C’est un phénomène de société qui perdure. Aujourd’hui en France, seulement 24% des ingénieurs sont des femmes. Le constat n’est guère meilleur du côté des étudiantes où moins d’un futur ingénieur sur trois est une jeune femme. C’est ce qui ressort d’une enquête nationale réalisée par l’association Elles Bougent en partenariat avec l’institut OpinionWay auprès de 6 125 femmes, dont 4 202 ingénieures et techniciennes actives et 1 923 étudiantes. Les résultats dévoilés ce lundi 23 septembre mettent également en lumière des stéréotypes de genre qui persistent dans les métiers scientifiques et techniques. Ainsi, malgré un intérêt marqué pour les mathématiques et les sciences pour 88% des femmes actives et des étudiantes, 30% des répondantes ne se sentent pas aussi capables que leurs homologues masculins de s’affirmer dans ces matières. Cela engendre une auto-censure qui détourne les filles de certains secteurs professionnels, dont ceux de l'industrie, perçus comme peu accessibles par 65 % des femmes actives.

Les différents stéréotypes de genre de la primaire au lycée. (Source: Elles Bougent/Opinionway)

Un secteur ou les hommes sont majoritaires

En plus des obstacles liés à l'orientation, le cadre des études présente un défi supplémentaire pour les étudiantes en formation scientifique et technique. L'environnement très masculin est la difficulté principale mentionnée. En effet, près de 7 étudiantes sur 10 estiment que certains métiers ou certaines formations diplômantes sont aujourd’hui moins accessibles aux femmes qu’aux hommes (67%), un ressenti partagé par la moitié des femmes actives (49%).) Sont notamment pointées du doigt les professions du numérique, surtout celles de l’intelligence artificielle et de la cybersécurité (68%) ainsi que les métiers de l’industrie (63%). Ce sentiment est moins présent chez les femmes actives mais concerne tout de même la moitié d’entre elles (respectivement 48% et 51%).

Les perceptions des femmes sur l'orientation de leur carrière. (Source: Elles Bougent/Opinionway)

Des craintes sur un potentiel sexisme

Dans le monde professionnel, les inégalités de genre sont encore plus marquées. Pour preuve, 81 % des femmes estiment que les hommes accèdent plus facilement aux postes à responsabilité, et 75 % jugent que les hommes bénéficient de meilleurs salaires à poste égal. L’enquête d'OpinionWay pour Elles Bougent révèle également des appréhensions liées aux violences sexistes et morales. 81 % des étudiantes ingénieures ou techniciennes craignent de subir du sexisme dans leur future carrière. Ce climat d’appréhension contribue au « syndrome de l’imposteur » un sentiment auto-entretenu d'incompétence ressenti par 63 % des étudiantes et 53 % des femmes actives. 

Opinion des femmes sur la place des ingénieures et techniciennes dans les entreprises. (Source: Elles Bougent/Opinionway)

Les écoles et entreprises en progrès sur la parité

Bien que le chemin soit encore long à parcourir, et que des améliorations restent à apporter, les institutions se saisissent du sujet. Les écoles et les entreprises ont en effet pris conscience de ces problèmes et agissent pour favoriser l’égalité femmes hommes. Sur cette question, 66 % des étudiantes et 67 % des femmes actives observent des initiatives pour soutenir leur parcours et lutter contre les violences sexistes. 73 % des femmes actives et 62 % des étudiantes soutiennent la mise en place de programmes de sensibilisation dans les écoles et les entreprises, et la création de mentorat ou de marrainage entre les femmes en poste et les jeunes filles intéressées par les métiers techniques (69 %-59 %).

En conclusion l'association Elles Bougent souligne: "Les résultats de notre enquête montrent clairement que des actions concrètes sont nécessaires pour déconstruire les stéréotypes de genre qui persistent dans les carrières scientifiques et techniques. Nous recommandons la mise en place de programmes éducatifs dès le plus jeune âge, un accompagnement renforcé dans l'enseignement supérieur, ainsi que des politiques d'égalité en entreprise pour garantir à toutes et tous un accès équitable aux métiers d'avenir".