C'est à l'occasion de sa conférence Think 2020 - basculée comme tous les événements au format webconference - qu'IBM a dévoilé ses plans en matière de cloud hybride et d'IA présentés comme « les deux forces dominantes tirant la transformation digitale aujourd'hui ». Sans surprise, la plupart des annonces faites par Arvind Krishna le nouveau CEO d'IBM autour du cloud hybride, se concrétiseront dans les prochains mois et reposent en grande partie sur l'acquisition de Red Hat en 2018 pour 34 milliards de dollars. Parmi les principales annonces saillantes, la bêta technique de Cloud Satellite, un produit qui « étend les services cloud quelque soit l'endroit où le client en a besoin aussi bien en mode as-a-service, on-premise que edge », a expliqué Arvind Krishna. Basé sur Kubernetes, ce produit permet aux clients IBM de faire tourner et gérer les workloads cloud sur un seul pan du cloud public IBM, dans leurs propres datacenters ou dans les localisations en bordure de réseau. La pile cloud complète inclut Red Hat Enterprise Linux et une fédération de services mesh Istio. Les services comme Red Hat OpenShift, la base de données IBM Cloudant et les outils d'intégration continue Cloud Continuous Delivery peuvent tous opérer dans ces localisations satellites, gérées par un tableau de bord central pour la gestion de configuration et des règles ainsi que le contrôle de trafic réseau.
En tant que président d'IBM et ancien CEO de Red Hat, Jim Whitehurst a indiqué dans sa conférence qu'il « faudra une architecture commune tournant sur tous les environnements, pas seulement un plan de management qui permet d'observer le chaos mais un qui permet de les faire tourner de n'importe où ». Red Hat lui-même a récemment annoncé la bêta technique de la virtualisation OpenShift, permettant aux clients de faciliter la migration de workloads basés sur des machines virtuelles vers Kubernetes en les faisant tourner aux côtés des containers pour être gérés comme les objects Kubernetes natifs dans OpenShift. C'est une réminiscence de l'approche prise par Google Cloud avec sa plateforme Anthos qui utilise de façon similaire un fondement de Kubernetes et de containers pour permettre une meilleure portabilité de workload depuis un simple plan de contrôle, avec gestion des accès et des identités et de surveillance pré-construits.
Nouveau leadership, nouvelle vision
IBM a secoué son leadership plus tôt cette année suite au retrait de son ex CEO Virginia Rometty en nommant Arvind Krishna - ancien senior vice-président du cloud et des logiciels cognitifs en tant que CEO et Jim Whitehurst président d'IBM pour l'aider à gagner la bataille du cloud. Le vétéran de Red Hat Paul Cormier depuis 12 ans a pris quant à lui le poste de CEO de Red Hat dans le cadre de cette réorganisation. Arvind Krishna a initialement fait état de sa vision dans un billet Linkedin lors du premier jour de sa prise de poste. « Il y a une fenêtre unique d'opportunité pour IBM et Red Hat d'établir des containers Linux, et Kubernetes en tant que nouveau standard. Nous pouvons faire de Red Hat OpenShift le choix par défaut pour le cloud hybride de la même façon que Red Hat Enterprise Linux est le choix par défaut pour le système d'exploitation », indique le nouveau CEO.
S'appuyant sur cette analyse, lors de son discours Arvind Krishna a emprunté la tournure de phrase du CEO de VMware, Pat Gelsinger, quand il a parlé des « quatre impératifs de l'adoption hybride », à savoir l'histoire, le choix, la physique et le droit. L'histoire se réfère aux systèmes hérités avec lesquels les entreprises doivent composer, et qui crée le besoin d'une stratégie multicloud hybride, tandis que le choix fait référence au désir des organisations d’éviter de s’enfermer dans « l’innovation d’une seule entreprise », comme l’a expliqué Arvind Krishna, et d’avoir la possibilité de déplacer les workloads d'un fournisseur vers un autre comme bon leur semble. La physique fait référence aux limites techniques des systèmes actuels en ce qui concerne les organisations ayant des besoins de faible latence. Cela crée ainsi un besoin de déploiements hybrides pour des cas d'usage tels que des véhicules autonomes ou des robots d'assemblage en usine. Enfin, la loi - c'est-à-dire des exigences réglementaires et de conformité - qui obligent les entreprises à conserver certaines applications et données sur site.
IA et 5G gagnent leurs lettres de noblesse
Les autres annonces incluent Watson AIOps et un nouvel éventail d'options edge et 5G. Avec cette offre, IBM poursuit le Saint Graal de beaucoup d'autres leaders IT, à savoir automatiser les tâches informatiques basiques et répondre aux problèmes avec qu'ils ne surviennent. En apportant dans le même temps des indicateurs et des alertes avec des données non structurées comme les logs et les tickets, les algorithmes de machine learning et de compréhension de langage naturel peuvent « créer un rapport de problème holistique synthétique pour résoudre la situation », a fait savoir Jessica Rockwood, vice-présidente en charge du développement de Watson AIOps dans un billet de blog.
Les annonces ciblant les opérateurs de télécommunications concernaient IBM Telco Network Cloud Manager, un ensemble de technologies - pas vraiment bien définie - associé à un nouveau réseau de services et de partenaires IBM Services pour aider les entreprises de télécommunications à déployer de nouveaux produits 5G et edge. IBM a également annoncé Edge Application Manager, qui prévoit de créer des indicateurs basés sur l'IA et une gestion à distance jusqu'à 10 000 nœuds périphériques par administrateur. « La nouvelle version d'IBM d'Edge Application Manager et la nouvelle offre Telco Cloud Manager font partie de la stratégie de cloud hybride d'IBM qui s'étend désormais jusqu'aux opérateurs de télécommunications», a déclaré Nick McQuire, vice-président directeur et responsable de la recherche d'entreprise chez CCS Insight. « Cette décision fait suite à d'importants mouvements effectués par AWS, Microsoft et Google Cloud dans le secteur des télécommunications au cours des 12 derniers mois ». Et d'ajouter : « Ce que nous voyons maintenant, c'est la convergence du cloud, de l'edge et de la 5G qui se produisent en temps réel et les grandes entreprises technologiques qui cherchent maintenant à se positionner pour ce prochain grand changement du marché cloud ».
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