Spécialisée dans les services de traduction multilingue, la start-up portugaise Unbabel présente la particularité d’associer des technologies d’apprentissage machine et de la post-édition humaine effectuée par un réseau de traducteurs. La société fondée en 2013 s’appuie en effet sur près de 55 000 personnes pour fiabiliser et peaufiner la première traduction effectuée par sa plateforme. Après un tour de table de 5 M$ (4,2 M€) en octobre 2016, Unbabel vient de lever 23 M$ (19 M€) auprès de plusieurs fonds dont ses investisseurs historiques Notion Capital et Caixa Capital, mais aussi Microsoft Ventures, Salesforces Ventures, Samsung Next, Scale Venture Partners et Funders Club.
La start-up a voulu créer de nouvelles façons d’interagir avec les consommateurs en dépassant les barrières de la langue, ainsi que le décrit son PDG Vasco Pedro, l’un des quatre co-fondateurs avec João Graça, directeur technique, Bruno Prezado, chef designer et Hugo Silva, développeur full-stack. Unbabel offre des services de traduction sur 27 langues vers l’anglais (et l’inverse). Parmi les langues traduites figurent le français, l’allemand, l'espagnol, le portugais, l'italien, le chinois, l’arabe, le turc, l’hindi, l’indonésien, le thai…
Unbabel permet par exemple aux utilisateurs de Salesforce d’interagir au niveau mondial avec leurs clients à travers des emails ou la messagerie instantanée. Ci-dessus, un mail reçu en italien a été automatiquement traduit en anglais. La réponse formulée en anglais par l'utilisateur de Salesforce sera ensuite traduite en italien avant d'être envoyée à sa destinataire. (crédit : Unbabel)
Une traduction participative
Il y a un an, lors de la précédente levée de fonds, Vasco Pedro rappelait que le marché des services de traduction approchait les 38 milliards de dollars. De fait, une entreprise qui veut commercialiser ses produits au niveau mondial doit investir de façon importante dans ce domaine. Mais, selon le PDG de Unbabel, le marché comporte beaucoup de solutions très coûteuses et pas toujours efficaces, avec un modèle économique recourant peu à la technologie et beaucoup à la traduction humaine. « Nous pensons toujours que les humains jouent un rôle extrêmement important dans le processus, mais avant leur intervention, une technologie pointue peut réaliser 95% de la tâche pour eux », expliquait-il dans un communiqué. « Avec cette approche, nous pouvons traduire des textes plus rapidement et à bas prix en y incluant des contenus qui étaient jusque-là considérés comme intraduisibles tels que les emails et le chat ».
Sur son site, Unbabel explique le fonctionnement de sa plateforme. Les requêtes de traduction qui arrivent sont traitées de façon automatique. Le texte passe d’abord par le moteur de traduction puis un éditeur humain corrige le résultat obtenu pour que la traduction paraisse naturelle, peut-on lire dans un FAQ. Chaque traduction est participative, assure Unbabel. « Elle n’est envoyée au client qu’après avoir été corrigée par plusieurs éditeurs » pour s'assurer de sa bonne qualité. Les entreprises payent le service sous la forme d’un abonnement. Celui-ci est facturé suivant le type de contenus et le volume de texte traduit, « calibré en fonction des besoins et des données du client », explique la start-up lisboète. Quant aux traducteurs qui interviennent en post-édition après les algorithmes de machine learning, ils sont rémunérés en fonction du temps qu’ils passent sur les tâches de traduction - à partir de 8 dollars par heure et jusqu'à 18 en fonction de la rapidité et de la qualité - ou sur la révision d'un texte (10 dollars).
Parmi ses clients, Unbabel a su séduire des entreprises telles que Salesforce et Microsoft dont les branches Ventures viennent donc d’investir dans la start-up, installée entre Lisbonne et San Francisco où se trouve notamment son PDG. Ses services sont déjà intégrés à l’application de CRM en SaaS de Salesforce, ainsi qu’aux solutions de support aux clients de Zendesk et Freshdesk.
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