Et si le pays d'Europe le plus efficace dans le domaine IT était Malte, cette petite île de 400 000 habitants ? En réalité, tout dépend des indicateurs utilisés. Exportation de technologie, innovation, dépenses en R&D ou développement du haut débit, chaque domaine apporte une réponse différente. Les pays scandinaves excellent dans les télécoms, l'Allemagne dans les brevets, et d'autres dans l'exportation de technologie. Malte, membre de l'UE depuis mai 2004, tire une plus grande part de ses revenus du secteur IT que les autres pays européens, selon Eurostat, le service de statistiques de la Commission européenne. Les biens et services IT représentaient ainsi 55,9 % des exportations maltaises en 2004. En Irlande, où le gouvernement a déployé nombre d'efforts pour attirer des fabricants pan-européens, des distributeurs et des services à destination des fabricants IT - dont Apple, Dell et Intel -, la haute technologie ne représente que 29,1 % des exportations. En comparaison, les Etats-Unis tirent 27 % de leurs revenus à l'exportation du secteur IT, et le Japon 22,8 %. Au Royaume-Uni ce taux s'élève à 22,7 %, 20 % en France et 14,8 % en Allemagne. La définition du high-tech retenue par Eurostat dépasse le simple champ de l'informatique : elle inclut également la fabrication de produits électroniques, pharmaceutiques, d'instrumentation médicale et aéronautique. Le secteur des services est en revanche presque exclusivement lié au IT : il comprend les activités relatives aux télécoms et à l'informatique, ainsi que la R&D. Malte ne compte que 290 fabricants IT. L'Italie en a plus de 34 600, ce qui fait d'elle le pays européen recelant le plus d'entreprises de haute technologie. Ce chiffre est deux fois plus élevé qu'en Allemagne et représente 6,3 % du nombre total d'entreprises sur le territoire. En dépit toutefois de ces dizaines de milliers d'entreprises, les sociétés IT italiennes sont plus petites et génèrent une valeur moyenne de production inférieure d'un tiers à celle rencontrée en Allemagne. L'Allemagne se distingue particulièrement dans la proportion de ses entreprises de fabrication oeuvrant dans le secteur IT. Sur les 196 702 fabricants allemands, 19,8 % se situaient dans le secteur public en 2002, soit bien plus que la moyenne européenne - 6,3 %. Curieusement, les entreprises de fabrication IT généraient un revenu annuel légèrement inférieur - en moyenne 6 ME par société - à celui de leurs homologues des secteurs de moindre technologie - 7ME. Les 11 866 fabricants IT du Royaume-Uni, soit 7,2 % de l'ensemble des entreprises, se montraient plus productives au cours de la même année, avec des revenus annuels moyens de 10 ME, contre 4 ME dans le secteur hors IT. Même constat en France : les 6,5 % d'entreprises de haute technologie généraient un revenu moyen de 9 ME, alors que le reste des sociétés de fabrication plafonnaient à 4 ME. R&D : objectif 3 % du PIB Les dépenses moyennes en R&D dans l'Union européenne atteignaient 1,9 % du PIB en 2004, contre 2,59 % aux Etats-Unis et 3,15 % au Japon. En Europe, 54 % de ces dépenses étaient financées par les entreprises, le reste par les gouvernements. Aux Etats-Unis, 63 % de la R&D étaient issus d'un financement des sociétés, un taux qui s'élevait à 75 % au Japon. La Commission européenne a fixé l'objectif de dépenses en R&D se hissant à 3 % du PIB à l'horizon 2010. Les Etats-membres sont-ils proches de ce but ? Pas de problème pour les pays scandinaves : la Finlande dépense 3,51 % de son PIB en R&D et voit cette dépense augmenter de 4 % annuellement. En suède, la R&D représente 3,74 du produit intérieur mais diminue de 2,1 % par an. Le pays remplit cependant largement l'objectif fixé par l'exécutif européen. Le budget R&D du Danemark s'élève à 2,63 % du PIB et croît de 4,3 % chaque année. En Allemagne, les dépenses en R&D sont proches de celles observées au Danemark : elles représentent 2,49 du produit intérieur brut mais se progressent que de 0,8 % annuellement. Une croissance insuffisante pour permettre à Berlin d'atteindre le seuil des 3 % en 2010. Plus délicate encore sera la tâche de la France : ses dépenses en R&D stagnent autour de 2,5 % du PIB, la moitié provenant de l'industrie. Paris entend toutefois augmenter la part du secteur privé dans ces dépenses à travers une série de mesures incitatives, notamment le label Carnot. Le Royaume-Uni n'a pas publié de chiffres pour 2004. Cependant, au cours des quelques années précédentes, ses dépenses en R&D demeuraient proches de la moyenne européenne, à 1,9 %, moins de la moitié provenant du secteur privé. Les Etats-Unis, principaux détenteurs de brevets en Europe Le nombre de brevets déposés annuellement s'avère un instrument pratique pour mesurer l'innovation. Il convient néanmoins de le nuancer en ce qui concerne l'Europe : la majorité des trouvailles est relative aux logiciels, or ceux-ci échappent à la brevetabilité comme l'a décidé le Parlement européen en juillet 2005. Au-delà des logiciels, les chercheurs parviennent toutefois à breveter de nombreuse inventions entrant dans le champ de l'informatique et des télécoms. Entre 2000 et 2004 le nombre de brevets accordés par le Bureau Européen des Brevets (EPO) a presque doublé, passant de 2 819 à 5 615. L'Allemagne, au cours de cette période, est le pays à avoir déposé le plus grand nombre de brevets IT - 741 - devant la France - 466 - la Finlande, le Royaume-Uni et la Suède. Mais dans le jeu européen des brevets, les acteurs du Vieux continent font figure de nains. En 2004, l'Epo a accordé 1 749 brevets IT à des postulants américains et 1 192 à des Japonais. Ces deux pays concentraient près des deux-tiers de l'ensemble des brevets décernés en 2000. si cette proportion a, depuis, diminué, Japon et Etats-Unis s'accaparaient encore, en 2005, la moitié des brevets en Europe.
L'Europe de la R&D : innovante mais à la traîne
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La Commission européenne, dans une étude principalement axée sur les dépenses en R&D des Etats-membres, dresse le portrait d'une Europe innovante, hétérogène et en retard sur les Etats-Unis.
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