Le pacte annoncé entre Lenovo et NetApp a pour conséquence immédiate l’arrivée de nouvelles baies de stockage au catalogue du fournisseur chinois, à savoir les séries ThinkSystem DE, ThinkSystem DM et ThinkSystem d’un coté et les A800, A900, FAS9000 by NetApp de l’autre. La famille DE constitue désormais l’entrée de gamme chez Lenovo avec des sous-systèmes full flash et hybride en mode bloc avec un support assuré par le fournisseur chinois via son programme xClarity tandis que la série DM s’attaque au milieu de gamme avec des baies full flash et hybride en mode bloc et fichiers reposant sur l’OS Ontap avec un accès NVMe-over Fibre Channel pour apporter une latence inférieure à 100 microsecondes. Le tiering cloud est de la partie pour optimiser les ressources de stockage (catégories chaudes et froides) et réduire les coûts d’utilisation. Le support est également assuré par Lenovo via XClarity. Le haut de gamme vendu par Lenovo sera toutefois toujours brandé NetApp avec les séries A800, A900 et FAS9000.
Malgré l’accord OEM noué avec le chinois, le fournisseur californien garde donc la main sur les baies de stockage les plus avancées et les plus profitables de sa gamme. Un produit comme FlexPod, solution convergente développée avec VMware et Cisco reste également en dehors du partenariat. Et pour la partie hyperconvergence, Lenovo continuera de travailler avec Nutanix et VMware pour l’instant. Rappelons pour être complet que le dernier gros contrat OEM de NetApp avait été noué avec IBM, et qu’il s’est terminé il y a quelques années après le rachat de Texas Memory par big blue. De son coté, Lenovo avait un partenariat avec EMC sur les NAS qui est tombé à l’eau avec l’arrivée de Dell et un autre avec Nimble Storage qui a pris fin suite à l’irruption de HPE.
Trois lignes de produits arrivent chez Lenovo, suite à l'accord passé avec NetApp. (crédit : S.L.)
Un joint-venture en Chine
Interrogé sur la compétition qui ne manquera pas de démarrer entre les revendeurs Lenovo et NetApp sur le marché du stockage, Rod Lappin, senior vice-président en charge des ventes et du marketing chez Lenovo, nous a assuré que le risque avait été bien pris en compte et qu’une attention particulière sera portée aux appels d’offres pour éviter les tensions. « L’objectif est de concurrencer Dell EMC et HPE, et non pas d’entrer en compétition avec NetApp. Nous allons accompagner les revendeurs et nous intéresser plus particulièrement au marché des PME-PMI ou NetApp est moins présent ». Une situation que Lenovo a déjà connu avec EMC quand un partenariat les liés encore. L’accord avec Lenovo ouvre aussi à NetApp le marché chinois via le joint-venture qui entrera en lice au premier trimestre 2019.
Grâce à cette nouvelle société, NetApp et Lenovo pourront vendre leurs baies de stockage et leurs logiciels de gestion des données aux entreprises chinoises. La coentreprise est une étape indispensable pour les entreprises étrangères comme NetApp, car les lois chinoises très protectionnistes restreignent les ambitions des grands groupes - dans l’IT, l’automobile ou l’agroalimentaire - qui ne peuvent pas faire cavalier seul. Si NetApp était déjà présent en Chine, avec le concours de Lenovo elle pourra plus aisément pousser ses solutions auprès des entreprises locales.
Co-développement logiciel
Le partenariat entre Lenovo et NetApp porte également sur le co-développement de produits et solutions nous a expliqué Peter Hortensius, chief technology officer du datacenter groupe de Lenovo, lors d’un entretien. Le fournisseur chinois travaillera notamment sur la partie management des produits de stockage pour mieux accompagner leur déploiement et leur gestion dans les datacenters. Lors de notre entretien, Peter Hortensius est également revenu sur la position de Lenovo quant à l’informatique quantique. « C’est encore très loin, et nous ne faisons pas de processeurs donc nous ne ferons pas nos cœurs quantiques. L’idée est plus de mutualiser les ressources de l’industrie pour arriver sur ce marché ». Et contrairement ce qu’on pense généralement, l’informatique quantique n’est pas la solution la plus adaptée au calcul intensif selon le CTO. « Les ordinateurs quantiques sont bons pour résoudre certains problèmes, mais pas les plus intéressants pour d’autres points déterministes. De toute façon, il est encore trop tôt pour proposer ces solutions à nos clients ».
Même son de cloche pour l’usage des processeurs ARM dans les datacenters. « Nous avons vendu des serveurs ARM dans le passé mais l’écosystème logiciel ne s’est pas développé », a précisé Peter Hortensius. Les puces ARM 64 bits restent toutefois intéressantes sur le marché du HPC avec des logiciels dédiés qui demandent une optimisation différente. « Un travail de réécriture [des programmes] est nécessaire ; beaucoup essayent, mais personne ne fait de standard. »
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