A l’occasion de la cyber week organisée cette semaine, l’ACN (alliance pour la confiance numérique) a dévoilé son observatoire 2021 de la filière de la confiance numérique. Ce marché comprend plusieurs éléments : la cybersécurité (produits et logiciels) et la sécurité numérique (contrôle d’accès, identification et authentification des personnes, traçage et localisation, renseignement, …). Cet écosystème de 300 entreprises se porte bien malgré la crise, explique Philippe Vannier, président de l’ACN et ancien PDG de Bull. « En 2020, le secteur a été extrêmement résilient face à la crise en affichant une croissance soutenue de 6,4% à 21,4 milliards d’euros dont 13,4 milliards générés en France ».
Dans le détail, on constate que la partie cybersécurité a porté cette croissance avec +11,5% (10,9% pour les produits cyber et 12,3% pour les services cyber). « La bascule dans le cloud et l’adoption massive du télétravail ont réclamé d’importants besoins en cybersécurité notamment sur l’authentification », glisse Philippe Vannier. Par-contre, la demande en sécurité numérique affiche un repli de 1% en 2020 en raison « d’une baisse de la demande associée aux transports et aux voyages en particulier aériens (passeports, contrôle d’accès dans les aéroports, etc. », souligne l’observatoire.
Transformer en business la tendance sur la souveraineté
Tout va bien donc dans le meilleur des mondes, mais l’ACN souligne quelques points de vigilance pour le futur de la filière. Tout d’abord, le dynamisme du secteur doit être porté par la récente annonce du président de la République autour du plan cybersécurité. Ce dernier prévoit à l’horizon 2025 de multiplier par 3,5 le chiffre d’affaires de la filière pour le porter à 25 Mds€.
Au cœur de cette orientation politique, il y a la notion de souveraineté. L’ACN entend bien accompagner cette tendance. Même si elle relève « l’absence dommageable de culture d’achats de produits français, aussi bien de la part des entreprises que des administrations ». En complément, Elena Poincet, CEO de Tehtris, présente lors de la restitution de l’observatoire précise que « la concurrence étrangère est particulièrement intense en France ». Alors que faire pour aider la filière, des pistes sont évoquées comme « fixer des critères de souverainetés dans les contrats » ou « créer un dispositif de type crédit d’impôt cyber ». Cette dernière proposition a été reprise dans un rapport des sénateurs Sébastien Meurant et Rémi Cardon sur « La cybersécurité des entreprises. Prévenir et guérir : quels remèdes contre les cyber virus ? ».
Une ambition de formation et de réorientation
Autre point de vigilance soulevé par l’ACN, la question du recrutement et de la formation. Le secteur de la confiance numérique souffre d’une pénurie de compétences. Les formations d’ingénieur en cybersécurité se mettent progressivement en place, mais cela prend du temps. « Aujourd’hui, la France est capable de former 35 000 personnes, il faut que dans les cinq prochaines années, on passe à 70 000 », explique Edouard Jeanson directeur du centre expertise de sécurité chez Sogeti et membre de l’ACN. Il évoque le développement des filières longues et courtes avec par exemple « la création de 4 bachelors dédiés à la cybersécurité ».
Un autre axe de travail est « le reskilling, c’est-à-dire accompagner des personnes comme des juristes par exemple et les former aux problèmes de cybersécurité. Il y a des besoins sur les aspects juridiques de la cyber », observe Edouard Jeanson. L’accompagnement peut également se porter sur des développeurs qui intègrent le volet cyber dans leur travail, souligne le responsable. En tout cas le secteur de la confiance numérique qui représente aujourd’hui un peu plus de 69 200 emplois veut grossir dans les prochaines années.
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