La bataille sur les licences open source est un combat d'arrière-garde. Tel est le constat fait par Matt Asay, contributeur pour IDG et en charge des relations avec les développeurs chez MongoDB. Pour mémoire, ce dernier a occupé d’autres fonctions, notamment directeur chez Amazon Web Services et responsable de l'écosystème de développeurs pour Adobe. Aujourd’hui, il revient sur les licences open source et ce qu’elles représentent alors que l’écosystème des LLM explose. Récemment, Meta (Facebook) a mis à disposition Llama 2, un puissant grand modèle de langage (LLM) avec plus de 70 milliards de paramètres. Par le passé, Meta avait limité l'utilisation de ses LLM à des fins de recherche, mais avec Llama 2, Meta l'a ouverte. La seule restriction imposée par la licence choisie est que le modèle ne ne peut pas être utilisé à des fins commerciales. Au final, seule une poignée d'entreprises disposent de la puissance de calcul nécessaire pour le déployer à grande échelle (Google, Amazon ou Microsoft qui vient de signer un partenariat avec Meta).
Cela signifie, bien entendu, qu'il ne s'agit pas de « l’open source » stricto sensu selon la définition de l’Open Source Definition (OSD), même si Meta l'annonce comme telle. Certains puristes se sont donc écriés, à la manière de Rambo, « Eux ont dû verser le premier sang, pas moi » et « Rien n'est terminé ! Rien ! Tout continue à cause de vous », insistant pour que Meta cesse de qualifier Llama 2 d’ « open source ». Ils ont raison, d'une certaine manière mais ils ne réalisent à quel point leurs préoccupations ne sont plus pertinentes. Depuis des années, les développeurs choisissent avec leurs dépôts GitHub d’être « suffisamment ouverts ». Ce n'est pas que l'open source ne compte pas, mais plutôt qu'il n'a jamais compté autant que certains l'espéraient ou le croyaient.
Une brève histoire du temps de l'open source
Il y a plus de 10 ans, la tendance aux licences permissives était si prononcée que James Governor, analyste chez RedMonk, déclarait : « Les jeunes [développeurs] d'aujourd'hui sont des POSS-post open source software. Au diable la licence et la gouvernance, il suffit de s'engager sur GitHub ». En réponse, les internautes ont réagi en s'inquiétant et en grondant, affirmant que des tendances antérieures de ce type avaient donné lieu à des « clusters épiques » ou que « le partage sans licence conduisait à des virus transmis par les logiciels ». Et pourtant, des millions de dépôts GitHub sans licence plus tard, nous ne sommes pas entrés dans l'âge des ténèbres des licences. Les logiciels libres, ou « suffisamment ouverts », se retrouvent aujourd'hui dans presque tous les applications, quelle que soit la licence accordée à l'utilisateur final. Idéal ? Peut-être pas. Mais est-ce une réalité ? Oui.
En réponse, GitHub et d'autres ont conçu des moyens d'inciter les développeurs à choisir des licences open source pour régir leurs projets. Toutes ces initiatives seront probablement utiles, mais la réalité est qu'elles n'auront pas non plus d'importance, au même titre que la notion d'open source elle-même. Pas en tant que contre-culture enragée contre les logiciels propriétaires, en tout cas. Tout cela amenant à conclure que nous sommes au milieu de la révolution post-open source, une révolution dans laquelle les logiciels ont plus d'importance que jamais, mais où leur licence perdent en intérêt. Tout tend vers un accès permissif et aussi ouvert que possible au code, au point que la licence sous-jacente est moins essentielle que la facilité d'accès et d'usage du logiciel.
L’open source élargit l’accès à des logiciels de qualité
Trop de défenseurs de l'open source pensent que la licence est une finalité, plutôt qu'un simple moyen d'accorder un accès largement illimité au code. Ils continuent à se préoccuper des licences alors que les développeurs se soucient avant tout de l'usage, comme ils l'ont toujours fait. Gardons à l'esprit que, plus que toute autre chose, l'open source élargit l'accès à des logiciels de qualité sans impliquer les équipes en charge des achats ou (généralement) les experts juridiques. C'est très similaire à ce que le cloud a fait pour le hardware. L'enjeu n'a jamais été la licence. Il s'agissait toujours de l'accès. À l'époque où je travaillais chez AWS, nous avons mené une enquête auprès des développeurs pour leur demander ce qu'ils appréciaient le plus dans le leadership de l'open source.
On pourrait penser que la contribution de code à des projets bien connus arriverait en tête, mais ce n'est pas le cas. Ni même en deuxième ou troisième position. Au lieu de cela, le critère n° 1 utilisé par les développeurs pour juger du leadership d'un fournisseur de cloud en matière d'open source est qu'il « facilite le déploiement des logiciels open source préférés dans le cloud ». Je ne dis pas que les contributions ne sont pas importantes, mais elles ne le sont pas pour les raisons que l'on pourrait croire. L'une des choses que nous avons bien faites chez AWS a été de travailler avec les équipes de produits pour les aider à découvrir leur propre intérêt à contribuer aux projets sur lesquels ils construisaient des services cloud, tels qu’Elasticache (un data store en mémoire). Nous ne cherchions pas à obtenir des félicitations de quiconque, mais plutôt à mettre la team produit dans une meilleure position pour aider les clients. Et cela a fonctionné. Bien qu'elle ne soit pas parfaite, une population croissante d'équipes chez AWS contribue de manière significative aux projets open source.
Un moyen efficace de se rallier aux normes
Pour les développeurs qui utilisent ces services, cependant, l'open source est une préoccupation secondaire par rapport à « cela m'aide à être plus productif, plus rapidement ». Ce qui, encore une fois, ne veut pas dire que l'open source n'a pas d'importance dans notre monde de logiciels « cloudifiés ». L'open source est un moyen efficace de se rallier à des normes, ce qui permet aux développeurs (et aux entreprises) d'accéder plus facilement à des compétences et à une infrastructure communes.
Mais ce n'est pas une fin en soi, et les grands défenseurs de l'open source doivent s'en rendre compte. L'objectif de l'open source, du cloud, des API ouvertes, d'une excellente documentation, etc. est de donner aux développeurs la capacité de construire avec moins de frictions et plus d'opportunités. Llama 2 est-il suffisamment ouvert pour que 99,999 % des développeurs puissent l'utiliser avec un accès illimité ? Oui. Est-il open source ? La question n'a plus vraiment d'importance.
Cet article, est, au mieux une escroquerie intellectuelle.
Signaler un abusA noter que si MongoDB, entre autres employeurs de l'auteur, a pris la peine de refermer sa licence, ce n'est évidemment pas parce que son degré d'ouverture n'a pas d'importance (sinon, pourquoi se soucier de la modifier ? Elle était "assez" ouverte, non ?), mais pour extorquer de l'argent à ceux qui, ayant cru ce logiciel libre, se trouvaient désormais pieds et poings liés avec.
Donc, vous publiez un logiciel, mettez-lui une licence : au passage, çà protège aussi le développeur ! Ceux qui publient sans licence sur Github le font par inculture (juridique), pas par choix ni parce que çà ne sert à rien...
Suprise,
Signaler un abusVous avez une licence qui vous oblige a payer des millions, oups on avait pas vu ... M. le rédacteur je peux vous facturer ?
Franchement, il y a un vrai danger quand les licences sont mal controlées.
Laurent,
Sincèrement déçu de voir le monde informatique relayer des pseudos information écrites par de pseudo rédacteurs que l'on pourrait qualifier de lobbyistes.
Signaler un abusComme les commentaires précédents l'ont dit il suffit de regarder son CV pour voir que cette personne n'est pas du tout capable d'être objective sur le sujet, alors même qu elle est issue de sociétés qui se sont gavées sur le concept d'Open Source
Matt Asay est ce que l'on appelle dans d'autres sphères un influenceur, pas un chroniqueur. Il est grassement payé par son employeur pour véhiculer ses messages.
Signaler un abusSes propos illustrent bien le virage à 180° pris par certains éditeurs et fournisseurs par rapport aux positions qu'ils tenaient encore il y a 10 ans vis )à vis des licences libres. A l'époque, il était bien de s'afficher comme un puriste de l'open source (et Matt doit le savoir parfaitement, vu les positions tenues à leurs débuts par certains de ses employeurs comme Canonical ou MongoDB).
Que ses patrons récents, ne voient aucun intérêt à l'open source "non-commercial" est une évidence, et qu'ils tentent comme IBM et Red Hat d'éroder quelques uns des principes fondamentaux de la licence GPL est aussi logique pour leur business. Après tout, Amazon a fait des milliards en productisant des composants open source pour motoriser ses services et Mongo a un business florissant dérivé de la fermeture progressive du code de MongoDB. Quand à IBM il a dépensé 34 milliards pour Red Hat, autant dire qu'il y a urgence à faire rentrer des dollars pour récupérer sa mise.
La logique n'est pas nouvelle : on attire le chalant avec une promesse d'ouverture et/ou de prix bas, on étend la communauté, puis progressivement on referme la nasse et on engrange les dollars). C'est un business comme un autre, même s'il peut paraitre cynique. Ce qui est choquant c'est de ne pas l'admettre publiquement et de venir aujourd'hui expliquer à qui veut l'entendre que le problème vient de l'ouverture des licences dont on se faisait à l'origine le chantre. Au moins les acteurs du logiciel commercial n'ont pas cette hypocrisie, leur modèle est clair dès le départ.
A cet égard, une autre pirouette magnifique est celle récente de la filiale Linux d'IBM qui limite l'accès à son code source alors que son actionnaire explique sur son propre site web qu'un logiciel open source est un logiciel développé et géré dans le cadre d'une collaboration ouverte, et mis à disposition, généralement gratuitement, pour que chacun puisse l'utiliser, l'examiner, le modifier et le redistribuer comme il le souhaite". On mettra ici l'emphase sur "Chacun".
Bref, Il y a chronique et chronique. Cette dernière par Matt Asay s'approche plutôt d'un infomercial. Les joies du mélange des genres à l'anglo-saxonne entre presse et marketing...
Bonjour,
Signaler un abusIl est bien indiqué dans le chapeau et au début de l'article que Matt Asay est chroniqueur et l'ensemble des postes occupaient par lui. Il donne sa vision du marché open source et son avis qui lui est propre. Il ne s'agit donc en aucune façon d'une promotion d'une société en particulier.
La rédaction
Je souhaite apporter une information à propos d'un possible risque de partialité et manque de transparence relatif à cet article.
Signaler un abusMatt Asay oublie de préciser que sa société a été une des premières à basculer vers une licence "plus vraiment opensource". A tel point que mongodb a été dégagé des packages proposés par les concepteurs de certaines distribution linux. Matt a donc un intérêt professionnel a pour orienter sa communication vers la défense des choix de son entreprise. Cela devrait au moins faire l'objet d'un avertissement en entête de l'article, et être étiqueté "publi-information" et non "Actualité".
Vous avez même publié un article perpendiculaire au sujet :
https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-ferretdb-une-alternative-veritablement-open-source-a-mongodb-90161.html