La devise numérique bitcoin est-elle menacée d’une prochaine disparition par la faute d’une vision stratégique divergente entre ses membres fondateurs ? Le cours de la monnaie virtuelle a perdu 40 dollars mardi 18 août pour tomber à 215 dollars avant de repasser au-dessus des 234 dollars ce jeudi. Pour certains traders, ce crash éclair a été causé par la vente de 20 000 bitcoins sur la plateforme Bitfinex. D’autres l’imputent encore et toujours à la volatilité de la monnaie numérique. Ce moyen de paiement peer-to-peer, mis en oeuvre par le biais d’un logiciel Open Source développé par l'énigmatique Satoshi Nakamoto, permet à ses utilisateurs d’effectuer directement des transactions, sans passer par un intermédiaire. Mais depuis son lancement il y a six ans et demi, la devise virtuelle peine à étendre son adoption au-delà d’un cercle d’avertis, sans omettre la présence parmi eux d’un certain nombre d’utilisateurs malintentionnés qui profitent de l’anonymat qu’offre la devise virtuelle pour l’exploiter sur des marchés du « deep web » (achats d’armes et de drogue sur le site Silkroad, notamment, dont on s'est demandé s'il avait des liens avec les créateurs du bitcoin). En outre, le mode d’emploi de la monnaie numérique reste obscur pour la majorité de ses utilisateurs potentiels. Et beaucoup de ceux qui le comprennent ne s’y risquent pas.
Bitcoin Core concurrencé par le fork Bitcoin XT
L’évolution du logiciel client d’origine permettant de payer en bitcoins porte aujourd’hui le nom de Bitcoin Core. On peut le télécharger sur le site de la Fondation Bitcoin qui promeut le développement de la monnaie numérique. Il se trouve désormais concurrencé par un autre client, Bitcoin XT, promu par certains membres de la fondation Bitcoin elle-même. Ce nouveau venu vient ajouter des modifications au-dessus du logiciel d’origine pour remédier à certaines de ses limites. Lorsqu’une transaction en bitcoins est effectuée, elle est traitée et enregistrée par de nombreux ordinateurs en même temps, formant une chaîne de blocks (blockchain), le block étant la partie du logiciel qui l’effectue. La version Bitcoin XT vient augmenter de 1 Mo à 8 Mo la taille des blocks qui forment cette chaîne. L'objectif est de pouvoir traiter davantage de transactions afin de pouvoir faire face à une utilisation croissante de la devise. Pour certains spécialistes des marchés financiers, tels que le consultant Martin Tillier, Bitcoin XT n’est ni plus ni moins qu’un « fork » du logiciel d’origine, ainsi qu’il l’écrit sur Nasdaq.com. Une bifurcation qui, rappelle-t-il, n’a rien d’extraordinaire dans le monde de l’Open Source.
Mais certains membres de la fondation bitcoin ne voient pas cette évolution d'un bon oeil. Pour eux, ce n’est pas une bonne chose. Ils estiment qu’étendre la taille des blocs va accélérer l’arrivée d’autres fonctions qui ne sont pas souhaitables. D’ailleurs, rappelle Martin Tillier, la limite des 1 Mo n’existait pas au départ, elle a été ajoutée ensuite par le créateur du Bitcoin pour protéger la monnaie contre les surcharges de toutes sortes. Comment la coexistence des clients Bitcoin Core et Bitcoin XT va-t-elle évoluer ? Cette lutte interne va-t-elle sonner à terme le glas de ce moyen de paiement qui, pourtant, avait vu sa volatilité se réduire au cours des derniers mois.
En avril dernier, la fondation Bitcoin était néanmoins au bord de la faillite. Elle avait, selon Olivier Janssens, l’un des membres de son conseil d’administration, licencié plus de la moitié de son personnel. Tandis que deux autres membres du board indiquaient de leur côté que la fondation avait juste besoin d’une restructuration. Début août, la devise virtuelle a de nouveau défrayé la chronique à la suite de l’arrestation, au Japon, du Français Mark Karpeles, président de la plateforme d’échange de bitcoins MtGox, soupçonné d’avoir voulu accéder au système d’information de sa société pour falsifier des données financières. En mars 2014, MtGox avait fait faillite après la disparition de 850 000 bitcoins.
Bitcoin est une méthode distribuée conçue pour valider des transactions sans acteur central (tel qu'une banque): c'est de toutes façons une expérience intéressante.
Signaler un abusSa faiblesse réside dans le fait que les premiers entrants sont mieux rémunérés que les suivants: bien qu'il ne s'agisse pas d'une pyramide de Ponzi, la rémunération des "mineurs" (contrepartie de la validation distribuée) est de plus en plus faible (elle nécessite de plus en plus de puissance de calcul). La plupart (45%) des bitcoins serait détenue par moins de 1500 individus, parmi lesquels les initiateurs du système sont probablement en bonne place...
Même si Bitcoin échoue en tant que monnaie numérique le processus de validation distribuée qu'il décrit demeure intéressant pour concevoir des systèmes s'affrichissant d'une autorité centralisée...
il faut laisser au temps le temps...
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