On s'ennuie rarement avec Guy Mamou-Mani, président du Syntec Numérique (*) qui lance « la SSII qui vend du CV sans engagement à des DSI pour des contrats de longue durée, c'est mort, la SSII de grand papa c'est fini, il faut changer de business model, d'offres, de modèles de facturation ». Une telle déclaration à un tel moment n'est pas le fruit du hasard : le président du Syntec Numérique annonce une révision à la hausse des prévisions de croissance de son secteur et parallèlement, selon une étude IDC qu'il a commandée, une augmentation ou une stabilisation des dépenses informatiques externes des DSI pour 2016. En clair, les SSII doivent refaire leurs plans, ne plus passer pour des loueurs de main d'oeuvre qualifiée, afin de prendre part à la fameuse transformation numérique qu'engagent leurs clients DSI.
A l'appui de ce raisonnement, quelques chiffres. Côté DSI, 80% d'entre eux, selon IDC, anticipent une croissance de leurs dépenses en 2016. Ils n'étaient que 67% à le faire en février 2015. 66% d'entre eux, en février 2016 toujours, accélèrent leurs projets de transformation digitale, 6% seulement envisagent un ralentissement de ces projets. Ce qu'IDC nomme les projets SMACS, social, mobility, analytics, cloud et security, représentera 6,8 milliards d'euros en France en 2016, en hausse de 18,2%. 16% de ce budget SMACS devrait revenir au secteur logiciels et services. Les dépenses pour ce secteur devraient augmenter de 16,2% d'ici 2018, les dépenses IT traditionnelles de 0,2% d'ici à la même date. Parallèlement les DSI ne sont plus seuls à décider, toujours selon IDC : 43% des projets numériques sont gérés conjointement par l'IT et par les métiers, 37% par l'IT seule, 20% par les directions métiers seules.
Le syndicat professionnel, pour sa part, revoit ses prévisions à la hausse. Un petit moment d'euphorie ne fait pas de mal, corrigé par le fait que cette croissance reste en retrait par rapport à celles des économies comparables. Guy Mamou-Mani pointe la frilosité des dirigeants politiques françaises, voire leur manque de connaissance du numérique et de l'entreprise. La critique revient depuis des années. La croissance mondiale dans les logiciels et services devrait se situer à 4,4% en 2016, et 2,6% en France (contre 2,2% initialement prévus), en 2015 elle était de 4,3% dans le monde et de 2,1% en France.
(*) Son 2ème mandat, non reconductible, s'achève fin juin, deux candidats se sont déclarés à sa succession (les candidatures sont closes depuis un mois), Godefroy de Bentzmann, co-président de Devoteam, en lice depuis plusieurs mois, et un candidat de dernière heure, Alexandre Zapolsky, patron de Linagora.
Stanlislas de Bentzmann, frère de Godefroy et co-président de Devoteam, est président de Croissance Plus, mandat qu'il laissera en cas d'élection de son frère au Syntec Numérique. L'un des deux dirigera l'ESN à plein temps.
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