Imbattable au bridge, l'IA de la start-up française Nukkai va-t-elle aussi l'être sur le terrain militaire ? Présentée à la DGA par Thales, celle-ci va être utilisée dans le cadre d'un prochain war game en octobre 2023 sous l'égide de l'OTAN. A l'occasion de cette simulation militaire, cette solution IA sera déployée au centre de commandement interarmées de Maastricht avec pour objectif de mesurer ses performances et au passage les comparer avec celles d d'une équipe humaine. « Une opération terre, air, mer et cyber sera menée dans laquelle on va déployer un shadow HQ », a expliqué lors d'un point presse Eddy Verstraete, directeur digital et innovation activités systèmes terrestres et aériens de Thales. Nukkai servira à éclairer la prise de décision opérationnelle consistant par exemple où placer des hommes et du matériel, comment se déployer, tirer sur telle ou telle cible... « On est suffisamment avancé en termes de maturité pour considérer le système comme potentiellement utilisable et le mettre en exercice de war game », avance David Sadek vice-président recherche, technologie et innovation chez Thales.
Pour Thales, Nukkai a pour objectif d'apporter en environnement de centre de commandement et de contrôle un soutien à l'analyse et la fusion d'informations multicanales et multisources. Cela concerne aussi bien les liaisons de données tactiques temps réel des logiciels de commandes et de contrôle temps réel que des tableaux de données structurées, des textes mais aussi des réseaux sociaux. « On pourra prendre en compte demain la voix qui sera numérisée avec du traitement de langage naturel », fait savoir Eddy Verstraete. Dans le cadre de ce projet, Thales se laissera toutefois le temps de la réflexion suite au bilan qui sera effectué concernant l'efficacité de Nukkai pour cet exercice. « Il y a une option d'abandon », confirme Eddy Verstraete. « On est maître du déploiement, on pourra aussi le retoucher mais on est convaincu de cet outil, sous une forme ou une autre ».
Toujours un humain derrière l'IA
Les algorithmes développés par Nukkai seront intégrés au système du centre de commandement et un gros travail sera fait également en termes d'interface homme machine. « Là où il fallait un mois avec 1 000 analystes pour planifier une opération, il n'y aura plus besoin que de quelques dizaines pour le faire dans un temps significativement inférieur », fait savoir David Sadek. Faut-il y voir à plus longue échéance une substitution complète de l'humain par l'IA ? Rien n'est moins sûr : « Il y aura toujours un humain dans la boucle », tient à rassurer David Sadek.
Le futur ne sera donc pas sans humain, mais avec moins. Ce qui, au regard de l'explosion du volume des sources à analyser (disparates, volumineuses, obfusquées...), constitue toutefois une performance. « La grande orientation c'est d'aller vers l'IA hybride », avance Eddy Verstraete, avec pour objectif de marier le meilleur des deux mondes : « Nous aurons la capacité à trouver de nouvelles règles d'explicabilité et des patterns à injecter dans une base de connaissances alimentées par l'humain pour enrichir l'algorithme ».
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