas près de s'arrêter. Les pratiques ou les évènements qui vont à contre-courant de la tendance générale sont souvent couverts par les médias et peuvent donner aux lecteurs le sentiment que la tendance ne se manifeste pas encore de manière effective. Mais, pour ce qui est des datacenters sur site, la tendance est en plein accomplissement », a-t-il déclaré par courriel.
Cependant, les approches sont multiples. Certaines entreprises font le choix du cloud, tandis que d'autres réduisent leurs investissements dans leurs propres infrastructures et déplacent certaines charges de travail vers le cloud. D'autres conservent la propriété du matériel, mais transfèrent cette propriété dans des installations en colocation. D'autres conservent la propriété du matériel, mais le consolident dans un nombre plus restreint de gros datacenters, et d'autres encore maintiennent le statu quo. « Cependant, quand on fait le bilan, les chiffres du rapport de Synergy montrent que le cloud se développe de manière impressionnante, alors que les investissements des entreprises dans leur propre infrastructure de datacenters sont fortement réduits », a encore déclaré M. Dinsdale.
Les entreprises achètent du matériel
Cependant, ce dernier reconnaît que les entreprises continuent à faire des achats à la fois sur site et dans le cloud. Ainsi, lorsqu'une entreprise procède à une mise à niveau de son datacenter, elle équilibre ses priorités internes avec une migration vers le cloud dans le cadre du processus d'achat global. Il ne s'agit pas pour les entreprises de choisir entre deux options, mais bien d’une pratique courante qui consiste à déplacer les charges de travail et les applications appropriées vers le cloud tout en continuant à gérer l’IT interne qu’elles réservent à des tâches plus complexes ou plus sensibles. « Mais la balance penche très nettement en faveur des fournisseurs de services cloud », a ajouté M. Dinsdale.
Ces dernières années, l’achat de dizaines de milliers de serveurs par des opérateurs de datacenters hyperscales comme Amazon, Microsoft, Google et Facebook, a favorisé l'émergence de producteurs de concepts d’origine (ODM) qui fabriquent en marque blanche et exclusivement pour les opérateurs hyperscales, de gros volumes de matériels conçus par des fournisseurs de cloud. Des entreprises comme Inspur, Huawei et Supermicro se sont hissées en tête des listes des vendeurs de serveurs établies par Gartner et IDC. Et ces opérateurs utilisent leur propre matériel sur-mesure, ce qui ne provoque pas de pénurie de composants pour les principaux fournisseurs de serveurs comme HPE et Dell. « Les entreprises hyperscales opèrent à une telle échelle que cette stratégie fonctionne pour elles. Elles conçoivent du matériel très spécifiquement optimisé pour leur propre usage, en supprimant tous les composants et toutes les fonctions exogènes. Elles font ensuite appel à des sous-traitants pour produire de gros volumes à un coût unitaire, relativement faible. L’une des conséquences, c’est que les ODM ont grignoté progressivement la part de marché des fournisseurs de matériel plus traditionnels », a déclaré M. Dinsdale.
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