Le 14 janvier, les États-Unis ont mis à jour leur modèle de prévision météorologique, qui s'est montré très performant dans les analyses et le suivi de la tempête de neige qui a touché la côte Est du pays la semaine dernière. Ainsi, le modèle a correctement prédit que l'est de New York serait touché par de fortes neiges, alors que la prévision météo officielle, basée sur divers modèles informatiques, annonçait que la ville serait ensevelie sous 50 cm de neige. Ces erreurs ont eu des retombées politiques, les fonctionnaires ayant du mal à expliquer aux New-Yorkais pourquoi ils avaient décidé la fermeture des écoles et l'arrêt des transports en commun.
Le modèle Global Forecast System US (GFS) mis à jour fonctionne actuellement sur un supercalculateur relativement petit de 213 téraflops (un téraflop : mille milliards d'opérations en virgule flottante par seconde). Avant la tempête, le calculateur fonctionnait presque à pleine capacité. Mais le système va bénéficier d'une sérieuse mise à niveau, puisqu'il va passer à 776 téraflops. Le nouveau système est en cours de validation, et, d'ici le mois d'octobre prochain, le National Weather Service (NWS), une entité de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), disposera de deux systèmes de 2,5 pétaflops fonctionnels. Actuellement, le Service Météo tourne avec deux systèmes GFS, l'un basé en Virginie et l'autre en Floride, dont l'un fait office de sauvegarde potentielle.
La vente par IBM de sa division serveurs x86 à Lenovo a eu une incidence directe sur le système pétaflopique (1 pétaflop = 1000 téraflops). En effet, la National Oceanic and Atmospheric Administration utilise un calculateur IBM System x iDataPlex tournant avec des puces Intel Sandy Bridge qu'IBM devait upgrader l'an dernier. Mais la vente de la division x86 à Lenovo a bousculé ce calendrier. En effet, l'entreprise chinoise Lenovo posait problème à l'administration américaine, pointilleuse vis-à-vis de la Chine sur les questions de sécurité nationale. « Au lieu de faire un autre appel d'offres sur le matériel, la National Oceanic and Atmospheric Administration a conclu un nouvel accord avec IBM pour sous-traiter à Cray le développement d'un système intégré qui répondrait à l'objectif des 2,5 pétaflops », a expliqué Michelle Mainelli, directrice adjointe pour le National Centers for Environmental Prediction de NOAA. Les plates-formes seront donc intégrées et combineront la capacité de calcul de deux systèmes IBM iDataPlex de version différente, compatibles avec les puces Sandy Bridge et Ivy Bridge d'Intel, avec le système Cray XC40. Ce dernier tourne avec la puce Haswell d'Intel sous Linux. Il utilise des commutateurs Infiniband pour les connexions.
Le modèle météo européen du CEPMMT Vs le Global Forecast System US
« Finalement, le choix de ces systèmes hybrides s'est avéré un avantage », a déclaré Michelle Mainelli. Faire tourner les systèmes sur trois plates-formes différentes demande quelques subtilités, « mais cela nous rend plus intelligents et nous prépare encore mieux à ce qui vient », a-t-elle ajouté. NOAA continuera à s'approvisionner en pièces auprès d'IBM, et non chez Lenovo, pour la maintenance de la plate-forme. « L'Intégration de systèmes distincts n'est pas exceptionnelle », a déclaré Steve Conway, analyste d'IDC spécialisé dans l'informatique haute performance (HPC). La plupart des gros utilisateurs ont des systèmes hybrides, « et je suis sûr qu'ils ne sont pas isolés les uns des autres ». Reste que la vente par IBM de sa ligne de serveurs x86 à Lenovo « a vraiment eu un impact global sur le marché des supercalculateurs », reconnaît Steve Conway. Pendant des années, Hewlett-Packard et IBM caracolaient en tête sur le marché du HPC, mais avec la cession, la taille d'IBM sur le marché du calcul intensif a été réduite de moitié et le constructeur a exclusivement recentré sa stratégie HPC sur les systèmes Power.
Le dernier modèle GFS actuellement en fonction permet d'enrichir les prévisions météo avec plus de détails et de données visuelles, et le rapproche à moyen terme du modèle utilisé par le Centre européen de prévisions météorologiques (CEPMMT). Un autre modèle GFS plus récent devrait entrer en service dans un an environ, que les chercheurs pourront faire tourner sur le système pétaflopique plus puissant. Ce nouveau matériel sera également utile pour d'autres tâches. Le modèle de prévision des ouragans de la NOAA commencera à tourner sur le système à 776 téraflops en même temps que la mise en route du système d'ouragans Atlantique prévu cette année. Une mise à niveau de ce modèle, plus performante, sera effectuée fin mai. Mais, même si les prévisions récentes du modèle GFS se sont avérées exactes, les météorologues ont besoin de plusieurs modèles prédictifs. Ils savent qu'il reste aussi des progrès à faire en matière de prévisions. Ils se rappellent aussi qu'en 2012, comparé au modèle américain, le modèle du CEPMMT avait livré une meilleure prévision de la trajectoire de l'ouragan Sandy. Cet écart est devenu un sujet sensible aux États-Unis, et explique en partie les dernières mises à jour des modèles prévisionnels et des matériels informatiques.
La Météo américaine affine ses prévisions avec un supercalculateur Cray-IBM
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Le National Weather Service teste un de ses nouveaux modèles de prévision sur un supercalculateur hybride Cray-IBM disposant d'une puissance de calcul de 776 téraflops.
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