Les formations techniques, porte d’entrée vers les carrières du numérique, peinent à attirer les femmes. Le rapport Gender Scan 2025, publié le 20 mars par le cabinet Global Contact, révèle un recul préoccupant de la féminisation du secteur. En France, la part de femmes diplômées en IT diminue dans les formations longues (master ou plus), tandis qu’elle progresse dans les cursus courts (moins de trois ans). L’étude souligne l’influence des stéréotypes de genre dès l’orientation scolaire, souvent véhiculés par les enseignants et l’entourage. « Il est essentiel de mettre en avant des rôles modèles féminins, de donner de la visibilité aux femmes dans la tech et d’ouvrir nos entreprises aux étudiantes », insiste Marine Rabeyrin, directrice chez Lenovo, lors d’un point presse au ministère en présence de Clara Chappaz, ministre déléguée à l'IA et au Numérique.
Les stéréotypes freinent l’accès au numérique
L’un des premiers freins à l’entrée des femmes dans le numérique est le poids des stéréotypes de genre. Selon l’étude Gender Scan, plus de 40 % des étudiantes en écoles d’ingénieurs ont été dissuadées de s’orienter vers les filières STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques). Des phrases comme "Ce n’est pas un métier pour une femme" ou "Tu n’as pas le niveau" dissuadent encore trop souvent les jeunes filles. Parmi les facteurs influençant cette décision, le cercle amical jouent un rôle de plus en plus important, représentant 34 % dans le numérique, tandis que les enseignants demeurent les prescripteurs clés, avec un poids de 50 % dans ce secteur. En outre, 56 % des étudiants dans l'IT sont découragés par des motifs de genre et près de 60 % sont confrontées à des remarques sexistes, directes ou indirectes.
Pour lutter contre ces clichés, plusieurs initiatives de sensibilisation sont mises en place dès le collège. « Nous avons 400 femmes qui interviennent dans les collèges et lycées pour inciter les jeunes filles à explorer les carrières technologiques », explique Vincent Lecerf, DRH chez Orange. « Il est crucial de sensibiliser en amont. Nous avons un rôle à jouer en tant que citoyens, que ce soit pour l'intégration, le recrutement ou encore l'accompagnement », ajoute-t-il. Mais au-delà de l’orientation, il est tout aussi important de soutenir les femmes tout au long de leur parcours professionnel pour leur permettre de s’épanouir et de progresser dans le secteur de l'IT notamment en matière d’entrepreneuriat, où les inégalités restent marquées.
Des dispositifs pour encourager l'entrepreneuriat féminin
Dans le numérique, les femmes sont deux fois moins nombreuses que les hommes à envisager de créer leur entreprise (11-12 % contre 19-20 %). Pour réduire cet écart, de nombreuses initiatives voient le jour afin de les accompagner. Le mentorat est l’un des leviers les plus efficaces : il permet aux jeunes professionnelles de bénéficier des conseils et de l’expérience de femmes plus aguerries. Selon l’étude, il augmente par 3,5 les chances de réussite des entrepreneuses et des étudiantes dans ce domaine. Pourtant, ces dispositifs restent encore peu utilisés : bien que 41 % des femmes dans l’IT en aient connaissance, seules 5 % en bénéficient. Les réseaux féminins dans les sciences et la technologie jouent également un rôle clé en créant un espace d’entraide et de solidarité. Dans ce secteur, 10 % des femmes adhèrent à ces réseaux, contre 7 % des hommes. Ces initiatives aident les femmes à mieux s’intégrer dans un environnement encore perçu comme peu inclusif.
Certaines entreprises vont plus loin en mettant en place des politiques de discrimination positive pour favoriser la parité. « Beaucoup perçoivent la discrimination positive comme quelque chose de négatif, mais moi, je la vois comme une forme d'entraide et c'est ainsi que nous ouvrirons la porte à plus de diversité sur le lieu de travail », explique une diplômée d'une école d'ingénieurs présente lors de la présentation du rapport de Genderscan.
Commentaire