Environ 75% des quelque 500 professionnels de l’IT, interrogés dans le cadre d'un sondage sur les correctifs, les mises à jour et les mises à niveau, estiment que Microsoft ne devrait pas livrer plus d’une mise à jour de fonctionnalités de Windows 10 par an, encore officiellement maintenue à un rythme semestriel. Et plus de la moitié des administrateurs - 40 % de toutes les personnes interrogées - ont voté pour une seule mise à jour par an, tandis que les autres, soit 35 %, ont coché l’option « une mise à jour tous les deux ans ». Moins de 8 % ont coché la proposition « deux fois par an », et à peine un dixième d'entre eux - soit 0,8 % - voudraient plus de deux mises à jour annuelles pour eux-mêmes et leurs collègues.
Ces résultats proviennent d'un questionnaire envoyé le mois dernier par Susan Bradley, consultante en réseaux et sécurité informatique aux membres de la liste de diffusion PatchMangement.org qu’elle anime, où les administrateurs IT discutent des mises à jour et échangent des informations. Susan Bradley écrit également pour AskWoody.com, le site de conseils sur Windows géré par Woody Leonard, un chroniqueur de Computerworld. « Une fois par an, c'est plus que suffisant », a écrit un administrateur IT dans un commentaire annexé au questionnaire. « Ce calendrier permet d'être en phase avec les autres systèmes d'exploitation ».
Peu de changements par rapport à 2018
Dans un sondage identique réalisé en 2018, Susan Bradley avait obtenu des résultats semblables, à deux différences près. Il y a deux ans, le pourcentage des administrateurs qui demandaient une mise à niveau tous les deux ans était supérieur de quatre points et le nombre de ceux qui avaient une préférence pour le rythme actuel de deux mises à jour par an était inférieur de six points. Ensuite, 78 % des professionnels de l’IT souhaitaient que Microsoft réduise la fréquence de ses mises à jour à une tous les ans, ou à une tous les deux ans. Cette légère différence entre les deux enquêtes n’est pas surprenante, car, comme Susan Bradley s'est empressée de le souligner, ces sondages n’ont pas la rigueur scientifique de ceux que pourraient réaliser des instituts spécialisés. Mais au autre élément a peut-être joué un rôle : entre ces deux sondages, Microsoft a apporté des changements radicaux à son processus de mise à niveau de Windows 10.
En mai 2019, la version 1903 de Windows10 comportait de nouvelles caractéristiques et fonctionnalités, tout comme les six mises à jour précédentes. Mais, plutôt que de proposer une seconde mise à jour riche en fonctionnalités à l'automne, Microsoft a livré une version 1909 de Windows 10 très peu différente de la 1903. La version 1909 ne faisait que rassembler tous les correctifs apportés à Windows 10 depuis la sortie de la version 1903, plus quelques ajouts et améliorations mineures. Á l’époque, beaucoup ont déclaré que la version 1909 ressemblait aux anciens Service Packs que proposaient Microsoft. Ces services packs étaient un moyen pratique de mettre à jour Windows avec toutes les corrections antérieures, et évitaient de demander aux utilisateurs de télécharger et d’installer ces correctifs les uns après les autres, avec à chaque fois la nécessité de redémarrer les machines. C'est ainsi que Microsoft a introduit un rythme dit majeur-mineur - avec une mise à jour majeure au printemps, et une reprise mineure à l'automne - que certains considéraient comme une mise à jour unique annuelle. En 2020, Microsoft a conservé le calendrier de 2019, livrant une version 2004 de Windows 10 avec de nombreuses nouvelles fonctionnalités et une version 20H2 sans. Dans le nouveau sondage, les 17% de personnes (11% en 2018) qui se sont prononcées en faveur d’une mise à jour « deux fois par an », ont peut-être pensé à ce schéma majeur-mineur et à ses modalités : officiellement deux mises à jour, mais une seule, en réalité. Ils ont peut-être pensé que c'était la nouvelle norme, ce qui pourrait expliquer qu’ils ont été plus nombreux à souhaiter ce rythme de mises à jour cette année.
Un appel clair pour une mise à jour unique par an
Mais les commentaires ajoutés par de nombreux administrateurs IT aux derniers questionnaires ont montré qu'un nombre important d'entre eux n'étaient toujours pas convaincus par les mises à jour majeures et mineures, qu’ils considéraient comme une fausse cadence annuelle et ils souhaitent que Microsoft adopte un vrai calendrier annuel. « Je ne vois pas l'intérêt de faire deux mises à jour par an, alors que les mises à jour entre le printemps et l'automne sont essentiellement des mises à jour ‘de pacotilles’ », a déclaré un administrateur. « Cela crée une confusion chez les clients et entame leur confiance dans le produit ».
L’opposition à deux mises à jour par an - et l'appel à une mise à jour maximum - est souvent liée au fait que les administrateurs doutent de l'utilité des mises à jour. « Une seule mise à jour annuelle se justifie pleinement. Au-delà, elles sont inutiles, en particulier pour les entreprises », a déclaré un administrateur. « En général, les nouvelles fonctionnalités ne sont pas assez intéressantes pour justifier une longue et complexe mise à jour plus d'une fois par an », a renchéri un autre administrateur. « J'espère qu'avec un rythme annuel, Microsoft apportera des améliorations plus sérieuses au système d'exploitation », a déclaré un autre professionnel IT. « Ces livraisons à six mois ne sont que du vent », a-t-il ajouté. Pour Susan Bradley, la mise à jour annuelle unique est la priorité. Quand on lui a demandé par courriel quel conseil elle pourrait donner à Microsoft sur la maintenance de Windows, elle a répondu clairement : « Une seule version de fonctionnalité par an. Deux fois par an, c'est trop ». Mais l’éditeur va-t-il entendre le message ?
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