A l’image du chien et du chat, la Chine et les États-Unis, se mènent une guerre sans fin. La Commission fédérale des communications américaine envisage d'interdire toutes les ventes d'équipements de télécommunications Huawei et ZTE sur le territoire américain pour des raisons de sécurité nationale, a rapporté jeudi le site d'information Axios, citant des sources proches du dossier. D’autres sociétés chinoises vendant des équipements de vidéosurveillance devraient être concernées par cette interdiction, incluant : Hytera Communications, Hangzhou Hikvision Digital Technology et Dahua Technology.
La raison : un risque lié à la sécurité nationale de la part de la Chine malgré les déclarations faites par ces entreprises. La présidente de la FCC, Jessica Rosenworcel, a fait circuler ce début de mois un projet de décret portant sur l’interdiction d’exercer une activité de commercialisation et vente de produits sur le sol US pour toute entreprise posant une menace à la sécurité nationale des États-Unis. S’il vient à être adopté, le texte portera uniquement sur les prochains produits commercialisés par les firmes ciblées, et non pas sur les produits actuellement disponibles à la vente. « La FCC reste déterminée à protéger notre sécurité nationale en veillant à ce que l'utilisation d'équipements de communication non fiables ne soit pas autorisée à l'intérieur de nos frontières, et nous poursuivons ce travail », a affirmé dans un communiqué Mme Rosenworcel.
L’administration Biden reste ferme face à Pékin
Depuis plusieurs années, Huawei, ZTE ainsi que d’autres entreprises chinoises sont dans le viseur du gouvernement américain. En touchant la force de frappe technologique de la Chine, les États-Unis espèrent en effet ralentir la production, le développement et in fine la croissance du pays, afin de garder la place de première puissance mondiale. En 2019, Washington a placé Huawei et d'autres firmes chinoises sur liste noire, empêchant ainsi ces entreprises d'accéder à des technologies américaines pour ses produits. L'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon et le Royaume-Uni ont emboîté le pas. En mai 2020, le gouvernement Trump a imposé aux sous-traitants de Huawei de demander une autorisation pour utiliser des composants américains, bloquant de fait la fourniture à l'équipementier de produits fabriqués par des sociétés basées aux États-Unis.
La firme a été fortement impactée par cette décision, notamment dans la commercialisation de ses smartphones. Un rebondissement en mars 2021 montre clairement la volonté de la FCC de s’attaquer aux firmes chinoises. A cette date, Huawei, ZTE, Hytera Communications, Hangzhou Hikvision Digital Technology et Dahua Technology sont ainsi inscrits sur une liste noire d'entreprises faisant peser « un risque inacceptable » pour la sécurité nationale des États-Unis. Quelques mois plus tard, la commission a fait comprendre qu’elle serait favorable à un projet d’interdiction totale. Aujourd’hui, il semblerait que ce soit en effet acté.
Le Canada et le Royaume-Uni ont également pris des mesures de sanction
En mai 2022, le Canada a également sévi, bannissant les géants chinois des télécommunications Huawei et ZTE du déploiement de son réseau 5G dans le pays après des années de tergiversation. Mettant en avant le risque de sécurité pour le territoire, le Canada a franchi un pas supplémentaire après l’épisode de 2018 à Vancouver, où Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille du fondateur du mastodonte chinois des télécoms a été arrêtée. Un épisode qui a marqué le début d’une crise majeure entre les deux pays baptisée « diplomatie des otages ». En parallèle, deux Canadiens, l’ancien diplomate Michael Kovrig et l’homme d’affaires Michael Spavor, étaient alors détenus en Chine. L’affaire a finalement trouvé un dénouement en septembre 2021, après près de trois ans de procédure, lorsque Meng Wanzhou a été libérée pour regagner la Chine tandis que les deux Canadiens ont fait le chemin inverse.
Au Royaume-Uni, la ligne adoptée est la même. En juillet 2020, le gouvernement a fait part de sa décision d’interdire l'achat de nouveaux équipements Huawei 5G après le 31 décembre 2020, de retirer les équipements Huawei des réseaux 5G d'ici fin 2027, et enfin l'interdiction existante de Huawei sur les parties « centrales » les plus sensibles du réseau 5G. Cette décision fait suite à un examen technique par le National Cyber Security Center en réponse aux sanctions américaines. Le secrétaire au numérique, Oliver Dowden, a déclaré à l’époque, dans une déclaration à la Chambre des communes : « Au moment des prochaines élections, nous aurons mis en œuvre dans la loi une voie irréversible pour le retrait complet des équipements Huawei de nos réseaux 5G ». Ce 13 octobre, le gouvernement britannique a bel et bien confirmé conjointement avec le département du numérique, de la culture, des médias et des sports (DCMS), sa décision de retirer tous les équipements Huawei du réseau 5G britannique d’ici fin 2027. Cette décision s’appuie sur des documents juridiques remis cette semaine à 35 opérateurs haut débit et mobiles et confirmant que le retrait du kit Huawei des réseaux 5G.
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