Dans l'univers climatisé des centres de données la pression ne cesse de monter. Ils doivent évoluer de toute urgence pour pouvoir continuer à répondre aux demandes des grands comptes. Réunis au sein du Crip (Club des responsables d'infrastructure et de production), les responsables des datacenters d'une quarantaine de très grands comptes français ont procédé à un état des lieux où règnent contraintes et tensions. "Alors que les besoins sont en forte croissance, nous sommes confrontés à une pénurie de ressources", constate Philipe Sersot, président du Crip. Il est aussi, et surtout, responsable de la division Infrastructure, support technique et télécoms au Silca, le GIE créé par le groupe Crédit Agricole en 2005 pour réunir l'ensemble de la production informatique du groupe. D'un côté, les besoins de capacité de traitement vont croissant et l'on réclame une réactivité d'adaptation sur quelques jours ; de l'autre, il faut s'adapter dans un contexte de réduction des budgets et de renchérissement du coût électrique. "Il faut savoir que, désormais, pour un serveur de taille moyenne, le coût de sa consommation atteint, voire dépasse, celui de son prix d'achat en trois ans." Le tout s'inscrit dans un vaste mouvement de consolidation et de concentration. Consolidation, en effet, car les grands groupes veulent réaliser des économies d'échelle et réduisent le nombre de sites. Concentration également, avec une densification des serveurs. "Aujourd'hui, le ratio de consommation électrique au m² se situe entre 0,5 et 0,7 kWh/m². Demain la tendance indique très nettement 2kWh/m²." Une évolution qui soulève d'importants problèmes, dont celui de la climatisation qu'il faut souvent revoir de fond en comble. "Mais il faut savoir s'arrêter car la concentration des ressources rime aussi avec celle des risques." C'est donc un appel à l'échange d'expérience que lance le Crip à l'attention de tous ceux qui sont confrontés aux mêmes difficultés. Parmi les éléments qui permettent d'envisager l'avenir sous un jour plus ensoleillé, figurent les technologies de virtualisation auxquelles se consacre un groupe de travail. La virtualisation joue un rôle clé pour améliorer le ratio d'utilisation du parc installé, optimiser les investissements et réduire les coûts de fonctionnement. Pour Philippe Sersot, "la virtualisation de serveurs est déjà entrée dans les moeurs, même si de grands projets sont encore en phase de déploiement, et celle des réseaux monte en puissance". En fait, ce sont les capacités de stockage qui seraient le plus à la traîne en terme de virtualisation des ressources.