Le réseau social est sous le feu des projecteurs depuis son rachat par Elon Musk. Après une vague de départs et de licenciements dans les différentes branches de Twitter, le réseau continue de faire le ménage et ferme son bureau bruxellois. Comme le rapporte le Financial Times, ce bureau a fortement contribué à la mise en conformité du réseau au code de désinformation de l'Union européenne. Julia Mozer et Dario La Nasa, tous deux responsables de la politique numérique européenne chez Twitter ont effet claqué la porte après avoir reçu le courriel d’Elon Musk appelant les salariés de Twitter à partir ou rester en travaillant « extrêmement dur » et que « seules des performances exceptionnelles constitueraient une note de passage ». Force est de constater que la philosophie de travail et le management du milliardaire ne passent pas.
Initié au début du mois de novembre ce plan de licenciements a amené 3 700 personnes dans le monde à quitter brutalement l’entreprise selon le site layoffs qui répertorie les suppressions de postes dans l’IT. Les équipes de Twitter s’amenuisent ainsi de jour en jour. Le Financial Times indique que les départs d'employés ont touché différentes activités comme les responsables en charge des affaires publiques et juridiques. La division « confiance et sécurité », qui est responsable de l'élaboration des politiques de modération du contenu de l'entreprise, serait également impactée. Parmi les salariés qui ont quitté l'entreprise figureraient des cadres en France, en Irlande et à Singapour. Une initiative a même été lancée pour aider les personnes ayant dû quitter le réseau social ; un document baptisé « un répertoire des talents de l'équipe Tweeps » met en relation les personnes licenciées et les recruteurs potentiellement intéressés par ces profils.
Twitter coupe les ponts avec les régulateurs européens
Bien sûr, l’annonce de la fermeture du bureau bruxellois n’a rien d’anodin. Comme le rapporte le Wall Street Journal, l’Arcep a indiqué qu'elle avait envoyé une lettre vendredi dernier pour demander à Twitter d'expliquer d'ici à cette semaine s'il dispose d'un personnel suffisant pour modérer les discours haineux jugés illégaux au regard de la législation française - en vertu de laquelle Twitter pourrait faire l'objet d'ordonnances judiciaires et d'amendes. De son côté, la Commission irlandaise de protection des données a demandé à la firme d'Elon Musk de préciser s'il peut encore se conformer au RGPD. Twitter aurait répondu par l'affirmative au régulateur irlandais dans une déclaration publiée la semaine dernière. Ce dernier précise toutefois qu’il examine toujours l'impact des départs de personnel. Il a déclaré que Twitter avait nommé un responsable de la protection des données par intérim, une obligation en vertu du RGPD, après le départ de Damien Kieran, qui avait occupé ce poste mais est parti peu de temps après la première série de suppressions de postes.
Dans le même temps, Elon Musk a annoncé (après avoir réalisé un sondage) le rétablissement de comptes suspendus sur Twitter – celui de Donald Trump faisant évidemment partie du lot – montrant l’étendue de son pouvoir sur la plateforme. Toutefois, reste qu’avec la mise en conformité des plateformes au règlement européen sur les services numériques (DSA), se séparer de ses équipes chargées de ce travail est malvenu. En effet, le DSA sera applicable en février 2024, sauf pour les très grandes plateformes en ligne et les très grands moteurs de recherche qui seront concernés dès 2023, et cela inclut bien évidemment Twitter. Ce malheureux hasard, couplé au retour de certains comptes suspendus a de quoi faire douter. L’Europe surveille donc de près les manœuvres d’Elon Musk depuis son rachat de Twitter pour la modique somme de 44 milliards de dollars, et aucun écart ne sera permis.
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