Cette semaine, lors d'une réunion organisée à Dubrovnik (Croatie), le 3rd Generation Partnership Project (3GPP) a approuvé le plan de travail proposé fin février par plusieurs grands opérateurs et équipementiers mobiles sur l’adoption d’une spécification 5G provisoire préalablement à l’achèvement de la norme définitive. Comme l’a déclaré hier dans un blog Lorenzo Casaccia, vice-président des normes techniques chez Qualcomm, « il est important de déployer sans tarder la prochaine norme mobile dans le monde parce que la consommation de données par les utilisateurs continue d'augmenter ». Qualcomm a donc décidé de soutenir la spécification intermédiaire, appelée Non-Standelone 5G NR, qui sera prête à la fin de l’année, la livraison du code logiciel étant prévue trois mois plus tard environ.
Qualcomm et la plupart des autres grands acteurs avaient approuvé, sans trop de réserve, l’adoption de cette quasi 5G juste avant l’ouverture du Mobile World Congress de Barcelone (27 février – 2 mars). Depuis, Nokia et Verizon, deux acteurs majeurs qui ne s’étaient pas encore prononcés sur cette feuille de route, sont désormais de la partie. Au total, plus de 40 entreprises du secteur, dont Intel, Ericsson, Huawei et Samsung, soutiennent ce calendrier. La norme Non-Standalone 5G NR (New Radio) permettra aux développeurs de créer des appareils et des logiciels 5G qui utiliseront encore les fréquences et les réseaux 4G/LTE actuels pour la couverture et la gestion de la mobilité jusqu’à la mise en service de la norme finale. Cette norme, dite Standalone 5G NR, s’appuiera pour le coup sur un réseau 5G. La norme intermédiaire Non-Standalone 5G NR qui devrait être prête mi-2018 et disponible plus tard dans l’année en code logiciel « permettra une compatibilité ascendante de sorte que les transporteurs n’auront pas à changer leurs équipements quand le déploiement à grande échelle de la norme 5G définitive sera possible », a précisé Lorenzo Casaccia.
Palier la baisse historique des équipements cellulaires
Le 3rd Generation Partnership Project (3GPP) a encore beaucoup de décisions à prendre avant d’arriver à cette version définitive et beaucoup de pièces à rassembler avant la livraison des spécifications. Contrairement à la 4G, la prochaine norme doit répondre à des exigences comme la faible latence pour la VR et les véhicules autonomes, ou encore elle doit être capable de connecter des millions d'appareils IoT qui n'ont pas les capacités énergétiques pour utiliser les fréquences radios cellulaires classiques. Des dizaines d'essais technologiques sont déjà menés actuellement, et de nombreux autres suivront. Le test en situation réelle que l'opérateur sud-coréen KT prévoit de réaliser pendant les Jeux olympiques d'hiver de l'année prochaine à Pyeongchang sera une étape importante de cette phase d’essai. Parce que la 5G s’appuie sur plusieurs nouvelles bandes de fréquences cellulaires, dont une bande de fréquence partagée autour des 3,5 GHz aux États-Unis et des bandes d'ondes millimétriques dans les fréquences 28 GHz et 39 GHz pour de nombreux pays, les régulateurs de chaque pays doivent rendre ces spectres de fréquence accessibles. Côté périphérique, Qualcomm et Intel ont annoncé des modems dits 5G, dont certains seront compatibles à la fois avec les fréquences d'ondes millimétriques et les fréquences plus basses.
Les opérateurs et les fournisseurs ont tous de bonnes raisons d'accélérer l’avènement de la 5G. Selon Dell'Oro Group qui suit le marché du RAN (réseau d'accès radio) depuis 2000, « parce que les réseaux 4G/LTE sont déjà en place, le secteur de l'équipement cellulaire subit une baisse historique et devrait connaître ses cinq pires années jusqu’à 2021 », a déclaré le consultant le mois dernier. Le cabinet d’étude ne prévoit pas d’embellie sur ce marché avant le déploiement de la 5G définitive. Pour les opérateurs, la 5G est une opportunité d'étendre leurs activités dans de nouveaux domaines, en particulier l’Internet des Objets (IoT). Surtout, ils aimeraient pouvoir faire autre chose que de vendre des abonnements mobiles.
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