Emballé et combatif. C'est la posture adoptée par Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, tout au long de sa méthodique - autant que minutieuse - présentation du bilan d'activité 2016 de la banque publique d'investissement, ce mardi matin devant la presse. Il a quelques mois, la Cour des Comptes s'alarmait d'un éventuel risque de fuite en avant, soulignant que le montant des interventions de l'établissement, en crédits comme en investissements en fonds propres, avait atteint 18,8 milliards d'euros en 2015. Pour l'année écoulée, force est de constater qu'il n'y a pas eu de baisse de régime. En 2016, Bpifrance a ainsi injecté dans près de 75 000 entreprises pas moins de 24,4 milliards d'euros, ventilés entre 8,4 milliards de prêts privés garantis, 13,6 milliards de crédits d'investissement et de financement à l'innovation, sans oublier 2,4 milliards d'investissement (activité de fonds de fonds, investissement direct dans les PME, entreprises à plus grande capitalisation...).
« Le stress de l'économie française a beaucoup reflué, le recours aux facilités de financement de la trésorerie a été plus favorable », a expliqué Nicolas Dufourcq. Concernant les crédits d'investissement, ceux-ci ont atteint 6,7 milliards d'euros, comprenant 4,3 milliards de prêts avec garantie (+5% sur un an) et 2,4 milliards de prêts sans garantie (+20%). En tout, 6 200 entreprises ont été financées, dont 3 400 en prêts sans garantie dont le montant moyen a augmenté de 17% pour atteindre 700 000 euros. A noter par ailleurs la percée du prêt croissance à l'export qui est passé en un an de 487 millions à 729 millions d'euros. « On emmène les entreprises en prospection, on finance leur prospection et on les aide à se développer », résume Nicolas Dufourcq. Et le directeur général de Bpifrance d'ajouter : « L'objectif 2017 est de doubler le nombre de PME recourant à l'assurance export. » Aux côtés des prêts à court terme (en recul de 5%), on trouve également dans les crédits et autres aides mobilisées pour les entreprises 1,3 milliard dédié au financement de l'innovation. Un montant stable d'une année sur l'autre dont ont pu bénéficier près de 6 000 entreprises contre près de 5 300 en 2015.
Bpifrance, un producteur d'entrepreneurs
En 2017, Bpifrance ne compte pas relâcher la pression. Au contraire même puisque l'établissement s'est donné comme objectifs de viser 8,7 milliards de garantie des crédits bancaires, 8,2 milliards en encours de crédits court terme, 7 milliards de crédits à l'investissement et 1,35 milliard consacré au financement de l'innovation. Soit un total de 25,25 milliards d'euros que l'établissement prévoit d'injecter dans l'économie, en légère hausse (+3,5%) par rapport aux 24,4 milliards de cette année, mais sans commune mesure toutefois avec l'augmentation enregistrée entre 2014 et 2015 (+30%). Les remarques de la Cour des Comptes ne sont semble-t-il pas tombées dans l'oreille d'un sourd...
« L'accompagnement est coeur de stratégie (...) On est producteur d'entreprises, on veut financer des blockbusters, pas uniquement des films d'arts et d'essai », a lancé un Nicolas Dufourcq qui rêve toujours autant de voir des start-ups se transformer en licornes, des PME se transformer en ETI, et des ETI devenir des champions mondiaux. Bpifrance est loin cependant d'oublier ses racines, à savoir incarner la banque des entreprises en régions, en collaboration d'ailleurs avec les autres réseaux et établissements bancaires traditionnels. En 2016, un milliard de financement injecté dans des entreprises a ainsi été adossé à des ressources des conseils régionaux. Bpifrance a par ailleurs indiqué lors de sa conférence de presse qu'il comptait élargir, à terme, à l'ensemble des régions ses accélérateurs PME, ETI et également start-ups, semblables d'après le directeur général de l'établissement, à des « centres de formation et de préparation d'athlètes, très sérieux, très exigeants. »
Les régions vont d'ailleurs être encore plus au centre des attentions de l'établissement public cette année, par le biais de l'élargissement de son nouveau prêt croissance dédié au développement des TPE. Lancé d'abord en Ile-de-France (septembre 2016) puis en Bretagne (novembre 2016), ce prêt va être disponible progressivement dans toutes les autres régions, dont notamment Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France ou encore les Pays-de-la-Loire. Le prêt peut uniquement être souscrit en ligne et ne nécessite aucune garantie, sachant que son montant peut atteindre 50 000 euros et servir à financer des projets aussi bien matériels qu'immatériels.
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