«135 datacenters sont recensés en France, d'autres en projet, mais sont-ils aptes à faire du cloud computing ? C'est LA question à se poser » lance, comme un pavé dans la marre, Didier Soucheyre, PDG de Neo Telecoms. Pour lui, 80% du parc a plus de dix ans et n'est pas aux normes pour héberger du cloud computing. La puissance électrique, la qualité des bâtiments, les générateurs, les onduleurs, les capacités de refroidissement ne correspondent pas toujours aux besoins du marché. La carte des datacenters existants recouvre donc des réalités très différentes.
Autre pavé et non des moindres, celui que projette le patron de Cheops Technology, Nicolas Leroy-Fleuriot, pour qui seule une société de droit français peut assurer la confidentialité des données et par exemple s'opposer à un contrôle fiscal. Même dans ce cas, il faut l'accord du client pour qu'un hébergeur, en tout cas Cheops, livre des données. Cheops assure donc à ses clients, en plus de critères techniques et de conditions financières, une garantie juridique. Ce que ne peuvent assurer ses grands concurrents internationaux. Ces acteurs, IBM, Google, Amazon restent soumis au patriot act, même si leurs datacenters sont en France. « Déjà qu'aller dans le cloud ou héberger constitue traditionnellement une barrière psychologique pour un client français, la protection des données et le patriot act en est une autre pour d'aller dans le cloud» souligne Nicolas Leroy-Fleuriot.
Une hétérogénéité d'acteurs
Techniquement et juridiquement, le monde des datacenters en région est donc hétérogène. Ce qui ne décourage pas nombre d'acteurs, français ou internationaux, de lancer des projets. IBM a fait parler sa puissance en créant de nouvelles salles dans son datacenter à Montpellier. Les pure players sont très présents : Interxion, Telecite, Telehouse. Mais beaucoup d'acteurs régionaux au départ se renforcent, Jaguar à Marseille, CIV à Lille. Des réseaux s'installent au plan national. Avec Néo Telecoms fort de six datacenters. Avec Cheops qui va installer un deuxième datacenter près de Bordeaux, et grâce aux réseaux télécoms et à ses 10 agences commerciales, proposer des offres partout en France. Des prestataires se lancent, des PME comme OVH, Ikoula, Gandhi, sans oublier les « french lover » cloudwatt et Numergy.
Pour sa part, Resadia, le groupe d'intégrateurs régionaux, a lancé un projet de réseau national de datacenter. Chacun de ses 37 adhérents peut bâtir le sien. Le groupe leur propose un référentiel commun, économique et technique, qui permet les mêmes choix et la même qualité de service. » 15 datacenters sont en projet, c'est un cloud maillé de proximité que nous allons proposer à nos clients», nous explique Pascal Chavernac, président du groupe et lui-même en train de bâtir son datacenter. « Aucun de nous n'avait les moyens seul ». Ensemble, et avec des réseaux haut débit, ils peuvent avoir des back up.
Le dilemne des collectivités locales
Les collectivités locales aiguisent cette concurrence. Elles sont obligées de prendre en charge de plus en plus de services aux administrés, donc de plus en plus de données, avec de moins en moins de moyens. Un vrai dilemme. Beaucoup ont voulu lancer leur propre datacenter, au départ dans des bâtiments historiques mal adaptés. D'autres ont mis sur pied des DSP pour créer des réseaux de desserte haut débit locaux, mais encore faut-il les relier et relier les datacenters de proximité en national et à l'international.
La plupart des collectivités veulent tout simplement choisir un prestataire. En optant pour Amazon, la Région Bretagne a provoqué une belle polémique. Les acteurs français protestant de la qualité de leurs services et de leurs prix. L'arrivée de deux acteurs financés en partie sur fonds publics, CloudWatt et Numergy, renforce la possibilité de choix mais énerve encore plus nombre d'acteurs français qui investissent sur fonds propres depuis des années. Quant à France Télécom et SFR, ils se retrouvent présents par eux mêmes (branche entreprise et réseaux indirects), chez CloudWatt (pour France Télécom) et Numergy (pour SFR), avec HP pour ce qui est de SFR.
Les datacenters se multiplient en régions mais pour quels usages ?
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Une étrange fièvre semble saisir les régions françaises où se multiplient les datacenters. Mais tous ne présentent pas les mêmes garanties techniques, financières et juridiques.
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