La France s'est lancée dans un programme massif de redémarrage de son industrie nucléaire, avec la construction de 14 EPR 2 (dont 6 attendus d'ici à 2035, le solde restant à ce stade à l'état de projets). « Cela faisait des décennies que la filière attendait cette relance, souligne Vincent Champain, senior executive vice-président pour la performance digitale et l'IT de Framatome. Car on ne fait pas d'industrie sans répétition du geste. » Le défi qui accompagne cette industrialisation consistant évidemment à tenir les délais et les coûts du programme.

Selon un rapport de l'OCDE sur la filière nucléaire, l'utilisation du numérique fait partie des trois leviers principaux permettant de limiter les coûts du nucléaire, donc de massifier l'accès à cette énergie décarbonée (même si elle présente d'autres inconvénients). « Car nous sommes dans une industrie qui génère énormément de documentation. Par exemple, quand Framatome livre un générateur de vapeur, une pièce de 500 tonnes et de 35 mètres de haut, la documentation technique fait l'équivalent de 15 fois le plus gros roman de la langue française, A la recherche du temps perdu de Proust », illustre notre interlocuteur.

Premier déploiement pour l'EPR 2

Le PLM est un des projets clefs de cet effort de numérisation, et vise en particulier à intégrer les exigences du régulateur et des clients et, en sens inverse, de faire remonter les preuves des garanties prises quant au respect de ces contraintes. « Les ambitions de ce projet, mené conjointement avec EDF, sont de plusieurs ordres : accompagner une démarche de standardisation tout d'abord, faciliter la production des preuves et des exigences, centraliser les données dans un référentiel unique et, enfin, apporter des évolutions technologiques à nos pratiques, comme le passage du plan 2D à la 3D », détaille Vincent Champain. Car si la CAO s'est développée largement dans de multiples industries, son émergence a coïncidé avec l'hiver qu'a connu la filière nucléaire.

Retrouvez la vidéo de l'interview de Vincent Champain (12 min)

Basé sur la solution 3DS de Dassault Systèmes, le projet est entré en production, avec un déploiement sur quelques centaines de personnes pour l'instant. « C'était le périmètre prioritaire pour le programme EPR2, indique Vincent Champain. On va l'étendre progressivement à d'autres domaines. » Le nombre d'utilisateurs est ainsi appelé à croître de manière très significative, pour atteindre plusieurs milliers.

« L'un des enjeux de ces très grands projets réside dans le pilotage d'un très grand nombre de personnes, reprend notre interlocuteur. On fait face à un enjeu de management, car, personne n'est en mesure de comprendre tous les aspects d'un grand projet de ce type. La qualité du management, la collaboration entre les équipes, le partage d'un objectif commun sont des clefs essentielles de sa réussite. » Bien davantage que les enjeux techniques, indique le responsable.

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