Plus gros établissement de l'Université Catholique de Lille, l'Institut Catholique de Lille, qui emploie environ 1 000 collaborateurs et 2 000 enseignants et vacataires, a ajouté les serveurs reconditionnés à la palette d'options à sa disposition lors de renouvellements de matériels. Et, après de premières expériences concluantes, a même étendu le recours à ces machines de seconde main.
Tout débute à l'arrivée de Quentin Patou au sein de l'Institut, voici tout juste quatre ans. Le directeur du développement numérique trouve alors une infrastructure approchant l'obsolescence et quatre options de modernisation dessinées par son prédécesseur : une externalisation chez un hébergeur, le passage au cloud, la transition vers l'hyperconvergence ou une infrastructure virtualisée moderne. « J'ai repris le chantier avec, à l'époque, des serveurs de 5 à 8 ans, en fin de vie, et hébergés dans des salles grises, ne respectant pas totalement les bonnes pratiques en la matière. » L'un des principaux objectifs du responsable - à la tête à la fois des SI de support et des outils numériques pédagogiques - est d'augmenter la disponibilité de l'infrastructure, en visant une architecture de type PRA, alors que l'Institut fait alors reposer sa continuité d'activités sur des sauvegardes classiques.
Un tiers du prix du neuf
Quentin Patou travaille alors sur les différentes orientations techniques possibles, en comparant les TCO à 5 ans. Ce qui permet d'écarter rapidement le recours au cloud, dont le coût de revient est de 3 à 4 fois supérieur à un choix plus classique. L'Institut choisit de déporter la moitié de son infrastructure dans un datacenter tiers, à l'état de l'art, et de conserver l'autre moitié dans sa salle informatique la plus moderne, les deux pans étant synchronisé en temps réel via deux boucles fibre opérées par l'établissement universitaire. Soit 5 serveurs sur chaque site, faisant tourner quelque 300 VM. En parallèle, les infrastructures réseau (250 commutateurs et 600 bornes Wifi) sont elles aussi modernisées.
Voici deux ans, pour réduire les coûts, mais aussi trouver de nouveaux leviers dans sa politique RSE (voir encadré), l'Institut se tourne pour la première fois vers des serveurs reconditionnés. En l'occurrence pour un cluster de trois machines assurant la métrologie temps réel du réseau software-defined de l'université. « Avec cette approche, nous parvenions à un tarif d'environ un tiers du prix du neuf. Et, en coûts de maintenance également, cette option s'avérait plus intéressante », souligne Quentin Patou. Le cas d'usage est particulièrement bien adapté au reconditionné, l'infrastructure réseau n'étant pas appelée à évoluer énormément à horizon 6 ou 7 ans et l'application de monitoring ne demandant pas un niveau de performances extrême. Avec l'appui de son tiers mainteneur, Evernex, l'Institut prend toutefois la précaution de remplacer les SSD des machines et de sélectionner des modèles associés à un gros parc de pièces détachés. « Contrairement à la maintenance constructeur, les tarifs du tiers mainteneur sont stables. Qui plus est, ce sont dans les deux cas les mêmes techniciens qui interviennent ! », reprend le responsable, qui parle d'une facture la facture divisée à minima par deux sur le volet maintenance matérielle.
Se soustraire à l'obsolescence programmée des constructeurs
Depuis ce galop d'essai, l'Institut a trouvé de nouvelles équations où le recours aux serveurs reconditionnés se justifie. Notamment pour son nouveau site d'Issy-les-Moulineaux, en région parisienne, où l'Institut accueille des étudiants depuis septembre (800 à 1200 sont prévus). « Notre prestataire de vidéosurveillance nous proposait un serveur pour héberger cette application, au prix catalogue du constructeur, raconte Quentin Patou. Pour cette application peu gourmande en CPU et en Ram, j'ai proposé une alternative plus puissante en reconditionné, associée à une maintenance sur site non limitée. » Résultat : un tarif divisé par quatre, passant de 12 000 à 3 000 euros. Une option accueillie positivement par les moyens généraux de l'Université. Le serveur en question est en production depuis environ un an.
Quentin Patou, directeur du développement numérique : « sur les architectures virtualisées, le reconditionné est une option hyper-intéressante. » (Photo : D.R.)
Pour le DSI, le reconditionné revient à « ajouter des briques matérielles maîtrisées sur des environnements qui ne nécessitent pas des technologies forcément les plus récentes, puis de les faire vivre dans le temps sans remise en cause programmée. » A ses yeux, le fait d'opter pour un tiers-mainteneur comme Evernex permet non seulement d'unifier l'approche contractuelle de la maintenance sur les différents socles matériels, mais aussi de s'abstraire de la pression des constructeurs, qui vont pousser au renouvellement des plateformes plutôt qu'à leur maintien dans le temps aussi longtemps qu'elles couvrent le besoin.
Etendre la durée de vie des infrastructures virtualisées
Ces premières expériences poussent aujourd'hui le directeur du développement numérique à réfléchir à l'extension des usages du reconditionné. D'autant que le retour d'expérience est rassurant quant à la fiabilité du matériel : « les serveurs sont testés avant déballage et garantis un an par Evernex. Depuis leur mise en production, les matériels reconditionnés que nous exploitons n'ont occasionné que deux pannes : l'une affectant une batterie protégeant le cache du Raid, l'autre touchant un disque dur ». Sans impact sur la production. Ce qui, pour le responsable, fait du reconditionné une option pour prolonger la durée de vie de son infrastructure de production. « En 2025, celle-ci aura 5 ans. Or, les architectures virtualisées ont souvent des besoins croissants en mémoire. Dans cette configuration, le reconditionné est une option hyper-intéressante », assure Quentin Patou.
S'appuyer sur la politique RSE
D'abord parce qu'elle permet, en rajoutant de l'ordre de 1,5 To de Ram au cluster, de prolonger sa durée de vie, donc de repousser une coûteuse migration. D'autre part, opter pour du reconditionné pour faire grossir le cluster permet d'accéder à des machines de même génération que celles déjà en place. « L'intégration est donc plus simple, car les machines seront conformes au reste de la ferme », note le responsable de l'Institut.
Souvent encore considéré avec suspicion par de nombreuses entreprises, le recours aux serveurs reconditionnés a été bien accepté au sein de l'établissement universitaire accueillant environ 15 000 étudiants. « Il faut trouver le cas d'usage qui fait sens », souligne le directeur du développement numérique, ajoutant que la politique RSE est un point d'appui plus important pour convaincre en interne que le seul aspect relatif à la baisse des coûts. D'autant que le matériel n'est, la plupart du temps, qu'une composante minoritaire des coûts d'une DSI, loin derrière le budget RH ou les licences logicielles.
Bravo pour ce choix pertinent. Parfois de belles machines (je pense à un Dell R820 à 4 processeurs) sont réformées à cause du prix de l'électricité en DataCenter. Quand on achète du neuf, il faut absolument passer au NVMe sinon cela n'a pas grand intérêt de rester en SAS ou SATA.
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