La pénurie des talents est un fardeau qui commence à peser de plus en plus lourd sur les épaules des entreprises du secteur numérique. Les régions Bretagne et Pays de la Loire ne sont pas épargnées comme le montre une dernière enquête de l'observatoire régional des compétences numériques (ORCN) avec l'institut d'études et de sondages TMO, dirigée par l'ICAM, coordonnée et rédigée par ADN Ouest. Les résultats sont basés sur un total de 585 réponses d'entreprises et de fournisseurs collectées entre janvier et mars 2023, dont 294 par téléphone et 291 en ligne. Les répondants se répartissent entre Pays de la Loire (56 %) et la Bretagne (44 %).
En termes d'effectifs, le secteur du numérique représente 118 700 salariés en Pays de la Loire (7,2 % des emplois totaux de cette région) et 82 400 en Bretagne (5,9 % de l'ensemble des emplois). Entre 2021 et 2022, ces effectifs ressortent respectivement en hausse de 8 % et de 7 %. « Attractivité des métropoles dans l’Ouest, transition numérique et recherche permanente d’une meilleure efficience dans les entreprises expliquent en partie cette hausse », explique l'ORCN. Derrière cette progression, qui montre que l'écosystème du numérique se porte bien dans ces régions, se cache cependant un revers qui se traduit par une difficulté à recruter les talents.
Des employeurs qui doivent « ouvrir leurs chakras » pour répondre à leurs besoins de recrutement
A la question « Diriez-vous qu'il y a pénurie de ressources numériques sur votre territoire », 56 % des répondants en Pays de la Loire et en Bretagne ont répondu par l'affirmative, alors qu'ils étaient respectivement 37 % et 49 % à l'indiquer en 2021. « En 2022, le marché de l’emploi est toujours en forte tension. En Pays de la Loire et en Bretagne, l’économie du numérique n’a pas fléchi, accentuant les besoins en compétences numériques », observe l'étude. « Entre les besoins et le nombre de ressources disponibles, le compte n’y est pas : 25 % à 50 % des embauches n’auraient pas été réalisées faute de candidats. Un phénomène accentué par la poursuite à marche forcée de la digitalisation des entreprises, par le faible taux de chômage en Pays de la Loire et en Bretagne, ainsi que par la concurrence de start-ups parisiennes qui continuent, avec l’essor du télétravail, à recruter dans l’Ouest ».
Fin 2022 et début 2023, le contexte économique et l’inflation influencent par ailleurs les critères de choix pour les candidats à l'embauche dont le niveau de rémunération apparait majeur. De leur côté, les salariés en poste multiplient les actions pour revaloriser leurs salaires et en cas de déception, n'hésitent plus à aller voir ailleurs. « Les employeurs n’ont pas le choix que d’ouvrir leurs chakras : recours aux alternants, aux freelances, aux profils en reconversion et aux seniors, récompense de la cooptation, assouplissement du cadre travail, renfort de l’offre de formation continue… Les employeurs écoutent, observent, s’adaptent, innovent », peut-on lire dans l'étude.
Des prétentions salariales qui explosent
Concernant les motivations des candidats, arrivent en tête pour les entreprises utilisatrices les missions proposées (43 %), la marque employeur (21 %) et le niveau de rémunération (25 %), alors que pour les prestataires ce sont les locaux et la localisation qui arrivent en tête (41 %), devant la possibilité de télétravail partiel (39 %) et les pratiques managériales (37 %). « On sent que la baisse du pouvoir d’achat inquiète et la rémunération redevient le cœur du sujet depuis la mi-2022. Les prétentions salariales des jeunes diplômés explosent et sont équivalentes à des salaires parisiens ! On se doit de respecter une certaine équité et la cohérence, et cela nécessite parfois un peu de gymnastique », explique Céline Brunie, responsable recrutement chez Micropole.
Les besoins de recrutement des entreprises et des prestataires varient sensiblement selon les régions. Concernant les entreprises utilisatrices en Pays de la Loire, la plus grande part des recrutements aussi bien chez les entreprises utilisatrices que les prestataires concernent des fonctions d'exploitation, de production et de support, avec respectivement 39 % et 47 %. En revanche pour la Bretagne, arrive largement en tête les fonctions de conception, de développement et de R&D, à un même niveau élevé (53 %) tant pour les entreprises utilisatrices que pour les prestataires. Des chiffres élevés pris toutefois avec un certain recul par l'étude : « on observe certes une montée des demandes sur les fonctions supports / production, mais le doublement semble surestimé », a souligné Yvonnick Loidreau, consultant recrutement IT du cabinet de recrutement spécialisé Externatic.
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