Le compte à rebours est lancé pour la procédure antitrust contre Google. En effet, le juge Amit Mehta a indiqué que le procès portant sur les propositions du ministère américain de la justice visant à réduire la domination de Google dans le domaine de la recherche en ligne se déroulerait comme prévu en avril 2025, même si les responsables du ministère de la justice, qui seront alors sous l'autorité du président élu Donald Trump, cherchent à réviser les mesures correctives.
Cette décision témoigne de l'urgence de résoudre l'affaire, qui pourrait conduire à un bouleversement historique des activités de la firme américaine, a indiqué Reuters. La semaine dernière, le DoJ (ministère de la justice) aurait proposé au juge d’obliger Google à vendre son navigateur Chrome. Le ministère, selon Bloomberg, aurait également mis sur la table la cession de l’OS mobile Android. Ces deux produits servent de canaux de distribution essentiels pour Google Search, un service considéré comme un monopole illégal dans la décision rendue par Amit Mehta.
Une incertitude sur la position de Donald Trump
Des mesures radicales qui pourraient être révisées par l’arrivée de l’administration Trump. Le président élu a exprimé à plusieurs reprises son scepticisme à l’égard d’une scission de Google. « Si vous faites cela, allez-vous détruire l'entreprise ? Ce que vous pouvez faire sans la diviser, c'est vous assurer qu'elle est plus équitable », a déclaré Donald Trump lors d'un événement organisé à Chicago en octobre. Il pourrait donc demander à revoir les mesures correctives proposées par le DoJ. Le juge en est conscient et a indiqué lors d’une audience, « s'il doit y avoir une réévaluation des mesures correctives demandées, elle doit être faite rapidement ».
Pour mémoire, la première action antitrust contre Google date de 2020, pendant le premier mandat de Donald Trump. Le ministère de la Justice accusait la société de tirer parti de sa position dominante sur les marchés de la recherche et de la publicité pour étouffer la concurrence. En août 2024, Amit Mehta a jugé que Google avait violé les lois antitrust américaines, ouvrant ainsi la voie au débat actuel sur les mesures correctives. L’administration Biden avait notamment proposé l'obligation pour Google de partager ses données de recherche avec ses concurrents, la limitation des investissements dans les technologies concurrentes et la restriction des acquisitions d'entreprises actives dans le domaine de la recherche ou de l’IA.
Google vent debout
La firme de Mountain View a vivement critiqué ces propositions en les qualifiant de « stupéfiantes » et en avertissant qu'elles pourraient nuire au leadership technologique américain. « Nous avons investi des milliards de dollars dans Chrome et Android. Les briser modifierait leurs modèles commerciaux, augmenterait le coût des appareils et nuirait à la concurrence avec Apple », écrivait la société dans un billet de blog en octobre dernier.
Le procès à venir devrait mettre en lumière le rôle de l’IA dans le remodelage du paysage de la recherche en ligne. Les procureurs prévoient de faire comparaître des témoins des principaux acteurs de l'IA, notamment OpenAI, Perplexity, Microsoft et Meta afin de souligner les défis concurrentiels que les pratiques de Google posent, notamment en matière d'innovation.
Un procès historique sous pression politique
Cette affaire représente l'action antitrust la plus agressive contre une entreprise technologique depuis la tentative infructueuse du ministère de la justice de démanteler Microsoft il y a vingt ans. En cas de succès, les mesures correctives pourraient modifier considérablement la dynamique concurrentielle sur les marchés de la recherche et de la publicité en ligne, tout en créant un précédent en matière de réglementation de l'industrie technologique.
Le procès reste un test critique sur la capacité du gouvernement fédéral à maîtriser les acteurs les plus puissants de la Silicon Valley à une époque où la technologie façonne de plus en plus les marchés mondiaux. Il dévoilera par ailleurs la stratégie de Donald Trump en la matière, même si la décision du juge Mehta de maintenir le calendrier du procès laisse entrevoir une patience limitée à l'égard des recalibrages politiques.
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