Créé en octobre 2008, le ceGSI fête ce mois-ci ses 10 ans. « Une décennie de bouleversements numériques » au cours de laquelle le club européen de la gouvernance des systèmes d'information s'est employé à démontrer, auprès des directions générales et des responsables informatiques en France et en Europe, le rôle joué par cette gouvernance dans la création de valeur. Le mardi 23 octobre, le club organise un événement pour faire un point sur les évolutions des enjeux, en présence de Gilles Babinet, digital champion de la France auprès de la Commission européenne. Le 10ème anniversaire du ceGSI se tiendra à Paris Story (9ème) à partir de 8 h 30. En amont de cette manifestation s'est tenue la 10ème conférence internationale du club, la semaine dernière à Lisbonne. A cette occasion, Christophe Legrenzi, membre fondateur et vice-président du ceGSI, a publié un article où il rappelle le paradoxe de Solow qui voit le producteur d'informatique s'enrichir « alors que l'utilisateur de ces technologies, nos organisation publiques et privées, ont le plus grand mal à créer de la valeur ».
LMI : Dans quel contexte le ceGSI s’est-il constitué il y a dix ans ?
Christophe Legrenzi : Le club s’est créé à la base sur deux grands noms, Claude Salzman, consultant, ingénieur en chef à la Cegos dans les années 90, et Almiro de Oliveira, consultant pour l’administration publique et sommité dans la péninsule ibérique. La gouvernance du système d’information qui touche tous les processus a très souvent été confondue avec les best practices informatiques comme ITIL ou CMMI, associés à des référentiels de gouvernance. C’est faux. C’est le piège. Il y a dix ans, il existait déjà un mouvement de gouvernance, Cobit, mais il est très IT. Je suis membre de l’Isaca - qui a créé Cobit il y a 20 ans - et je me suis aperçu de cette dérive intellectuelle et conceptuelle, voire méthodologique, sur la technologie que l’on met au centre. On ne comprend pas que la gouvernance est de fait exogène, elle s’adresse à l’actionnaire, pas à l’informatique. On peut le résumer en trois points. Premièrement, il y a une différence entre gouvernance informatique et gouvernance des systèmes d’information. Deuxièmement, on voit bien le paradoxe de Solow : l’industrie informatique s’enrichit alors que l’utilisateur n’est pas plus performant. Clairement, c’est un problème de gouvernance. Troisièmement, il y a une confusion entre best practices informatiques et gouvernance. Ce sont les trois enjeux qui ont conduit à la création du club. Il compte entre 200 et 300 adhérents en Europe dont 70 en France, avec parmi les profils des universitaires, des experts, des consultants et des responsables des systèmes d’information.
En 10 ans, de quelle façon le club a-t-il contribué à faire prendre conscience de ces enjeux ?
La force de frappe d’une association est limitée, mais parmi les grandes réalisations, nous avons publié Le Manifeste pour la gouvernance des systèmes d’information qui a été remis à jour il y a 2 ou 3 ans. Il y a ensuite l’animation de clubs, en France, en Suisse, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Benelux, en Grande-Bretagne et au Portugal. Il y a des réunions thématiques, l’une des dernières a porté sur l’intelligence artificielle et la gouvernance de l’IA et des algorithmes. L’un des plus grands succès est le club portugais qui compte 3 membres du gouvernement. Au plus haut niveau de l’Etat, il y a une prise de conscience du sujet de la gouvernance. Ce n’est pas encore le cas en France. Ce serait prétentieux de dire que l’on a changé quelque chose mais il y a des avancées. Pour notre prochain événement, mardi 23 octobre, j’ai été étonné de voir parmi les inscriptions un tiers de directeurs généraux. C’était très rare de voir ces profils il y a 3 ou 5 ans.
Quelles sont les prochaines étapes pour le ceGSI ?
De façon modeste, de l’information, de la réflexion et une prise de conscience, que les entreprises publiques et privées soient plus performantes et qu’elles ne tombent pas dans le piège de l’industrie informatique. Il faut vraiment prendre du recul, ne pas se laisser entraîner par les sirènes des fournisseurs informatiques et prendre le temps de repenser le positionnement de son entreprise dans son marché. C’est indispensable.
Bonjour,
Signaler un abusPour compléter ma remarque précédente : https://www.latribune.fr/economie/international/les-sept-armes-imparables-qui-permettent-aux-etats-unis-de-dominer-le-monde-789141.html
Extrait :"Désormais, le Cloud Act (Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act) s'applique à toutes les sociétés relevant de la juridiction des États-Unis et qui contrôlent les données quel que soit le lieu où elles sont stockées, selon l'avocat Yann Padova. Les grands acteurs américains du cloud et leurs filiales devront donc s'y conformer. Tout comme le devront les autres entreprises du secteur, y compris européennes, qui opèrent sur le territoire américain. Clairement, des données stockées hors des États-Unis mais sur des serveurs appartenant à des sociétés américaines ne peuvent plus être considérées comme sécurisées. Le Cloud Act donne la possibilité aux États-Unis d'accéder aux données dès lors qu'elles sont hébergées par des Cloud Providers américains, sans que les utilisateurs en soient informés, quand bien même ces données seraient stockées en France ou concerneraient un ressortissant européen, et ce sans passer par les tribunaux."