C’est sur le campus d’Euralogistic à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) que s’est tenu le 2e comité interministériel de la logistique, le 21 octobre dernier, en présence de Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports, et d’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie. Au menu, la remise du rapport sur la logistique urbaine durable (LUD), mais aussi la présentation d’un appel à projets innovants. Si sans surprise, la logistique durable a été au cœur de la conférence, l’innovation numérique et la data se sont aussi fait une place de choix. Ces sujets avaient brillé par leur absence lors du 1er Cilog de décembre 2020. De plus, les actions privilégiées aujourd’hui voient la logistique de façon systémique, presque en filière, et non en silo d’activité, en séparant les flux et les stocks, les marchandises et les data, etc. Une vision que pousse France Logistique depuis sa création en janvier 2020.
Un appel à projets innovants logistique 4.0
« L’une des annonces fortes du gouvernement réside dans l’appel à projets Logistique 4.0 dans le cadre du 4e programme investissements d’avenir (PIA 4), » considère Constance Maréchal Dereux, directrice générale de France Logistique. La terminologie 4.0 est une analogie volontaire avec l’industrie 4.0 qui désigne depuis plusieurs années déjà la transformation numérique de l’industrie. Comme le précise le site du ministère de l’Écologie, cet appel à projets est « doté d’un budget prévisionnel de 90M€ dans le cadre de la stratégie d’accélération « digitalisation et décarbonation des mobilités » du PIA 4 ». À l’occasion de la SITL en septembre, Jean-Baptiste Djebbari avait annoncé un soutien financier de 3 ans au fret ferroviaire. Fin janvier, le ministre avait déjà lancé un appel à projets innovants concernant la transition écologique des transports. Ce nouvel appel à projets du Cilog est lui, le premier à cibler la logistique en tant que secteur global, et non comme un ensemble de composantes isolées.
« Le développement d’une « logistique 4.0 » répond aux enjeux d’amélioration de la compétitivité de la chaîne logistique en France et de maîtrise de son impact environnemental, » précise le site de l’Ademe qui héberge l’appel à projets. Comme le précise le ministère de l’Écologie, les thématiques choisies sont celles de « l’automatisation des segments maritimes et fluviaux des corridors logistiques, ainsi que des plateformes aéroportuaires […] et l'intégration des segments dans un concept global d'automatisation de la chaîne logistique multimodale de bout en bout. Il s’agit en particulier de traiter les interfaces en rupture de charge et avec les entrepôts, eux-mêmes engagés dans une accélération de leur modernisation et la logistique du dernier kilomètre. » Les projets candidats pourront concerner des briques technologiques, un système global innovant ou l’expérimentation d’un système innovant dans le cadre d’un démonstrateur territorial. Les dépôts de candidatures se termineront pour la première salve le 15 février 2022 à midi et pour la seconde le 15 mai 2022 à midi.
49 territoires de logistique prête à l’emploi
Un événement spécifiquement consacré à l’innovation en logistique devrait par ailleurs avoir lieu le 25 novembre. L’un de ses objectifs sera de mettre en relation le secteur avec des start-up qui travaillent sur des solutions innovantes le concernant. « Tout cela doit se construire autour de partenariats entre structures publiques et privées, continue Constance Maréchal-Dereux. »
« La carte des 49 territoires de logistique est une des excellentes nouvelles issues de ce deuxième comité interministériel, » continue la directrice générale. Il s’agit de valoriser ces sites, car ils sont prêts administrativement et techniquement à recevoir des activités logistiques. 33 d’entre eux disposent d’installations disponibles clés en main. Les 16 autres sont éligibles, car lauréats du fonds pour le recyclage des friches. Tous garantissent aux porteurs de projets que toutes les démarches administratives d’urbanisme, d’archéologie préventive, de développement durable, etc. ont été complétées. « C’est un outil d’attractivité très fort pour les collectivités, y compris d’un point de vue international, estime Constance Maréchal-Dereu. Les sites sont répartis dans toutes les régions de France. C’est une carte qu’il faudra faire vivre dans le temps. »
La data au cœur de la logistique urbaine durable
L’un des temps forts du Cilog a été la remise du rapport sur la logistique urbaine durable. Le document comprend 8 recommandations parmi lesquelles la collecte et le traitement des données pour constituer « un observatoire national de la logistique urbaine organisé autour de structures déjà existantes et compétentes sur les sujets de données ». Le rapport propose entre autres des expérimentations de mutualisation des données privées. « Il s’agit d’un prolongement du programme européen Interlud de chartes de logistiques urbaines déjà déployées dans certains territoires, » commente Constance Maréchal-Dereu. Certaines évolutions législatives sur les données statistiques sont par ailleurs nécessaires et il faut un accès simple aux arrêtés de circulation ou les données concernant les aires de livraison. Ce sont des données publiques statiques « faciles » à collecter. »
Une autre recommandation concerne la capacité des Gart (groupements des autorités responsables de transport) d’accompagner les collectivités pour s’en saisir, avec mission du GART. « Aujourd’hui, les Gart se concentrent surtout sur le transport de voyageurs, mais le ministre leur demande d’accompagner aussi les collectivités sur le sujet de la mobilité urbaine des marchandises », précise la directrice générale de France Logistique. » Il s’agit par exemple de les aider sur les objectifs de la task force sur la transition énergétique du transport routier, sur l’application des règles des ZFE (zones à faible émission), sur le choix de motorisations propres. Et de faire comprendre tous les impacts globaux de ces choix d’un certain type de véhicule en taille ou motorisation, du timing des projets, etc.
La date du prochain Cilog n’est pas encore fixée, mais la fréquence d’un comité annuel semble validée. Mais le comité interministériel sera décliné plus fréquemment à l’occasion de conférences régionales. Les deux premières seront lancées dès la fin de l’année 2021 dans deux régions pilotes.
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