L’U.S Air Force (USAF) envisage de tester une base de données en mode graphe basée sur une blockchain afin de partager des documents en interne mais aussi avec les différentes branches du Ministère américain de la défense et des gouvernements alliés. La blockchain autorisée a été développée par Fluree PBC, une start-up de Winston-Salem en Caroline du Nord. Le contrat avec le gouvernement a été annoncé récemment. Fluree est affiliée au programme Small Business Innovation Research AFWERX de l’US Air Force visant à promouvoir l'innovation technologique dans ses services, l’objectif étant de lancer une validation de principe de la technologie du grand registre distribué (DLT) plus tard dans l'année.
Le registre pourrait inclure les renseignements recueillis au cours des opérations militaires et le tracking de pièces détachées dans la supply chain. « Fluree est une base de données. Mais c’est aussi une plateforme de gestion de données, car elle joue également le rôle de serveur d'applications dans certains contextes », a déclaré Brian Platz, co-fondateur et CEO adjoint de Fluree. « Elle permet même d'intégrer des données dans des applications web pour accélérer leur développement ».
Fluree assure la sécurité des communications et l'intégrité des données en combinant les transactions dans des blocs horodatés immuables et en verrouillant chaque bloc en ayant recours à un chiffrement avancé. Les utilisateurs autorisés peuvent accéder à la blockchain via une infrastructure à clé privée-publique. La plateforme DLT permet également d'activer ou de désactiver certaines fonctionnalités, comme la décentralisation complète avec tolérance aux « pannes byzantines » (BFT) ou l’accès à une base de données simple sans chiffrement destinée à être utilisée dans le cadre de projets internes ou de développement d'applications », a ajouté M. Platz.
Interopérabilité et variété de sources de données
L’U.S Air Force exige l'interopérabilité de ses unités dans le monde entier. La plate-forme peut également rechercher et ingérer des données provenant de systèmes existants et de données stockées dans des wikis de tierce partie grâce à l'utilisation du langage de requête SPARQL et de la norme RDF (Resource Description Framework) pour l'échange de données. L'USAF a refusé de répondre aux questions de nos confrères sur le projet.
Si la plateforme FlureeDB de Fluree a été choisie, c’est que, comme toutes les blockchain, son architecture pair-à-pair est hautement évolutive, elle utilise le chiffrement des données, offre un formatage standard des données sémantiques et les données qui y sont stockées sont immuables. « Nous essayons de sécuriser une application entière avec une blockchain, ce que l’on ne peut pas faire aujourd'hui sauf avec une application très triviale ou une cryptomonnaie », a déclaré M. Platz. « Tous ceux qui utilisent une chaîne de blocs en entreprise commencent d’abord par développer une application traditionnelle et connectent ensuite une partie de l’application à Ethereum ou à une plateforme de blockchain comme celle-là ». Les règles des contrats intelligents de la blockchain permettent également de configurer le DLT autorisé de manière à limiter la consultation des informations en fonction de l’habilitation de sécurité des personnes et de leur implication dans le projet.
Graph de Fluree montrant l’exploration d’un schéma de données (Crédit : Fluree)
L’administration américaine en pointe sur la blockchain
L'USAF n’est pas la première agence gouvernementale à envisager l’usage d’une chaîne de blocs. Selon Avivah Litan, vice-présidente de la recherche chez Gartner, « le Ministère américain de la Défense (DoD) a testé une blockchain dans une application de gestion de la supply chain et de la logistique, et la Réserve fédérale envisage de recourir à la blockchain pour un service de paiement en temps réel ». « En matière de test de la technologie blockchain, le gouvernement américain est en avance sur d'autres secteurs, comme celui de la santé par exemple », a ajouté Mme Litan. « J'ai même pu voir quelques cas d’usage », a-t-elle encore déclaré. Ce n'est donc pas le secteur le plus à la traîne dans ce domaine.
« La structure de Fluree est assez intelligente », a encore ajouté Mme Litan. « C'est un cas d’usage étonnant pour le partage de renseignements, car sa structure est sécurisée par chiffrement et ses données sont immuables, ce qui signifie que personne ne peut la changer. Dans ce genre de contexte, on est toujours préoccupé par une interception des données par un ennemi ou un interne. Et il ne faut jamais exclure que des acteurs malveillants puissent mettre la main sur le compte d’une personne et entrer des données dans la blockchain. Mais c'est quand même plus compliqué qu'avec les systèmes conventionnels ».
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