Afin d'assurer le support des logiciels libres qu'elles mettent en œuvre, les grandes organisations, aussi bien publiques que privées, passent souvent par des marchés de grande ampleur, couvrant un grand nombre de solutions. Ces contrats ont deux objectifs : fiabiliser et sécuriser l'usage des logiciels libres utilisés, mais aussi contribuer au financement de l'écosystème, pour renforcer la pérennité des solutions utilisées.
Malheureusement, selon l'enquête réalisée par le CNLL en septembre 2019, ces grands marchés semblent la plupart du temps manquer leur but. En effet, les acteurs du logiciel libre français, qu'ils soient éditeurs ou sociétés de services, portent un jugement assez négatif sur ce type de contrat, considérés comme peu pertinents à la fois pour les clients finaux et pour le développement de la filière.
Des marchés qui ne valorisent pas l'expertise
Les éditeurs open source, qui proposent une offre de support spécifique sur le logiciel qu'ils développent, indiquent ainsi que ces marchés ne sont pas adaptés à leur modèle, que ce soit en termes de prix ou de conditions d'accès. La moitié des répondants pense que ces marchés concurrencent directement leurs offres spécifiques. Si 60 % pensent que leurs offres pourraient tout de même s'intégrer dans ces marchés, ce serait en version dégradée, sans tirer parti de leur expertise.
En raison de leur envergure et de leur périmètre, regroupant parfois des centaines de solutions, ces marchés sont la plupart du temps attribués à des grandes ESN ou ESL, qui captent la valeur au détriment du reste de l'écosystème. Dans les cas où des partenariats existent entre les titulaires et les éditeurs, ceux-ci sont souvent jugés défavorables.
Développeurs et contributeurs n'ont que des miettes
Conséquence, seul un tiers des répondants pensent que ces marchés permettent de financer efficacement les logiciels libres utilisés par les grands comptes. En effet, avec ce type de contrat, une grande part de la valeur est accaparée par les intermédiaires titulaires du marché, au lieu de venir rétribuer les développeurs et contributeurs des logiciels.
Face à ce constat, les répondants proposent différentes pistes, afin d'assurer un meilleur financement des créateurs de logiciels libres et de permettre aux organisations clients de bénéficier de l'expertise des éditeurs.
Première préconisation : privilégier un lien direct avec les éditeurs autant que possible. Quand le nombre de solutions déployées rend ce choix compliqué, les répondants conseillent de passer par des groupements d'experts, « à condition que, contrairement à ce qui est perçu aujourd'hui, leur gouvernance soit saine et permette de respecter tous les maillons de la chaîne de valeur. »
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