La sobriété numérique est-elle possible à l'heure ou l'empreinte écologique de l'informatique est régulièrement pointée du doigt (à tort ou à raison) ? Pour le Cigref (club informatique des grandes entreprises françaises) et ses homologues belge (Beltug), néerlandais (CIO Platform) et allemand (Voice), la stratégie de Microsoft est, de ce point de vue, une gêne. Les quatre associations ont publié un communiqué commun pour dénoncer l'attitude de l'éditeur de Redmond.
Microsoft fait régulièrement évoluer ses produits phares notamment le système d'exploitation Windows et sa bureautique Office365. Or les exigences matérielles de chaque version sont toujours croissantes et la pression pour adopter les dernières versions très forte sur les entreprises. De ce fait, les entreprises sont poussées à régulièrement changer leur matériel, tous les trois à quatre ans, alors que les PC auraient une durée de vie théorique bien supérieure. Pour les associations européennes d'entreprises, la stratégie de Microsoft relève de l'obsolescence programmée. « Le déploiement progressif de Windows 11 en entreprise engendrera le remplacement des ordinateurs de plus de 3-4 ans, en raison de la puissance de calcul et la mémoire vive requises pour fonctionner (puce Trusted Platform Module - TPM en version 2.0 et 4Go de RAM contre 2Go précédemment) » est-il notamment mentionné dans le communiqué commun. Les associations demandent donc une intervention du régulateur européen au cas où Microsoft soit n'assurerait pas une maintenance suffisamment longue de versions anciennes ou ne permettrait pas une tierce-maintenance pour le temps nécessaire.
Autre point d'énervement : la mauvaise qualité initiale des produits entraînant des mises à jour obligatoires par voie de patchs réguliers. Or l'application de ces patchs constitue une charge de travail importante pour les entreprises, donc un coût. En pointe sur le sujet, l'association allemande Voice a appelé « à une plus grande responsabilité de la part des fournisseurs de logiciels et des fournisseurs de cloud ». Le Cigref a calculé qu'un grand compte de 150 000 salariés devait mobiliser quinze équivalents-temps-plein sur la seule gestion des patchs. Pour la France plus spécifiquement, « le Cigref soutient par ailleurs la proposition de loi Chaize, en cours de relecture par le Sénat et l'Assemblée nationale, de dissocier les mises à jour de sécurité des mises à jour fonctionnelles. »
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