Après l’annonce, ces derniers mois, de licenciements importants par plusieurs grandes entreprises IT en réponse à un contexte macroéconomique peu favorable, c’est au tour de Google de se retrouver sous le feu des projecteurs. En effet, plusieurs articles de presse publiés cette semaine pensent que l'entreprise va supprimer au moins 10 000 emplois. Ces prévisions se fondent sur un article du média en ligne Information, qui indique que, dans le cadre du programme GRAD (Google Reviews and Development) lancé au début de l'année, les responsables ont été invités à attribuer une note de faible performance à 6 % des employés au moins, contre 2 % dans l'ancien processus d'évaluation des performances. Selon certains observateurs du secteur, la décision d'augmenter le nombre d'employés peu performants laisse présager des licenciements.
À la fin du trimestre fiscal clôt en septembre, Google comptait 186 779 employés à temps plein, soit une augmentation de 24,5 % en glissement annuel. Six pour cent de l'effectif actuel de Google représenterait environ 11 000 personnes. Google n'a pas annoncé de licenciements et a refusé de commenter l’article du média Information. Cependant, l'entreprise maintient que son système d’évaluation GRAD respecte sa mission. « Au début de l'année, nous avons lancé Googler Reviews and Development (GRAD) pour faciliter le développement, le coaching, l'apprentissage et la progression de carrière des employés tout au long de l'année. Ce nouveau système permet d'établir des attentes claires et de fournir aux employés un retour d'information régulier », selon une déclaration de Google.
Un processus d'évaluation qui inquiète les employés
Le système GRAD a été annoncé en mai par le CEO, Sundar Pichai, après que 47 % des employés ont voté contre le long processus d'évaluation des anciens employés, qui avait lieu deux fois par an. Dans le système GRAD, un manager est censé organiser une réunion de « bilan de soutien » avant d’attribuer une note de performance faible ou inférieure à « l’impact significatif » attendu, selon une source qui s’est exprimée sous couvert d'anonymat. Toujours selon cette source, ces réunions sont l'occasion pour les employés de faire des ajustements dans leur travail afin d'atteindre leurs objectifs, ajoutant qu'une large majorité du personnel de l'entreprise est censée avoir une note supérieure ou égale à cet « impact significatif », sur la base d'une échelle de notation en cinq points.
Néanmoins, CNBC rapporte que les salariés sont inquiets face au nouveau processus d'évaluation des performances, car les mesures prévues par le système interviennent à un moment où l'entreprise cherche à réduire ses coûts opérationnels. Selon la presse, certains employés ont déjà reçu des notes plus basses. Les nouvelles sur le front de l'emploi chez Google ne sont pas bonnes. On se souvient qu'en juillet l’entreprise a annoncé un gel des embauches et la mise en place d'un programme baptisé Simplicity Sprint, destiné à améliorer l'efficacité et la productivité des employés. Outre l'incertitude macroéconomique, le CEO Sundar Pichai avait également déclaré, lors de l'annonce du programme, que la productivité de l'entreprise était loin d'être à la hauteur de ses effectifs. Ces changements ont été annoncés après qu'Alphabet, la société mère de Google, a fait état de revenus plus faibles que prévu pour les deux derniers trimestres.
La croissance des revenus de Google au ralenti
Pour le troisième trimestre fiscal qui s'est terminé en septembre, la croissance globale des revenus de l’entreprise a encore ralenti et Google a publié des chiffres inférieurs aux prévisions. Alors que le chiffre d'affaires de Google Cloud a augmenté de 38 % en glissement annuel pour atteindre 6,9 milliards de dollars, apportant à l'entreprise un soutien indispensable, la croissance globale du chiffre d'affaires a ralenti à 6 % en raison de la chute des recettes publicitaires. En outre, lors d'une conférence téléphonique sur les résultats avec les analystes, les dirigeants ont déclaré que la croissance des effectifs représentait la majorité des dépenses d'exploitation pour le trimestre. Google a recruté un total de 12 765 personnes au cours du dernier trimestre fiscal, dont 2 600 employés de Mandiant qui ont rejoint la division cloud. Pour le prochain trimestre fiscal se terminant en décembre, l’entreprise a déclaré qu'elle prévoyait de ralentir les embauches pour les ramener à un niveau inférieur à celui du troisième trimestre et qu’elle ne recruterait qu’à des postes critiques, uniquement parmi les meilleurs talents en ingénierie et en technologie.
Dans le même temps, les licenciements décidés par Meta, Amazon, Microsoft, Salesforce et Oracle, ne sont pas de nature à rassurer les employés. « Face à la faible croissance des revenus due à l'inflation, aux craintes de récession et à d'autres conditions macroéconomiques, les grandes entreprises technologiques qui n'ont pas encore supprimé d'emplois envisagent désormais de le faire », a déclaré JP Gownder, analyste principal chez Forrester. « Elles veulent tout faire pour afficher un bon bilan en 2023 », a-t-il ajouté. Au final, si Google procède à des licenciements, le système GRAD suggère que les réductions de personnel se feront au moins sur une base rationnelle et ciblée, contrairement aux licenciements chaotiques et draconiens chez Twitter, où le nouveau propriétaire, Elon Musk, a supprimé la moitié du personnel immédiatement après avoir pris le contrôle du réseau social.
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