En 12 ans, le logiciel d’infrastructure cloud OpenStack en est à sa 25e version, dénommée Yoga. Celle-ci a étendu le support du matériel, en particulier des DPU SmartNIC, et renforcé son intégration avec Kubernetes. « 25 millions de coeurs sont en production contre 15 millions en 2020 avec plus de 100 nouveaux clouds », a rappelé en début de semaine Thierry Carrez, directeur général depuis janvier de l’Open Infrastructure Foundation qui héberge le projet open source. OpenStack, ce sont notamment plus de 180 datacenters de cloud public distribués. « L’empreinte de cloud public d’OpenStack est massive à travers le monde », a souligné celui qui a également été responsable de l’ingénierie sur le logiciel. Depuis 2012, la communauté du projet a fusionné plus de 560 000 changements provenant de 8 700 contributeurs, a-t-il résumé.
L’adoption d’OpenStack reste prépondérante chez les opérateurs de télécommunications et les déploiements continuent à progresser chez des utilisateurs établis comme Bloomberg, Walmart, le Cern, Yahoo ou Workday. « 7 organisations exploitent plus d’un million de coeurs », a pointé Thierry Carrez, dont Workday, Walmart et China Mobile (6 millions de coeurs). Du côté des récents contributeurs au projet, le DG a cité Nvidia, mais aussi la BBC (qui arrive en 7e position sur la version Yoga) et parmi les nouveaux utilisateurs, l’ECMWF (Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme) qui présentera une démonstration de son cloud OpenStack durant la prochaine conférence utilisateurs du projet. En effet, dans deux mois, l’OpenInfra Summit fera son retour, première réunion sur site depuis deux ans et demi. Un millier de participants sont attendus du 7 au 9 juin 2022 à Berlin. Kendall Nelson, responsable des développeurs en amont, a indiqué qu’il y sera question de connectivité 5G, avec le premier cas d’utilisateur 5G Kata Containers et OpenStack, de Magma sur OpenStack, de Confidential Computing, du support des DPU et GPU et des travaux d’OpenInfra dans le secteur automobile.
Des apports sur Neutron, Nova, Cinder et Manila
Sur la version Yoga d’OpenStack, Thierry Carrez a d’abord souligné l’extension de la prise en charge matérielle, poussée par l’arrivée de plus en plus de matériels spécialisés. Ainsi, Neutron, le projet de réseau as-a-service, s’enrichit du support d’un type de contrôleur d’interface réseau virtuel (VNIC) géré à distance ce qui permet de créer directement des ports réseaux pour se connecter aux DPU (data processing unit) SmartNIC. On trouve l’équivalent dans Nova (provisionnement des instances de compute) qui offre aussi la capacité de connecter directement des ports réseaux pour les VM dans ces backends réseaux afin de tirer parti des SmartNIC et de renforcer la sécurité en supprimant le control plane du serveur hôte. Sur la partie stockage, Cinder (service de stockage blocs) supporte trois autres pilotes pour LightOS for NVMe/TCP (Lightbits), Toyou NetStor Fibre Channel et Nec V Séries Storage (FC et iSCSI).
Sur la partie réseau, Neutron permet d’ajouter une IP locale haute performance à partager entre VM avec la garantie qu’elle ne sera accessible que dans les limites d’un serveur physique ou d’un noeud. Cela permet la mise en oeuvre de scénarios de performance à haute efficacité du plan de données réseau pour les clouds à très grande échelle ou ayant des demandes de débit réseau élevées. Le projet Manila, qui assure le service de système de fichiers partagé, bénéficie aussi d'une amélioration. Les partages à supprimer peuvent être placés dans une corbeille et y rester pendant un délai configurable avant d’être détruits. Tant qu’ils restent dans la corbeille, ces partages de système de fichiers peuvent être consultés et restaurés à la demande.
Extensions de la compatibilité native cloud
Les autres évolutions de Yoga portent sur l’extension de la compatibilité native cloud avec Kubernetes et avec l’outil de monitoring orienté alerte Prometheus. L’intégration avec ce dernier se fait à travers Octavia, l’équilibreur de charge, et Kolla, l’outil d’automatisation d’OpenStack. « Elle est beaucoup plus forte pour une variété de cas d’usage », a indiqué Kendall Nelson. Octavia supporte maintenant une observabilité plus poussée par l’ajout de points d’écoute exposés à travers un agent Prometheus pour la récupération de métriques. Le service d’équilibrage de charge peut ainsi exposer plus de 150 métriques. De son côté, le projet Kolla prend maintenant en charge le déploiement de l’exportateur Prometheus Libvirt.
Sur Yoga, l’intégration avec Kubernetes progresse sur les projets Kuryr et Tacker. Le premier joue le rôle de passerelle entre le service réseau Neutron et les conteneurs Docker. Il s’enrichit de capacités de débogage en incluant les événements Kubernetes aux ressources qu’il gère. Quant à Tacker, service d’orchestration NFV (virtualisation des fonctions réseau), il ajoute plusieurs fonctionnalités à son gestionnaire d’infrastructure virtualisée Kubernetes, dont l'utilisation d'images de registre privé Docker ou de graphes Helm pour déployer des fonctions de réseau de conteneurs (CNF).
OpenStack, l'un des 3 ou 4 projets les plus actifs
En conclusion de la présentation de cette version Yoga, téléchargeable sur le site OpenStack, Mark Collier, l’un des co-fondateurs du projet en 2010, a remis en mémoire que la plateforme reste parmi les 3 ou 4 projets open source les plus actifs dans le monde, aux côtés de projets comme Linux et Kubernetes. Il est revenu sur la contribution des ingénieurs de Nvidia qui ont apporté le support des SmartNIC et insisté sur l’arrivée des DPU conçus spécifiquement pour le datacenter désormais pris en compte dans OpenStack avec Yoga. « Après 25 versions, le rythme des contributions est toujours soutenu », a souligné Mark Collier. Quant à l’Open Infrastructure Foundation qui héberge le projet, elle a vu ses membres progresser de 20% depuis novembre 2021. L’organisation compte aujourd’hui 100 000 membres dans 187 pays.
(màj) Interrogé par la rédaction de LMI sur le niveau de participation de Nvidia à la version Yoga, Thierry Carrez, DG de l'OIF, nous a précisé que, selon la base de données des membres de la Fondation pour l'affiliation, le fournisseur d'accélérateurs graphiques se classait « au 14e rang des entreprises qui contribuent le plus à Yoga », sur 125 organisations. « 80 changements ont été apportés par des employés de Nvidia dans Yoga. La plupart de ces efforts de développement sont consacrés à Swift - Nivdia a acquis SwiftStack il y a quelques années. Mais dernièrement, nous avons assisté à une intensification des travaux d'activation matérielle autour des DPU et des SmartNIC. »
Les principaux contributeurs à la version Yoga, selon Stackalytics : Red Hat (50,8%), puis en haut, de droite à gauche, Ericsson, Binero, Canonical, indépendants, Nec, stackHPC, BBC, Yovole. En recherchant parmi les contributions de Nvidia, on trouve tripleo-heat-templates, pour s'assurer du bon support des SmartNICs de NVidia Mellanox. En vert (21,7%), l'ensemble des autres contributeurs. (Crédit : Stackalytics)
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