Aujourd'hui, près de la moitié des projets de développement et de test d'applications sont externalisés. Une tendance qui ne devrait pas ralentir puisque les DSI tablent sur une augmentation d'environ 15% du recours à l'outsourcing dans les deux prochaines années. Mais malgré cette croissance, les résultats obtenus ne sont pas toujours ceux attendus. Pour en savoir un peu plus, 590 DSI et responsables informatiques originaires de 9 pays ont été interrogés par Micro Focus. Pour plus de la moitié d'entre eux, 57% pour être exact, ces projets de développement et de test d'applications sont perçus comme étant ingérables, un casse-tête, un cauchemar et parfois même un échec complet.
31% des DSI menacés de perdre leur poste
En cause pour 55% d'entre eux, les trop nombreux changements apportés aux cahiers des charges en cours de mission. Un problème plus que récurrent puisque ce sont près de 47% des entreprises qui modifieraient les exigences à respecter au moins une fois tous les 15 jours. Des exigences d'ailleurs déjà difficiles à définir précisément en amont de la mission.
Il faut dire que 81% des responsables interrogés ne se déclarent pas sûrs à 100% de leur capacité à exprimer et à documenter clairement leurs attentes à leurs fournisseurs de départ et moins de la moitié d'entre eux utilisent une solution de définition et de gestion des exigences. La solution privilégiée restant en effet le bon vieux tableur Excel ou un simple logiciel de traitement de texte pour consigner les volontés.
Des efforts qui semblent vains puisque 27% des DSI seulement estiment que leur projet à été géré correctement. 31% des projets d'externalisation laisseraient en effet à désirer en termes de qualité et ne seraient pas effectués dans les temps alors que 23% d'entre eux ne correspondraient finalement pas aux besoins des entreprises. Le résultat est sans appel : 31% des DSI seraient ainsi menacés de perdre leur poste.
Les DSI dédouanent leurs fournisseurs de toute responsabilité
Malgré un réel besoin de fixer clairement les exigences, les responsables interrogés estiment que 68 % des fournisseurs ne s'attendent pas à ce que ce que cela soit fait d'emblée. Seulement 15 % d'entre eux examineraient d'ailleurs véritablement les exigences et suggèreraient des modifications dès le lancement du projet. Pour plus du tiers des répondants (37 %), cette attitude dévoilerait d'ailleurs une pratique largement répandue : les prestataires profiteraient en effet de ces changements pour gonfler leur facture, ce qui expliquerait leur réticence à définir les exigences dès le départ.
Toutefois, lorsqu'on interroge les DSI sur leurs relations avec leurs outsourcers à propos de projets subissant des dépassements de délai ou des problèmes de qualité de service, 43 % d'entre eux déclarent que, bien que cette situation soit loin d'être idéale, ce genre de problèmes n'a rien d'anormal. 35 % des répondants indiquent en outre que leurs fournisseurs sont contractuellement tenus à des compensations financières en cas de défaut de qualité de service.
« Un manque d'investissement dans les processus de gestion »
Au final, ce sont plus de 84 % des répondants qui assurent que l'externalisation de projets de développement et de test a créé des difficultés pour leur entreprise, allant de retards dans son calendrier de production (39 %) à la difficulté de préserver sa propriété intellectuelle (29 %) et sa réputation (25 %), voire son chiffre d'affaires (12 %). Une externalisation qui n'empêche pas 98% des DSI de confirmer devoir poursuivre le travail en interne une fois le contrat arrivé à son terme.
Pour Chris Livesey, vice-président de Borland chez Micro Focus : « L'étude montre que les résultats relativement médiocres de l'externalisation sont souvent causés par un manque d'investissement dans les processus de gestion des exigences des projets et de spécification des tests ». Des résultats qui selon lui pourraient être considérablement améliorés si les entreprises se donnaient les moyens de définir beaucoup plus clairement les exigences en amont des projets et les scénarios de test dès la phase de lancement.
La face cachée de l'externalisation des projets de développement et test d'applications
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Réactions
D'après une étude Micro Focus, 57 % des responsables informatiques considéreraient certains de leurs projets d'externalisation de développement et test d'applications comme étant ingérables, un casse-tête, un cauchemar ou un échec complet.
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Tout à fait d'accord avec Cyrano, trop peu de DSI prennent le temps d'écrire convenablement un cahier des charges solide dès le départ. Ils partent avec une idée et elle se développe au fil des problèmes rencontrés, j'appelle ça de l'amateurisme! Quant aux prestataires, une fois passé le stade de la signature du contrat avec le directeur commercial où tout est possible surtout si on paie cher, les choses peuvent très vite s'envenimer lorsque les équipes attribuées au projet n'ont pas été convenablement choisies. Quant à l'opacité de la gestion desdits projet....hum, hum... vu des centaines de fois!
Signaler un abusQuelle non-surprise...
Signaler un abusPlacé du coté des développeurs, je crois pouvoir exprimer l'avis de beaucoup en disant la chose suivante : le donneur d'ordre est trop souvent incapable d'exprimer clairement son besoin.
Il y a à mon sens un problème non pris en compte par ces donneurs d'ordres : ils ne réalisent pas vraiment qu'ils demandent qu'on conçoive pour eux un outil destiné à faciliter un travail qu'ils effectuent déjà. Mais la routine du quotidien leur fait perdre de vue tous ces petits détails qui font que ça fonctionne. Pourtant, c'est cette foule de petits détails qui est essentielle à la définition des règles de gestions de chaque partie de l'outil. Résultat, le fournisseur en est le plus souvent réduit à des spéculation qui ont toutes les chances d'être fausses avec pour résultat un outil qui ne répond pas au besoin. Mais pour le DSI du donneur d'ordre, il est plus facile de refiler la faute au fournisseur en l'accusant par la même occasion de vouloir gonfler sa facture.
Il n'est malheureusement pas difficile pourtant de comprendre à quel point la conception d'un cahier des charges fonctionnelles peut se révéler particulièrement rébarbatif : il faut se poser et analyser patiemment tous les processus mis en œuvre dans l'exécution de leur travail. Ça peut être un travail assez considérable, mais ce n'est pas le métier du fournisseur. Ce dernier écrit du code, il ne gère pas les affaires de son client et en règle générale n'en connait pas le métier. On peut certes anticiper certain éléments, faire preuve d'un maximum d'ouverture d'esprit pour, en quelque sorte, s'approprier le métier du client, mais jamais on ne le maitrisera aussi bien que lui.
Reste alors à se poser la question suivante : le DSI du donneur d'ordre a-t-il lui-même acquis la maitrise du métier de son entreprise ? Rien n'est moins sûr.
J'ajouterai à la décharge des donneurs d'ordre que trop de fournisseurs (et pas nécessairement les plus petits) se targuent de pouvoir réaliser le cahier des charges : quelle blague ! Dans un développement, il doit y avoir deux cahiers des charges : l'un fonctionnel, l'autre technique : le premier est du ressort du demandeur, le second du ressort du fournisseur qui le construira en s'appuyant sur le premier.
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