Disposer de données en quantité ne facilite pas forcément la prise de décisions, contrairement à ce qu'une vision superficielle des choses pourrait laisser croire. La réalité s'avère bien plus nuancée, comme en témoigne une étude réalisée en début d'année dans le monde entier pour le compte de l'éditeur Oracle, intitulée « Le dilemme de la prise de décisions ». Dans cette enquête, pour laquelle plus de 14 000 professionnels dans 17 pays ont été interrogés, les répondants laissent transparaître un certain nombre de difficultés face aux volumes de données croissants.
Selon cette étude, plus de sept professionnels sur dix (74%) et 63% des répondants français indiquent que le nombre de décisions qu'ils doivent prendre chaque jour a été multiplié par dix au cours des trois dernières années. Par ailleurs, près de huit sondés sur dix (78%) estiment ne jamais avoir eu autant de données issues de sources différentes disponibles pour appuyer leurs décisions. Mais pour 86% des répondants au niveau mondial, cette volumétrie rend la prise de décisions bien plus compliquée. En France, environ un répondant sur deux (48%) se dit ainsi confronté à des dilemmes plus d'une fois par jour, une proportion plus élevée encore au niveau mondial, où 59% des sondés vivent quotidiennement de telles situations. Ces difficultés à prendre des décisions entraînent des répercussions négatives pour 79% des répondants français (et 85% au niveau global), dont des pics de stress (38% des Français, 36% dans le monde), des opportunités ratées (27% des Français, 33% au niveau global) ou des dépenses inutiles (16% en France contre 29% dans le monde).
Des outils data pas toujours en phase avec les besoins des décideurs
La volumétrie en elle-même pose problème, avec sept répondants sur dix qui confient avoir renoncé à prendre une décision, car celle-ci nécessitait de traiter trop de données. Avec des quantités massives de données, la collecte et l'interprétation s'apparentent en effet à des tâches insurmontables pour 70% des sondés. Toutefois, d'autres freins entrent également en cause. Ainsi, 39% des répondants français (35% au niveau mondial) peinent à savoir à quelles sources ils peuvent se fier. Les approches en place dans les entreprises sont également pointées du doigt. Les dirigeants interrogés pensent ainsi, pour 77% d'entre eux, que les tableaux et graphiques à leur disposition ne sont pas toujours en lien direct avec les décisions qu'ils doivent prendre, tandis que 70% estiment que la majorité des données ne sont vraiment utiles que pour des professionnels en mesure de les exploiter - data scientists et professionnels IT.
Conséquence de ces difficultés, plus de neuf professionnels sur dix (91% en France, 93% dans le monde) ont changé leur manière de prendre des décisions au cours des trois dernières années : certains ne se fient plus qu'à quelques sources en qui ils ont confiance (35% en France, 39% dans le monde), d'autres privilégient leur intuition (32% en France, 29% dans le monde). Néanmoins, ils sont 97% à souhaiter pouvoir continuer de s'appuyer sur des données pour décider, convaincus que celles-ci peuvent les aider à prendre de meilleures décisions. Sans données, ils admettent que leurs décisions risquent d'être moins précises (41% en France, 44% dans le monde) ou davantage sujettes aux erreurs (35% en France, 39% dans le monde). Ces résultats confirment que les enjeux résident principalement dans le tri et la qualification des données mises à disposition des employés et des dirigeants.
Pour Seth Stephens-Davidowitz, auteur et contributeur du New York Times, qui a participé à la rédaction de l'étude, celle-ci « met en évidence le fait que le volume écrasant d'informations ingurgitées par une personne au quotidien via ses recherches sur Internet, les alertes d'actualités, les remarques spontanées d'amis, etc., dépasse souvent la somme d'informations que le cerveau peut traiter. Nous sommes alors tentés de rejeter toutes ces données déroutantes, voire contradictoires, et de faire ce qui nous semble juste ». Mais cela peut être une grossière erreur, poursuit-il. « Il a été prouvé à maintes reprises que nos intuitions peuvent nous égarer et la meilleure prise de décision nécessite une bonne compréhension des données pertinentes. Une première étape cruciale serait de trouver un moyen de maîtriser le flux de données à la disposition des entreprises pour aider les décideurs et employés à distinguer les signaux utiles du reste. »
La surcharge de données entrave la prise de décisions
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Noyés sous les données, les employés comme les dirigeants peinent à utiliser ces dernières pour prendre des décisions, comme le souligne une étude récemment publiée par Oracle.
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