La guerre est-elle déclaré entre Microsoft et ses principaux rivaux ? En choisissant nommément de les exclure de son vaste plan de changements des termes de ses licences logicielles pour faciliter leur création et exécution sur des services cloud tiers, la firme de Redmond a provoqué de sérieuses critiques de la part d'AWS et de Google en particulier. Ces derniers - Alibaba est tout aussi concerné - sont en effet identifiés en tant que « fournisseurs répertoriés » ne permettant ainsi pas à un client disposant déjà d'une Software Assurance ou d'une licence d'abonnement achetée ailleurs que chez eux , de faire tourner leurs solutions dans leurs infrastructures cloud... alors que cela sera possible chez Outscale, OVH, Scaleway...
« La promesse du cloud est une informatique flexible et élastique sans blocages contractuels. Les clients doivent pouvoir se déplacer librement entre les plates-formes et choisir la technologie qui leur convient le mieux, plutôt que celle qui convient le mieux à Microsoft », a sèchement taclé Marcus Jadotte, vice-président des affaires publiques de Google. « Nous exhortons tous les fournisseurs de cloud à éviter de verrouiller leurs clients et à rivaliser sur les mérites de leurs technologies ».
Des pratiques jugées nuisibles par AWS
Même son de cloche chez le principal fournisseur cloud mondial AWS : « Microsoft redouble désormais d'efforts sur les mêmes pratiques nuisibles en mettant en œuvre encore plus de restrictions dans une tentative déloyale de limiter la concurrence à laquelle elle est confrontée - plutôt que d'écouter ses clients et de restaurer des licences logicielles équitables dans le cloud pour tous », a déclaré un porte-parole des services cloud AWS dans un e-mail. Sentant le vent tourner, le vice-président senior des ventes et du marketing d'AWS, Matt Garman, avait déjà donné un avis tranché sur l'évolution des pratiques en matière de licences logicielles de son concurrent : « La réponse de Microsoft n’est pas de faire ce qui est bon pour les clients et de corriger sa politique afin que tous les clients puissent exécuter son logiciel sur le fournisseur de cloud qu’ils choisissent ; mais plutôt, sous prétexte de répondre aux besoins technologiques européens, proposer de sélectionner des fournisseurs de cloud pour lesquels il est moins compétitif et permettre à ses logiciels de fonctionner uniquement sur ces fournisseurs ».
Le temps de la naïve coopétition semble bel et bien révolu dans l'univers impitoyable du cloud, la guerre repart de plus belle et promet d'être saignante. Reste maintenant à savoir si Alibaba, AWS ou Google oseront maintenant plaider leur cause auprès de la Commission européenne... Sans surprise, les autres fournisseurs se réjouissent de l'annonce de Microsoft comme par exemple Cloud Temple : « face à la double injonction de transformation numérique et de sécurité des données, les entreprises veulent de la simplicité, avec des architectures cloud adaptées à chacun de leur besoin métier. Microsoft comprend à son tour que l’avenir des systèmes d’information des clients sera forcément hybridé, mêlant infrastructures on-premise, cloud public et cloud souverain. C’est l’esprit des nouvelles conditions d’externalisation qui entrent en vigueur. Elles dépoussièrent le cadre de la relation avec les opérateurs cloud et apportent de la souplesse pour migrer des applicatifs d’une infrastructure à l’autre, facilitant notamment la virtualisation des postes de travail. Enfin, les nouvelles conditions sont plus en phase avec la réalité des contrats que nous signons avec nos clients industriels, assortis d’engagements triennaux de stabilité des prix : avoir une visibilité à plus long terme sur le coût des licences est une excellente chose », a expluqué Sébastien Lescop, directeur général de Cloud Temple.
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