A la fin mai, Broadcom a annoncé sa volonté d’acquérir pour VMware pour 61 milliards de dollars. Assez rapidement, les analystes ont anticipé des hausses de tarifs importantes au cas où le rachat se ferait. Il est vrai qu'il y a deux précédents : CA Technologies en 2018 et Symantec en 2020. Le Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises) se joint aujourd'hui au concert des inquiétudes : VMware est en effet en position largement dominante sur le marché de la virtualisation et un changement de politique commerciale aurait un fort impact budgétaire dans les entreprises.
« Les 155 grandes entreprises et administrations publiques françaises membres du Cigref sont, sans exception, clientes de VMware » note ainsi l'association dans un communiqué. Les objectifs de Broadcom en termes de marges impliqueraient nécessairement des augmentations substantielles de tarifs et des suppressions nombreuses de postes. Le Cigref a donc décidé d'alerter la Commission européenne « sur les risques de pratiques abusives auxquels ce rachat pourrait conduire ».
Un passif avec Broadcom, la Commission européenne sollicitée
En effet, un tel rachat nécessite l'accord de plusieurs autorités en charge de la concurrence dont l’UE et les Etats-Unis. L’application de réserves à l’opération ou une enquête approfondie sur l’impact de l’acquisition (récemment évoquée par le Financial Times) par la Commission européenne pourraient retarder ou bloquer le rachat. Les relations commerciales semblent aujourd'hui satisfaisantes entre VMware et ses principaux clients. Le Cigref relève ainsi : « bien qu'elle soit en position dominante sur le marché de la virtualisation, la société VMware ne semble pas s'adonner à des pratiques pouvant être qualifiées d'abusives, et les membres du Cigref clients de VMware n'ont pas manifesté de difficultés quant aux relations commerciales et contractuelles qu'ils entretiennent avec cet éditeur ».
Se basant sur les rachats antérieurs de CA Technologies et Symantec, le Cigref craint le pire si Broadcom parvenait à mettre la main sur le spécialiste de la virtualisation : « la société est considérée par la plupart de ses clients comme un acteur agressif, multipliant des pratiques qui pourraient être qualifiées d'abusives et de déloyales. » En décembre 2020, le Cigref s'était ému auprès de Broadcom de hausses importantes de tarifs et de changements contractuels avec des clauses « inacceptables » notamment sur la partie mainframe mais l'éditeur n'avait pas daigné répondre formellement. Aujourd'hui, les membres du Cigref notent un changement d'attitude au sein des équipes de VMware avec une « réalisation anticipée » de l'acquisition. Cela se traduit par un « contrôle par Broadcom des opérations commerciales en cours de VMware et de limitation de certaines clauses contractuelles ». L'association rappelle que cette démarche est interdite.
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