La Silicon Valley Bank n’est plus, et déjà, les vautours rôdent autour des restes. Ce lundi, les marchés des quatre coins du globe ont clairement été exposés après la déclaration de mise en faillite de la SVB par les autorités américaines. Il semble que les sociétés de capital-risque et de capital-investissement se soient toutefois mis sur les rangs pour récupérer des actifs. Le magazine Fortune révèle ainsi que la SVB, l'institution financière de prédilection d'environ 50 % de toutes les start-ups états-uniennes, a également détenu des actifs dans quelque 1 074 fonds de capital-investissement (private equity, PE) et de capital-risque (venture capital, VC) ces dernières années. Ces derniers ont stocké au moins une partie des actifs d'un collectif de 5 994 fonds d'ici la fin de l'année en 2021 et représentaient un actif collectif de 863 milliards de dollars. Cependant, la part du capital détenue spécifiquement à la Silicon Valley Bank reste inconnue, les VC et PE n’ayant pas d’obligation de déclarer ce montant spécifique.
Il n’est donc pas anodin d'apprendre qu’un groupe de plus d’une douzaine de sociétés de VC incluant General Catalyst Group, Andreessen Horowitz, Accel, Benchmark, ainsi que Khosla Ventures soit en pourparlers pour ressusciter la SVB comme le rapporte le Financial Times. L’objectif est clair : permettre à la banque de continuer à prêter, investir et conseiller des entreprises du secteur technologique. Parmi les propositions, celle de la formation d'un consortium avec Apollo Global Management, considéré comme l’un des plus grands gestionnaires d’actifs alternatifs au monde. Ce dernier a en effet exprimé son intérêt à récupérer une partie du portefeuille de prêts détenus par la Silicon Valley Bank. Apollo ne semble pas s’intéresser à l’ensemble, comme l’indiquent nos confrères de Bloomberg et The Information, ce que l’on peut aisément comprendre au vu de la somme colossale concernée. La Silicon Valley Bank n’avait pas moins de 73,6 milliards de dollars de prêts au 31 décembre 2022.
Repêcher oui, mais à quel prix ?
Pour rappel, la Federal Deposit Insurance Corporation a pris le contrôle de la Silicon Valley Bank ce vendredi 10 mars après le retrait en masse de dépôts de ses clients. Fin 2022, la banque disposait de plus de 175 milliards de dollars de dépôts pour la plupart non assurés et de 209 milliards de dollars d'actifs totaux. Une majorité de ceux-ci était en fait composée d'obligations à long terme que la banque a dû vendre à perte - pour récupérer des liquidités - en raison de la hausse des taux d'intérêt. La chute de la 16e plus grande banque des États-Unis marque un tournant pour l’économie américaine et l’ensemble des marchés mondiaux qui retiennent leur souffle.
Cette tentative de repêcher le véhicule financier montre bien l'importance de la SVB aux yeux de nombreuses sociétés de capital-risque et de capital-investissement. Bien sûr, si un tel mouvement se concrétise, cela signifierait que les VC et PE devraient probablement aller à la pêche aux capitaux extérieurs, et s’appuyer sur une expertise technique de la gestion des institutions financières. Cet effort pour ressusciter la SVB représente également un pari sur l’avenir puisque les entreprises et leurs dirigeants pourraient devenir frileux à l’idée de remettre de l’argent dans les caisses de la SVB, ou du moins de ce qu’il en reste.
Commentaire