De la grogne, des procès, mais, à la fin, c'est Broadcom qui remporte la partie. C'est en tout cas la lecture qu'en fait David Vellante, co-fondateur du cabinet Cube Research, basé dans la Silicon Valley. « Alors que la plupart des médias et des concurrents [de VMware, NDLR] se concentrent sur l'augmentation des frais de licence imposés par Broadcom et sur l'urgence d'abandonner VMware, les conversations avec les clients et les données récentes suggèrent que si des migrations ont bien lieu, la réalité est que le recentrage de VMware et sa rigueur en matière de coûts permettent à Broadcom d'intégrer cet éditeur avec succès au sein de son modèle économique », écrit l'analyste.
Selon ce dernier, on observe en réalité un double mouvement : la migration hors de VMware d'applications de faible valeur pour les entreprises et le maintien sur cette technologie d'applications critiques, pour lesquelles « Broadcom fournit à ses clients une feuille de route qui se révèle souvent plus efficace en termes de coûts qu'un projet de migration ». Là encore, dixit Cube, qui reconnaît toutefois que cette équation budgétaire nécessite une utilisation de l'ensemble de la suite VMware Cloud Foundation (VCF).
Remonter la marge en s'éloignant d'AWS
Certes, comme le montre un baromètre trimestriel d'ETR, le pourcentage de clients lancés dans une stratégie de réduction ou de remplacement de VMware a plus que doublé en un an, passant de 15 à 31% entre octobre 2023 et octobre 2024. Mais, selon Cube, cet indicateur reflète, d'abord, la stratégie assumée de Broadcom de se concentrer sur un certain nombre de clients et d'imposer sa logique de bundle autour de VCF. Autre levier de la stratégie de Hock Tan, le patron de Broadcom, pour rentabiliser son investissement de 69 Md$ : s'éloigner des hyperscalers (en particulier d'AWS) pour éviter d'avoir à partager sa marge, et ramener ainsi à près de zéro le coût de ses marchandises vendues.
Pour l'analyste de Cube, malgré tout le battage entourant les migrations depuis VMware, plus de la moitié des entreprises utilisatrices de la technologie n'ont pas de stratégie de sortie. Parmi les autres, l'attitude dominante revient à détourer le périmètre VMware et à investir sur d'autres technologies. « Les migrations sont difficiles et presque toujours plus coûteuses que le statu quo. Il est vrai que sur les marchés Legacy comme celui de VMware, le risque de verrouillage et de surenchère des prix est une menace réelle. Le calcul de Broadcom consiste à élaborer une stratégie dans laquelle les clients obtiennent plus de valeur en restant sur la plateforme [qu'en la quittant, NDLR] », écrit David Vellante. Pour ce dernier, pas plus de 20 à 30% des applications tournant actuellement sur VMware peuvent migrer facilement vers une autre technologie (cloud, alternative Open Source ou commerciale).
More value for the shareholders !
La conclusion pour l'analyste ? Sur le plan financier, le pari de Hock Tan est gagné ou presque. Broadcom est en passe de dégager un Ebitda de 8,5 Md$ par trimestre dès l'année fiscale 2025, alors que Broadcom ne s'était engagé à atteindre cet objectif que trois ans après l'acquisition. La société a en effet annoncé un Ebitda de 8,2 Md$ pour son second trimestre 2024, clos début août. Soit 200 à 250 Md$ de valeur boursière supplémentaire, selon les calculs de David Vellante. « Ce qui représente pour les actionnaires un rendement au moins trois fois supérieur en termes de valorisation en l'espace de quelques années », écrit l'analyste.
C'est une stratégie court termiste pour gagner de l'argent, sur le long terme VMware sera remplacé.
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