Il y a presque un an le Chips Act était mis en œuvre au sein de l’Union européenne. L’ambition de ce texte était à travers plusieurs mesures de réduire la dépendance du vieux continent sur le marché des semi-conducteurs et de faire émerger des champions dans cette industrie. Des efforts louables, mais pas suffisants pour l’ESIA (association européenne de l’industrie des semi-conducteurs) comprenant des membres tels que Infineon, STMicroelectronics et NXP, ainsi que le principal producteur d'équipements ASML et des instituts de recherche comme l'imec, Fraunhofer et le CEA-Leti.
Dans une déclaration, l'organisation a souligné la nécessité d'adopter des politiques qui donnent la priorité à la compétitivité, afin de permettre au secteur de se développer et d'investir davantage en Europe. « L'adoption de l’actuel EU Chips Act a été un élément fondamental », a déclaré l'ESIA dans son communiqué. « Sa mise en œuvre et son développement ultérieur seront décisifs pour le succès de l'UE dans la course mondiale au leadership technologique. Pour ne pas que la dynamique ne s’essouffle pas, l'ESIA plaide en faveur d'un processus immédiat « Chips Act 2.0 ».
Défis du Chips Act
Le texte actuel vise à garantir 20 % du marché mondial des semi-conducteurs d'ici à 2030. Cependant, selon l'ESIA, pour atteindre cet objectif, il faudra accélérer le processus d'approbation des installations de fabrication « premières du genre ». Manish Rawat, analyste spécialisé dans les semi-conducteurs chez TechInsights, estime que toute nouvelle loi sur les puces devrait donner la priorité à la rationalisation des processus d'aide afin d'accélérer l'approbation et l’allocation. La simplification des procédures bureaucratiques et la fixation de délais clairs pour les décisions de financement pourraient contribuer à réduire les retards des projets.
« Deuxièmement, la loi devrait concentrer les investissements sur les créneaux où l'Europe possède un avantage concurrentiel, tels que les équipements de semi-conducteurs avancés et ceux à basse consommation », a avancé M. Rawat. « En concentrant ses ressources dans ces domaines, l'UE peut optimiser ses investissements et renforcer sa position sur le marché. Le renforcement des partenariats public-privé et l'incitation au développement de la supply chain locale sont également des étapes essentielles pour réduire la dépendance vis-à-vis des sources extérieures. Enfin, le « Chips Act 2.0 » devrait inclure des mécanismes de flexibilité et d'adaptabilité pour répondre rapidement aux changements de l'industrie et aux changements géopolitiques, garantissant que la stratégie de l'UE reste pertinente et efficace dans le paysage évolutif des semi-conducteurs », a ajouté l’analyste.
Surmonter les restrictions à l'exportation
Les restrictions commerciales imposées à des entreprises comme ASML pour les exportations vers la Chine, ont constitué un défi de taille. L'ESIA a préconisé une approche plus constructive, préférant des mesures d'incitation au protectionnisme. « En réduisant les ventes d'équipements de fabrication de semi-conducteurs avancés, les entreprises européennes risquent de perdre des sources de revenus substantielles, ce qui pourrait affaiblir la position de l'Europe en tant que leader dans cette industrie de haute technologie », a expliqué M. Rawat. « De plus, la réduction de la taille du marché pourrait entraîner un ralentissement des investissements dans la recherche et le développement, ce qui finirait par freiner l'innovation au sein de l'écosystème européen des semi-conducteurs », a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, ces restrictions pourraient déclencher des mesures de rétorsion de la part des pays concernés, ce qui risquerait de perturber les chaînes d'approvisionnement mondiales et d'entraîner une hausse des coûts opérationnels pour les entreprises européennes. « Pour atténuer ces risques, l'UE pourrait envisager de mettre en œuvre des restrictions ciblées qui autorisent la vente de certaines technologies tout en protégeant les avancées les plus sensibles », a ajouté M. Rawat. « Une autre approche pourrait consister à passer de mesures purement restrictives à des mesures d'incitation au développement de technologies sûres et exportables ».
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