A l'occasion de la publication d'un livre blanc (Planning AI and Adjusting to Resulting Disruptive Change, IFS, Novembre 2019), l'éditeur IFS a voulu connaître la perception qu'ont les décideurs métier sur les impacts des technologies d'IA dans leur domaine. Au total, 600 décideurs métier ont été interrogés dans une dizaine de pays, avec des responsabilités en matière de choix technologiques : systèmes ERP, applications de gestion des actifs ou encore logiciels de gestion de flottes. Près de 90% des répondants ont indiqué avoir des projets impliquant de l'intelligence artificielle, toutes technologies confondues : IA basée sur des règles, machine learning, Robotisation des processus (RPA), traitement naturel du langage (NLP) ou encore services cognitifs.
Le domaine le plus représenté pour ces projets est l'automatisation industrielle, mentionnée par près de 45% de décideurs, suivi par le CRM et les processus de logistique et de prévision des stocks, tous deux évoqués par près de 39% des sondés. La planification de la production et la planification des services arrivent légèrement en deçà.
Plus de 60% des répondants estiment que l'usage de l'IA va augmenter la productivité des collaborateurs. Un peu moins de la moitié (47,9%) pensent quant à eux que ces technologies vont les aider à intégrer davantage de valeur dans les produits et services proposés aux clients. Moins d'un répondant sur cinq (18%) envisage d'utiliser l'IA pour remplacer des employés.
Des décideurs qui sous-estiment l'impact de l'IA sur l'emploi
Globalement, les décideurs s'attendent plutôt à une hausse du nombre d'emplois grâce à ces technologies, une vision paradoxale étant donnée les gains attendus en termes de productivité. En effet, 29% seulement des sondés s'attendent à voir le nombre de postes dans leur secteur diminuer au cours des dix années qui viennent, contre 35,7% qui prévoient une augmentation et 24,5% qui estiment que le volume d'emplois va rester stable. L'étude montre cependant que dans les grands groupes (chiffre d'affaire annuel supérieur à 5 milliards de dollars US), la proportion des sondés s'attendant à voir une baisse des postes est plus importante, atteignant 39%.
Dans le cas où la généralisation de l'IA entraînerait une baisse des emplois disponibles, une petite majorité (56%) des répondants pensent que des programmes d'éducation adaptés sont la meilleure façon d'atténuer cet impact, notamment en formant les employés à utiliser l'IA pour augmenter leur productivité individuelle. Environ 23% estiment que le marché créera d'autres emplois pour les personnes remplacées par l'IA, et une petite proportion préconise de réduire la durée hebdomadaire du travail à 30 heures. Enfin, 6% des décideurs ont évoqué la piste d'un revenu universel minimum pour pallier les conséquences de l'automatisation sur le marché de l'emploi.
Miser sur l'innovation
Enfin, parmi les différentes technologies, si près de 80% des décideurs sont familiers avec les concepts d'IA basée sur des règles ou le machine learning, le NLP et les services cognitifs sont globalement moins connus (respectivement 67% et 65% des sondés indiquent avoir une certaine compréhension).
« Vous pouvez obtenir une hausse de la productivité sans réduire le nombre de postes, en particulier si vous utilisez l'IA pour augmenter les capacités des collaborateurs plutôt que pour les remplacer. Mais vous devez vraiment bien vous y prendre », avertit Bob de Caux, vice-président chargé de l'IA et de la RPA chez IFS. « Dans certains secteurs et pour certaines catégories de produits, la productivité s'exprime moins en nombre d'unités vendues qu'en vitesse de mise sur le marché, dans le nombre d'itérations et d'améliorations apportées sur le design, et dans la capacité à apporter aux clients les technologies actuelles plus rapidement. Si la consommation de produits peut plafonner au-delà d'un certain seuil, la consommation de technologies, de fonctionnalités et d'innovation est sans doute moins contrainte ».
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