La Dinum (Direction interministérielle du Numérique) a annoncé la généralisation de Resana. Cette plateforme collaborative est destinée à tous les agents de l'État et des établissements publics rattachés. Pour l'utiliser, il suffit à un agent de s'y inscrire. Resana propose la création de groupes de travail permettant de stocker, partager et éditer des fichiers (la coédition en ligne de documents est pour les textes, tableurs et présentations), de planifier des tâches (méthode Kanban) et des projets (diagrammes de Gantt), de partager un agenda, d'échanger par messagerie instantanée intégrée, de réaliser des questionnaires et des sondages et, enfin, de publier des contenus (textes, photographies, vidéos...).
Resana est techniquement basée sur l'offre SaaS d'Interstis (qui intègre des briques comme OnlyOffice pour l'édition de documents bureautiques) hébergée chez Orange Business Services en France. Cette offre a initialement été conçue pour répondre aux besoins des collectivités locales et est désormais proposée par l'éditeur aussi aux universités, établissements de soins, etc. Outre un hébergement en France, la solution d'Interstis propose un chiffrement natif. Il est également possible d'inviter un partenaire extérieur (en dehors du secteur public) pour partager des données avec lui. L'éditeur insiste sur la simplicité d'usage et l'ergonomie de sa solution. Mais Resana est bien un développement particulier réalisé depuis trois ans à partir de ce SaaS, en utilisant l'approche agile, en co-construction entre les administrations et l'éditeur.
Un projet développé en Nouvelle-Aquitaine
Au départ, en 2016, la préfecture de région de Nouvelle-Aquitaine a lancé le projet Réseau Social des Agents de Nouvelle-Aquitaine (RESANA) pour permettre à ses agents dispersés dans la plus vaste des régions françaises de collaborer. RESANA fit alors partie des vingts projets financés dans le cadre des Programmes d'Investissement d'Avenir (PIA), en l'occurrence le PIA ETNA (Environnement de Travail Numérique de l'Agent). La solution choisie a été basée sur celle d'Interstis car elle est simple d'usage et l'éditeur a proposé une démarche de co-construction pour l'adapter aux besoins d'un grand périmètre administratif et de la Fonction Publique d'Etat. Une expérimentation a été prévue pour 18 mois auprès de 150 agents. Le co-développement s'est basé sur les retours des utilisateurs durant l'expérimentation.
La mise en ligne de la première version a eu lieu en mars 2018. Mais, très rapidement, le succès a dépassé les espérances avec plus de 1000 utilisateurs au bout de six mois. En juin 2019, alors que la plate-forme atteignait 4000 utilisateurs, l'expérimentation a été prolongée pour un an en attirant l'attention de la DINUM. Des projets similaires ont été menés dans d'autres régions sur la même base technique comme NENUFAR en région Grand-Est et Le Colibri en Ile-de-France.
Une plate-forme spécifique distincte du SaaS générique
Les développements opérés en co-construction ont permis d'une part de renforcer le socle commun du SaaS d'Interstis, d'autre part de développer des fonctionnalités supplémentaires nécessaires pour la Fonction Publique d'Etat. Resana intègre ainsi certaines spécificités notamment en termes de droit d'administration, de gestion des accès et de distribution de l'information au sein des espaces de travail. L'administration spécifique permet, selon les précisions apportées par la DINUM, « une déconcentration des droits d'administration au plus près du terrain et des agents pour répondre à l'organisation des services de l'Etat et faciliter [le] déploiement [de Resana] ». De la même façon, le code inclut une distinction native entre les agents publics et les « invités » extérieurs, donnant aux premiers des droits supérieurs.
Hébergé sur des instances spécifiques séparées du SaaS générique mais administrées par Interstis, Resana comprend également des passerelles vers d'autres outils proposés par la DINUM comme la vidéoconférence. Des modules ont aussi été ajoutés ou supprimés par rapport au SaaS générique pour mieux correspondre aux exigences de la DINUM. Il reste qu'une inscription sur la plate-forme en envoyant un mail individuel aux administrateurs risque malgré tout de poser rapidement des soucis d'engorgement si le succès est au rendez-vous au niveau national.
Ce genre d'information me laisse toujours dans un situation de perplexité. D'un côté, je trouve intéressant le principe de développer des alternatives aux solutions mainstream américaine. De l'autre, je ne pense pas que les moyens mis en place soient à la hauteur des enjeux. Franchement, une expérimentation de 18 mois avec 150 personnes ???? C'est tout ? En parallèle dans le secteur privé, ce sont des centaines de milliers, voire des millions de personnes qui se sont jetées dans le bain de Teams, Slack, Zoom...
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