La discrimination est désormais traquée à tous les niveaux de la société par les pouvoirs publics. Dans le domaine professionnel, une convention récemment signée entre la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) et l'ANPE (Agence nationale pour l'emploi) comprend quatre axes majeurs : échanges réguliers d'informations entre les deux institutions ; participation à des groupes de travail ; mutualisation des bonnes pratiques identifiées ; actions de sensibilisation conjointes. Cette convention est d'une durée d'un an à l'issue de laquelle, elle fera l'objet d'une évaluation commune dans le but de mesurer l'impact et procéder aux mesures correctives en fonction des résultats. Autre innovation : un guide téléchargeable destiné aux professionnels du recrutement : « Prévention des discriminations à l'embauche : les actions menées par les intermédiaires de l'emploi, ANPE/Apec, entreprises de travail temporaire, cabinets de recrutement.» Ce guide recense les principales actions menées par les intermédiaires de l'emploi afin de prévenir les discriminations et de promouvoir l'égalité. 44% des réclamations reçues par la Halde concerne le domaine professionnel Malgré des avancées sur le sujet, la situation demeure préoccupante, d'où la nécessité pour le marché du travail de se doter d'outils comme ce guide : parmi les 5 478 réclamations reçues par la Halde, 44 % concerne le domaine de l'emploi, et un tiers d'entre elles est directement lié à des discriminations rencontrées lors de la phase d'embauche. L'enquête nationale par testing conduite en France entre la fin 2005 et la mi-2006 sous l'égide du BIT (Bureau International du Travail) sur les bassins d'emploi de Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Paris et Strasbourg et sur des offres d'emploi peu qualifiées, est même plus inquiétante. Elle révèle des « discriminations à l'embauche dans quatre cas sur cinq en France ». Un passage de cette enquête montre des réalités sur le terrain : « Lorsque les employeurs ont fait un choix entre les deux candidates strasbourgeoises, ce choix s'est porté 2 fois sur 3 sur celle qui évoquait une « origine hexagonale ancienne » plutôt que sur la candidate d'«origine maghrébine ». En terme de discrimination, un tel résultat ne peut être jugé satisfaisant. C'est de loin, pourtant, le meilleur de toute l'enquête. » L'enquête montre enfin que seuls 11 % des employeurs offrent une égalité de chances aux candidats tout au long du processus de recrutement. Pour tenter de remédier à ce problème, la Halde a également ouvert il y a quelques jours, une formation en ligne destinée aux employeurs et aux recruteurs. La formation passe en revue les questions du recruteur et donne des conseils pour mener un entretien de recrutement, comme pour gérer les évolutions de la carrière. Cet outil offre par un jeu de questions/ réponses, la possibilité d'aborder concrètement la lutte contre les discriminations et les mesures pour promouvoir l'égalité. Grâce au travail en commun réalisé entre des institutionnels et des professionnels, cette formation répond concrètement aux difficultés rencontrées sur le terrain. Pourquoi autant d'actions sur le terrain ? « Faire changer les regards, les mentalités, les comportements : voilà l'objectif de la lutte contre les discriminations », avait déclaré le Premier ministre en donnant, le 27 février, le coup d'envoi en France de l'Année européenne de l'égalité des chances pour tous. Et c'est à la Halde qu'est revenue sa mise en oeuvre, qui donnera lieu à de nombreux colloques et manifestations visant à sensibiliser le public aux enjeux de la lutte contre les discriminations, et à mieux intégrer l'objectif d'égalité des chances pour tous dans les politiques et programmes publics.
La France fait sienne l'Année européenne de l'égalité des chances
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