Jusque là tout va bien. C'est en substance le message qui ressortait de la présentation par Numeum des résultats de son bilan 2023 et perspectives 2024 sur l'état du marché du numérique en France. Pour rappel cette étude prend en considération trois familles de membres du syndicat : les éditeurs et plateformes cloud, les entreprises de services numériques ainsi que les sociétés et cabinets de conseil en technologies. « Le marché est sur une dynamique assez forte depuis plusieurs années et 2022 a été une année d'exception », a lancé Véronique Torner présidente de Numeum en introduction d'un point presse à Paris. Avec une croissance de 7,5 % et 47 000 emplois créés, l'an passé est effectivement un cru de haute volée pour le secteur numérique en France et 2023 a également bien commencé.
Le syndicat en profite par ailleurs pour mettre en avant qu'en 15 ans ce secteur a connu une croissance de 35 % alors que dans le même temps le PIB a « seulement » progressé de 13 %. Les prochains mois s'annoncent toutefois plus compliqués. Les conditions de marché n'ont en effet plus grand chose à voir avec celles de l'effervescence de l'ère post covid, bien au contraire et l'heure est plutôt aux incertitudes économiques. Mais Numeum préfère voir le verre à moitié plein. Alors que l'année n'est pas encore finie, le syndicat table sur une croissance du marché du numérique en France de 6,5 % pour un chiffre d'affaires de 66,2 Md€. « On est sur une année 2023 avec une croissance un peu moins forte par rapport à 2022 qui a été extraordinaire », admet Benoit Darde, membre du comité exécutif de Numeum et de Wavestone. « On reste sur une bonne année de croissance mais on voit des signaux de ralentissement ».
Des comportements clients difficiles à prédire
Selon les prévisions de Numeum sur l'ensemble de l'année 2023, le secteur des éditeurs et plateformes cloud devrait bien tirer son épingle du jeu avec une progression attendue de 10,3 % de son activité par apport à l'an passé représentant 24,5 Md€. Derrière on trouve celui du conseil en technologies (+5,5 % et 7,8 Md€), et celui des ESN (+4,1 % et 33,8 Md€). Alors que 76 % des membres du syndicat s'attendent à de la croissance, 12 % tablent plutôt sur des revenus stables et 12 % de la décroissance. Avec pour conséquence que ce ralentissement d'activité au cours du second semestre actuel se ressente dans le résultat des entreprises l'an prochain. Ainsi, 35 % des membres de Numeum tablent sur une baisse du carnet de commandes (23 % sur une hausse et 42 % sur la stabilité), et 35 % estiment que le nombre de nouveaux projets gagnés diminuera (29 % pensent le contraire et 37 % ne perçoivent pas de changement).
Compte tenu de cet essoufflement, après des années fastes qu'il est bon de rappeler, la croissance 2024 du marché numérique en France devrait donc se contracter. Bien qu'annoncée largement positive, elle baisserait de 0,7 point pour se situer à +5,8 %. Tous les marchés seraient touchés : éditeurs (-0,8 point débouchant sur une croissance passant à 9,5%), ESN (-0,8 point avec croissance attendue à 3,3 %) et conseil en technologies (-0,9 point avec croissance attendue à 4,6 %). Concernant le marché des ESN, la baisse du nombre de ressources ainsi que le manque des opportunités commerciales constituent les deux principaux freins à la croissance pour respectivement 52 % et 37 % des membres de ce collège. « Il y a une vraie difficulté de prédire ce que va être le comportement de chacun de nos clients qui peuvent arrêter un projet, le décaler en réduire le scope ».
Des prix à la hausse pour compenser une baisse d'activité
Face à une baisse d'activité, le entreprises du secteur numérique peuvent être tentées de réduire leurs recrutements après une période forte d'embauche couplé à des augmentations de tarifs. Une tendance confirmée par Numeum : « aujourd'hui la bonne nouvelle, bien que nous allons avoir une moindre croissance d'effectifs reportés, nous savons pouvoir peser à plein sur les nouveaux prix négociés avec nos clients et comme nous sommes un peu plus prudent sur les recrutements nous maintiendrons un taux de production et d'utilisation des équipes assez fort et donc une capacité de rentabilité qui devrait être correcte et faire une assez bonne année 2024 », explique Benoit Darde.
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