Dans un futur proche, la rente des opérateurs mobiles ne proviendra plus des communications téléphoniques et de la messagerie. Leurs ressources viendront essentiellement des voitures, des maisons, des villes et des industries connectées. Mais ces opportunités d’affaires sont aussi un gros défi pour les opérateurs. En effet, selon Machina Research, l’augmentation du trafic des communications M2M (machine to machine), en particulier avec les voitures connectées, est un casse-tête pour les opérateurs mobiles. Et les motifs de préoccupation sont nombreux. En particulier en ce qui concerne l’augmentation rapide du nombre de véhicules connectés : en 2019, celui-ci devrait dépasser les 500 millions pour atteindre 1 milliard en 2023. C’est dire que ces connexions représenteront plus de la moitié de toutes les connexions Machine to Machine transitant sur les réseaux cellulaires.
« Les voitures connectées vont consommer beaucoup de données, notamment avec les systèmes de divertissement embarqués et les systèmes de navigation connectés », a déclaré Matt Hatton, directeur de Machina Research. Et selon lui, ce surcroît de trafic pourrait très bien provoquer un blocage du réseau. Autrement dit, les enfants ne pourront plus regarder de films en ligne pendant leurs trajets et les systèmes de navigation ne permettront plus d'afficher l’itinéraire alternatif attendu. De plus, du fait des variations imprévisibles de la circulation automobile dans le monde réel, il sera difficile de savoir à l’avance quand et à quels endroits auront lieu ces grosses fluctuations dans la transmission des données sur les réseaux. « Pour y faire face, les opérateurs doivent disposer d’outils de planification plus sophistiqués et il doivent améliorer la capacité des réseaux à s’adapter à ces variations », a déclaré Machina.
Les small cells vont se multiplier dans les villes
Autre contrainte : cette régulation doit se faire dans le respect de la réglementation sur la neutralité des réseaux. Selon Machina, de nouvelles règlementations pourraient poser problème si elles limitent la façon dont les opérateurs mobiles gèrent la hiérarchie de la circulation des données M2M sur leurs réseaux. Mais d’autres applications mettent aussi une certaine pression sur les réseaux mobiles. C’est le cas par exemple de certaines applications destinées au monde agricole qui augmentent les besoins d’une couverture réseau de bonne qualité et des applications de santé qui exigent de disposer de connexions fiables pour répondre à des situations critiques.
L'industrie des télécommunications commence à prendre conscience que les réseaux mobiles doivent changer pour rester efficaces. Les opérateurs ont réduit la taille des stations relais avec les small cells pour faciliter leur installation, ce qui devrait contribuer à améliorer la couverture réseau. Une version 5G de la technologie LTE, plus adaptée aux échanges M2M, et dont les principaux objectifs sont de réduire la latence et d’augmenter la fiabilité, est également en cours d'élaboration. Selon Matt Hatton, si les opérateurs mobiles ne prennent pas au sérieux les défis que représentent les technologies M2M, ils risquent d’accuser un violent effet en retour : « soit ils seront dans l’incapacité de profiter des nouvelles opportunités commerciales, soit ils devront affronter la colère des utilisateurs qui pâtiront de la surcharge des réseaux ».
La colère des utilisateurs ? Les opérateurs s'en moquent bien et y voient dès aujourd'hui une occasion de faire plus de chiffre d'affaire en proposant des options de trafic prioritaire.
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