La percée considérable des infrastructures hyperconvergées (HCI) dans les environnements d'entreprise a incité les fournisseurs à proposer de nouveaux cas d'usage et de nouvelles possibilités de consommation, notamment une nouvelle option de déploiement d'infrastructure hyperconvergée en tant que service (HCI as a service, HCIaaS). Une infrastructure hyperconvergée classique rassemble des serveurs, du stockage et des ressources réseau dans un seul boîtier, l'idée étant de simplifier et de centraliser la gestion du datacenter pour les adoptants. La HCI en tant que service (HCIaaS) permet toujours aux opérateurs de datacenters d'utiliser une infrastructure hyperconvergée, mais en promettant de réduire leurs frais opérationnels et financiers. « Plusieurs fournisseurs de HCI, dont VMware, Nutanix, Dell et HPE, proposent une option de service managé qui permet aux entreprises de transformer leurs dépenses d'investissement et leurs investissements uniques en dépenses d'exploitation », a expliqué Naveen Chhabra, analyste senior du cabinet Forrester Research. « Le plus souvent, le fournisseur gère également les opérations quotidiennes de l'infrastructure HCI », a-t-il ajouté.
« Quand une entreprise acquiert une infrastructure hyperconvergée conventionnelle, elle cherche essentiellement à acheter ou à louer un hardware et à disposer d'une licence pour le logiciel qui le fait fonctionner », a expliqué pour sa part Fred Chagnon, directeur principal de la recherche, spécialisé dans les fournisseurs de services IT, pour le cabinet de recherche Info-Tech Research Group. « Le HCI en tant que service (HCIaaS) combine l'offre HCI classique avec un modèle d'engagement externalisé, ce qui permet à l'entreprise de se procurer l'infrastructure nécessaire, et de la faire installer et exploiter par un seul fournisseur », a-t-il ajouté. « Auparavant, quand une entreprise n'avait pas les compétences nécessaires pour exploiter la pile HCI, elle pouvait sous-traiter l'opération à un fournisseur de services IT externe qui proposait cette capacité en tant que service », a encore expliqué M. Chagnon. Les fournisseurs de HCIaaS proposent désormais d'acquérir l'infrastructure nécessaire et de la faire installer et exploiter par un seul fournisseur.
Concentration de capacités
« Si l'on s'entend sur le fait que le HCI consiste à regrouper dans un noeud d'infrastructure unique des composants traditionnels de serveur, de réseau et de stockage, on peut dire que le HCIaaS change simplement la façon d'acquérir ce concentré de capacités », a-t-il ajouté. En substance, la HCI en tant que service évite aux entreprises de fournir, gérer et dépanner leur infrastructure de datacenter. « Elles n'ont plus besoin de gérer des serveurs, des réseaux, etc. », a déclaré Rajiv Mirani, directeur technique de Nutanix. « En contrepartie, les équipes IT peuvent passer plus de temps à affiner leurs politiques HCI afin d'optimiser la livraison de leurs applications », a-t-il ajouté.
« Le HCI en tant que service (HCIaaS) peut être déployée sur site ou dans un cloud public », a déclaré Amr Ahmed, directeur général, conseil en IT et transformation technologique, chez Ernst & Young (EY). « Grâce à la simplification du déploiement, à la facilité de gestion et d'administration, on peut profiter beaucoup plus vite des bénéfices réels de la HCIaaS sur site que ne le permet une infrastructure hyperconvergée sur site conventionnelle », a-t-il ajouté. Dans le cas de la HCIaaS sur site, le fournisseur de cloud prend en charge toute l'administration via ses capacités internes d'automatisation et d'orchestration, si bien que toutes les tâches d'administration sont exécutées de manière invisible en arrière-plan. « Le déploiement de HCIaaS dans le cloud public offre une certaine souplesse, une extensibilité pratiquement illimitée et une mise production beaucoup plus rapide », a encore expliqué M. Ahmed. « De plus, un déploiement de HCIaaS basé sur un hardware sur site, exécuté dans un cloud privé, permet généralement une bien meilleure réactivité entre l'appareil et l'utilisateur et une meilleure expérience utilisateur, même si la mise à l'échelle peut être plus limitée », a-t-il nuancé.
Une console unique pour contrôler tous les composants
« Le HCI supporte déjà un grand nombre de fonctionnalités offertes par les fournisseurs de cloud, comme la multi-location et le contrôle d'accès approfondi, une mesure de sécurité qui empêche les utilisateurs de manipuler ou d'accéder à des données provenant de dispositifs publics, inconnus et non autorisés », a expliqué David Linthicum, responsable de la stratégie cloud chez Deloitte Consulting. Le HCIaaS s'appuie sur cette base. « En général, une console centralisée permet de contrôler tous les composants, et est accessible comme un service », a-t-il ajouté. « Dans le cas d'un HCI dans le cloud, les composants fonctionnent étroitement entre eux grâce au logiciel, et l'infrastructure étroitement couplée est capable de supprimer une grande partie de la latence, ce qui permet, de façon générale, d'accélérer le fonctionnement des systèmes ».
Un hyperviseur, également fourni sous forme de service, permet aux utilisateurs d'exécuter plusieurs machines virtuelles, si bien que les VM sont relativement faciles à déployer pour de nouvelles applications et configurations, au rythme des exigences qui évoluent avec le temps. « De plus, les clusters multi-noeuds offrent la redondance nécessaire pour supprimer les temps d'arrêt, et le stockage défini par logiciel évite toute perte de données quand les disques et/ou les noeuds tombent en panne », a encore expliqué M. Linthicum. Enfin, dans la mesure où le HCI est une technologie modulaire, les adoptants peuvent faire évoluer leur infrastructure pour ajouter des ressources de calcul, de mémoire et de stockage à mesure que leurs besoins augmentent. « Il ne faut pas oublier que tout cela se passe dans le cloud », a-t-il ajouté. Comme tout service basé sur le cloud, la consommation de HCIaaS est généralement facturée sur la base d'un abonnement. La gestion et la maintenance des appareils sont prises en charge par le fournisseur. « Les clients ne paient que ce qu'ils utilisent, y compris la mémoire vive, le CPU et le stockage », a expliqué Amr Ahmed, le directeur général de EY. « Le modèle du cloud permet une tarification assez flexible de la HCI, sur une base horaire ou mensuelle », a-t-il ajouté.
Les avantages du HCI en tant que service
L'un des principaux attraits du HCIaaS, c'est que les adoptants ne sont pas obligés d'acheter du matériel ou des logiciels. « Cela permet de tirer parti de tous les avantages liés à l'adoption du cloud : les ressources à la demande, l'évolutivité, une meilleure efficacité et plus d'agilité », a fait valoir M. Linthicum. « Le but est d'économiser de l'argent, de permettre à l'entreprise d'évoluer et de se développer, et de confier l'exploitation et la maintenance à d'autres acteurs ». Ce modèle peut convenir à des entreprises qui recherchent les avantages opérationnels du cloud public, en particulier une infrastructure rapidement élastique, et les avantages inhérents à l'exploitation de ressources mutualisées. « Ces entreprises apprécient également le fait que, dans le cloud public, elles n'ont pas à gérer l'infrastructure, puisque cette charge incombe au fournisseur de services cloud », a encore déclaré Fred Chagnon, le directeur principal de la recherche chez Info-Tech Research Group.
Dans le cas du HCI en tant que service (HCIaaS) sur site, les fournisseurs positionnent leurs solutions comme une « infrastructure de cloud privé fournie en tant que service », a ajouté M. Chagnon. « Avec une HCIaaS, les clients bénéficient de tous les avantages du cloud public dans une boîte gérée pour leur compte dans leur propre datacenter », a-t-il encore déclaré. Amr Ahmed mentionne d'autres avantages importants, comme le déploiement rapide sur tous les sites d'hébergement et une capacité de gestion multi-cloud intégrée. « Les adoptants disposent d'un large choix en termes de tarification, peuvent gagner du temps dans les builds grâce à l'automatisation et à la standardisation, et peuvent se mettre à l'échelle en fonction des besoins métiers spécifiques de l'entreprise et du site, en ajoutant ou en supprimant simplement des noeuds », a encore ajouté M. Ahmed.
Attention aux pièges de l'externalisation
Outre ses nombreux avantages potentiels, le HCIaaS présente également quelques inconvénients notables, en particulier un taux d'échec élevé résultant de l'externalisation des infrastructures. « Nos recherches sur le marché de l'externalisation des infrastructures ont montré que, souvent, près de la moitié - 47 % - de l'ensemble des clients qui externalisent leurs opérations d'infrastructure chez un partenaire ne réalisent pas la pleine valeur de cet engagement au cours de la première année », a rappelé M. Chagnon. « Le manque de diligence raisonnable avant l'engagement est l'une des principales raisons expliquant ces économies insuffisantes », a-t-il ajouté. « Quoi qu'il en soit, ces engagements sont lourds et compliqués, et ils ne sont généralement pas aussi spectaculaires que ce qui est annoncé », a encore déclaré M. Chagnon. « Le HCIaaS peut ne pas se montrer à la hauteur des attentes quand les tâches reposent sur un contrôle physique, si, par exemple, un mandat de conformité impose le stockage des données sur site », fait remarquer M. Linthicum. « De plus, l'adoptant est tributaire du fournisseur de le HCI pour la maintenance du système et sa disponibilité opérationnelle », a-t-il ajouté. « S'il ne peut pas fournir le service attendu, l'adoptant est alors à sa merci, ou il doit payer les coûts de migration pour retourner sur site ou aller chez un autre fournisseur de HCI ».
Naveen Chhabra met en garde contre les pactes de service unilatéraux qui peuvent également réduire considérablement la valeur et l'attrait global de le HCI en tant que service. « Le matériel et les services ne sont pas disponibles au moment où l'entreprise veut les consommer », a déclaré M. Chhabra. Généralement, le client est lié par un contrat à durée déterminée avec son fournisseur de services. « Les entreprises pensent qu'elles peuvent sortir du contrat à tout moment comme elles le feraient dans le cloud public, mais ce n'est pas aussi simple, ni aussi facile dans un déploiement privé sur site », a mis en garde M. Chhabra. Le modèle « as-a-service » ne dispense pas non plus les entreprises de la nécessité de développer une stratégie globale de datacenter. « Les entreprises doivent toujours prévoir l'applicabilité de la technologie pour leurs cas d'usage métiers », a encore expliqué M. Chhabra. « Les entreprises doivent également prévoir des extensions de capacité, et elles doivent s'impliquer davantage dans ces décisions et ces opérations », a-t-il ajouté.
Cas d'usages du HCIaaS
Le HCI en tant que service (HCIaaS) peut être particulièrement intéressante pour les entreprises qui auraient envie de tirer parti du cloud mais qui ne peuvent actuellement pas utiliser de cloud public soit à cause de la résidence des données soit de leurs exigences minimales en matière de latence. « Beaucoup d'entreprises n'ont pas non plus les compétences techniques nécessaires pour gérer et exploiter leur propre cloud privé », a déclaré M. Chagnon. A peu près toutes les tâches compatibles avec un déploiement HCI sur site sont potentiellement adaptées à le HCIaaS. « Toutes les tâches qui demandent beaucoup de performance et doivent éviter la latence sont éligibles, comme les systèmes bancaires, le traitement et l'analyse des données, le traitement des transactions, et même l'apprentissage machine et l'IA », a affirmé M. Linthicum. « Les déploiements d'infrastructures de bureaux virtuels (VDI), et les services de cloud privé/hybride et de localisation à la périphérie/à distance sont d'autres cas d'usages possibles », a complété M. Ahmed. « Nos clients utilisent beaucoup le HCIaaS pour renforcer leurs capacités, consolider leurs datacenters, pour la reprise après sinistre, le développement d'applications et la livraison de postes de travail VDI », a aussi déclaré Rajiv Mirani, le directeur technique de Nutanix.
L'avenir prometteur du HCI basée sur le cloud
L'avenir immédiat du HCIaaS semble tout, sauf nuageux. « Nous pensons que, demain, de plus en plus de clients adopteront un modèle par abonnement, car il leur permettra d'être flexibles, de ne payer que ce qu'ils utilisent et de réduire potentiellement les coûts en matériel, exactement comme dans un modèle de cloud public », a déclaré M. Ahmed. L'infrastructure hyperconvergée basée sur le cloud va devenir l'une des solutions privilégiées des entreprises, car elle leur permettra de sortir de l'activité des datacenters et d'améliorer leurs coûts d'exploitation, leur agilité et leurs délais de mise sur le marché », a ajouté le directeur général, conseil en IT et transformation technologique, de EY.
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