Si la construction d’un datacenter est compliquée, son démantèlement l’est encore plus, car la mise hors service d’un datacenter risque davantage de perturber l’activité de l’entreprise, ce qui est moins le cas pendant la phase de construction. Le récent déclassement du supercalculateur Titan hébergé jusque-là par l’Oak Ridge National Laboratory (ORNL) montre à quel point ce processus peut être complexe. Son démantèlement de Titan a mobilisé plus de 40 personnes, dont le personnel de l'ORNL, le fabricant de supercalculateurs Cray, plus des sous-traitants externes. Pour commencer, les électriciens ont dû sécuriser l’arrêt de ce système d'une capacité de 9 mégawatts. Quant au personnel de Cray, il s’est chargé de démonter et de recycler les composants électroniques de Titan, ses composants métalliques et ses armoires et une équipe distincte s'est occupée du système de refroidissement. Au total, 350 tonnes d'équipement et près de 5 tonnes de réfrigérant ont été extraites du site.
Si peu de professionnels IT risquent d’être confrontés à un démantèlement aussi exceptionnel, un certain nombre d’entre eux pourraient être impliqués dans le déclassement d’un datacenter de petite taille, les entreprises ayant tendance à abandonner leurs infrastructures sur site pour aller vers le cloud. Selon Rick Villars, vice-président de la recherche, Datacenter et Cloud, chez IDC, au cours des trois ou quatre prochaines années, le rythme de fermeture des datacenters va s'accélérer. « Toutes les entreprises auxquelles nous avons parlé prévoient de fermer 10 à 50 % de leurs datacenters au cours des quatre prochaines années, et parfois même 100 %. Peu importe l’interlocuteur, tous envisagent de fermer des datacenters », a déclaré M. Villars. La mise hors service d’un datacenter se passe en plusieurs étapes. Voici quelques repères.
Faire l’inventaire des actifs du datacenter
La première étape consiste à réaliser un inventaire complet des actifs du datacenter. Cependant, étant donné la prépondérance des serveurs zombies dans les environnements IT, il est clair qu'un bon nombre de services IT n'ont pas de vision sur les actifs des datacenters. « Chaque département a besoin de lister ses actifs. C'est le plus élémentaire. Il doit savoir de quels équipements il dispose, les applications et les appareils sur lesquels elles sont exécutées, et quelles données résident sur chaque appareil », a expliqué Ralph Schwarzbach, ancien expert en sécurité et en démantèlement chez Verisign et Symantec.
Toutes ces informations devraient se trouver dans une base de données de gestion de configuration (CMDB) qui sert habituellement de référentiel pour les données de configuration relatives aux actifs IT physiques et virtuels. « Le configuration management database (CMDB) est un outil courant, mais l'outil et les processus pour maintenir l'exactitude des données sont deux choses distinctes », a encore déclaré M. Schwarzbach. La CMDB est indispensable pour effectuer l'inventaire des actifs, mais « la base de données de gestion de configuration n'est bonne que si les données qu'elle contient sont aussi de bonne qualité », a expliqué Al DeRose, directeur IT senior, responsable de la conception, de la mise en œuvre et de la gestion des infrastructures dans un grand groupe de média. « Si le département de gestion des actifs effectue une très bonne saisie des données, alors le CMDB sera excellent. D'après mon expérience, les petites entreprises feront un meilleur travail en matière d'inventaire des actifs. Les grandes entreprises, en raison de l'étendue de leur empreinte, n’ont pas une idée très précise de leurs actifs, mais elles s'améliorent ».
Cartographier les dépendances entre les ressources
La préparation d’un démantèlement de datacenter implique aussi la cartographie des dépendances. Plus le datacenter est ancien, plus le nombre de dépendances sera conséquent. « Il est important de bien segmenter les données qui se trouvent dans le datacenter afin de les déplacer de manière ordonnée et de limiter les risques de dysfonctionnement », a déclaré Andrew Wertkin, directeur de la stratégie chez BlueCat Networks, un fournisseur de connectivité réseau qui aide les entreprises à migrer vers le cloud. « Il faut se demander comment décomposer chaque processus en phases indépendantes, de façon à éviter par exemple de déplacer le front-end d’une application parce qu’il dépend de telle base de données », a encore expliqué M. Wertkin. Dans le genre, le WAN est un bon exemple. Les points de connexion sont souvent optimisés, et quand on commence à les désassembler, on doit savoir comment se répartissent les connexions et les services optimisés afin de ne pas créer de problèmes SLA quand on casse la connexion. Changer les adresses IP de serveurs bien connus, même temporairement, crée également des problèmes de connexion. La solution, c’est de procéder par étapes et de ne pas tout changer ou tout déconnecter en même temps.
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